La troisième édition des Fashion Days s'est déroulée du 13 au 15 janvier à Marrakech. Haute couture et prêt-à-porter de luxe étaient les maîtres-mots de cette messe de la mode. La Fédération de la couture traditionnelle marocaine récidive. Cette association, crée en 2005, connaît presque le statu quo mais continue toujours d'organiser sa messe de la mode : les Fashion Days. L'évènement s'est déroulé sur trois jours, du 13 au 15 janvier à Marrakech. La première soirée a été consacrée à de jeunes stylistes dont certains n'ont pas manqué de séduire le public par leur audace et leur créativité. Parmi eux, Amine Mirshid, âgé d'à peine 22 ans. Ses lignes sont épurées et les tissus utilisés sont très nobles. De l'avis même de Najia Abadi, la présidente de la Fédération, « ce jeune styliste promet ». Khadija Lahjouji, l'épouse de Karim Rahal, l'un des héritiers de la marque du groupe Rahal, a dévoilé sa collection pour la première fois. Un certain classicisme caractérise son travail.Les jeunes stylistes ont ouvert le bal de cette édition et ont été suivis tout de suite après par le prêt-à-porter de luxe signé des mains d'un groupe de créateurs marocains. Le public s'attendait à apprécier la collection de Kenza Melehi, la sœur de l'artiste-peintre Mohamed Melehi, mais cette dernière n'est finalment pas montée sur le podium. La raison ? Un malentendu avec Gilles Tardieu, le chorégraphe et directeur artistique de la Fashion Days. C'est ce qu'a d'ailleurs confié Najia Abadi dans des propos au Soir échos. Hermès soutient SOS Village Durant le défilé de clôture des Fashion Days, des carrés Hermès ont été mis aux enchères. Un homme présent sur scène a surenchéri sur l'ensemble des foulards. Il a payé la somme de 13 000 dirams pour l'ensemble. Cette somme devrait être reversée à l'association SOS village d'enfants. Les deux caftans portés par Miss France, présidente d'honneur de cet événement, ont également été vendus au profit de l'association lors de la vente aux enchères du dimanche 15 janvier. Moments forts Mis à part quelques couacs concernant le respect du timing des défilés, la Fashion Days s'est en gros bien déroulée. L'un des moments forts de la cérémonie de clôture, c'était la montée sur scène d'une maman de SOS Village à Aït Ourrir qui a élevé 21 enfants. A ses côtés, sur le podium, il y avait cinq jeunes. « Cela fait 21 ans que je m'occuppe des enfants de SOS village et j'ai 21 enfants. J'ai marié une fille qui a déja deux enfants », dit-elle d'un ton très émouvant.Les recettes de la vente aux enchères de quelques tenues traditionnelles, dimanche 15 janvier, étaient destinées à être versées à SOS village. La Fédération a également programmé cinq hommages et celui de la mère de SOS était un hommage ambassadeur.Pour l'organisation générale de ces Fashion Days, d'un budget de trois millions de dirhams, la plupart des stylistes qui ont présenté leurs créations ont contribué à financer l'évènement.Cette information a été recoupée auprès de plusieurs stylistes présents. Non contente que l'information ait filtré, la présidente de la Fédération a quand même tenu à le confier lors de la conférence de presse au lendemain de l'inauguration des Fashion Days. « Nous n'avons rien à cacher. Plusieurs stylistes étaient prêts à donner de leur argent pour cet évènement. Il y en a qui ont donné 15 000 dirhams et d'autres 20 000 DH », confirme Najia Abadi. Concernant la question de la mode marocaine et de sa représentation, Fadela Berrada, doyenne de la Féderation dira que cette mode ne se résume pas seulement au caftan. « Au Maroc, il n'y pas que le caftan. La mode marocaine ne se résume pas qu'au caftan. C'est comme si on disait qu'au Maroc, il n'y a que le couscous », déclare-t-elle. Trois questions à Karim Tassi, Fashion designer Ressentez-vous le besoin de manifester une forme d'appartenance “ethnique” à travers vos créations ? Je n'irais pas jusqu'a dire que mes créations sont ethniques. La vérité, c'est que tout ce que je présente dans mon travail est symbolique. Lorsque je crée un seroual dans un esprit très militaire, la référence est symbolique. Je défends personnellement l'idée du vêtement qui rassemble tout le monde. Je conçois le vêtement luxueux come étant un basique que les gens porterait tous les jours, dans la rue, pour aller au travail. Certains stylistes considèrent la haute couture comme une oeuvre d'art avant d'être la création de vêtements. Qu'en pensez-vous ? Un créateur de mode est quelqu'un qui a un parti pris. Chaque designer le fait à sa façon. Il y en a qui se disent « je veux créer un vêtement qui sera diffusé et porté au quotidien » et il y en a qui veulent choquer, surprendre au plus haut degré et donc réaliser un vêtement conceptuel mais pas portable. Moi je me situerais plutôt dans la première catégorie. Quels sont, selon vous, les freins au développement de la mode au Maroc ? Nous avons d'excellents créateurs mais ils ne sont pas pris en charge par les industriels au Maroc. Il faudrait que les designers de mode puissent vendre leurs vêtements auprès des grandes marques. Il est inconcevable aujourd'hui qu'aucun créateur marocain ne soit représenté dans les grandes enseignes de la mode du pays. Chacun se bat pour avoir son propre magasin, mais cela reste des initiatives individuelles. Cela nécessite beaucoup de moyens.