Un musée berbère d'envergure fait ses premières armes au Maroc. D'une scénographie féérique et d'un foisonnement sans précédent, il siègera à vie au cœur du jardin Majorelle de Marrakech. Le musée berbère de Marrakech, inauguré samedi en présence Frédéric Mittérand, ministre français de la Culture et de la Communication, et de Pierre Bergé, président de la Fondation Pierre-Bergé et Yves-Saint-Laurent, est le premier musée berbère représentant toutes les régions du royaume. Jusqu'ici, le seul musée des arts berbères au Maroc était celui d'Agadir. De petite envergure, il abrite les joyaux de la région du Souss. Fibules Elisant domicile dans l'ancien atelier bleu de Jacques Majorelle, qui est également l'ex-enceinte du Musée d'art islamique, entièrement rénovée pour l'occasion, le musée de Marrakech a le mérite d'allier l'ancien et le contemporain. Il réunit des objets de vannerie, des coffres, des paniers de fibre végétale et des peignes destinés au tissage des tapis venus de l'Ouest du Sahara. Des coffres en bois incisés et peints de motifs géométriques, des outils tels des mortiers, des marteaux, des poignards, des quenouilles des théières de la vallée du Dadès y figurent également. Le musée berbère de Marrakech a été conçu Björn Dahlström. Les incontournables parures des femmes berbères y sont exposées, dont les fameux ornements à fibules, boucles d'oreilles et bracelets à carène venus du Souss et de la région de l'Anti-Atlas. Fascinante également la panoplie de tapis berbères déclinant un vocabulaire de signes propres à chaque région. Des vidéos et des photos concoctées par l'architecte et docteur en anthropologie Salima Naji, auteur du livre «Art et Architectures berbères au Maroc», montrent la typologie de l'architecture berbère (greniers collectifs et architectures sacrées tels que les mausolées, les mosquées et la zaouïa) ainsi qu'un zoom sur les procédés de construction des casbahs et des ksars. Le musée berbère de Marrakech a été conçu par le muséologue français Björn Dahlström. Sa scénographie est orchestrée par l'architecte français Christophe Martin, qui a réussi à en faire un espace intimiste, agréablement chaleureux, tout en restant didactique. Romain Simenel, ethnologue et chercheur français qui a vécu deux ans dans le sud du Maroc, rappelle : «Ce musée est vivant et accueillant, et a réussi à s'éloigner du côté d'un figé et froid dont se dote certains musées. Il abrite un vrai contenu scientifique, tout en s'assurant de la cohérence des pièces». Longue vie à ce nouveau sanctuaire.