De différentes tendances politiques, huit partis ont annoncé, mercredi à Rabat, la naissance d'une « Coalition pour la démocratie ». Sa mission se résume à faire des divergences politiques un atout social. Il ne s'agit pas de l'annonce d'un retrait du gouvernement comme l'ont laissé entendre des rumeurs. En fait, le président du RNI, Salaheddine Mezouar, est plus que jamais déterminé à préserver sa place mais aussi à consolider celle de son parti par la constitution d'une nouvelle force. Elle se fait appeler « Coalition pour la démocratie » et elle comprend un total de 8 partis : le RNI, l'UC, le PAM, le Parti travailliste, le Parti de la gauche verte, le Parti socialiste, le MP et Al Fadila. « Cette alliance reste ouverte à d'autres qui voudraient la rejoindre. Notre volonté est d'accompagner les mutations du Maroc, dépassant des égoïsmes partisans », déclare Mezouar. Et de préciser que cette alliance se limite à démontrer une « maturité politique dans sa diversité ». « C'est une opportunité nouvelle pour montrer que la spécificité marocaine a du sens », estime le président du RNI. Un courant porté sur la société, c'est à cela que compte aboutir cette Coalition. « Nous voulons sortir de la transition pour construire concrètement la démocratie, c'est ce que revendiquent d'ailleurs les Marocains dans la rue », souligne le secrétaire général du MP, Mohand Laenser. Aux yeux de Abdelkrim Benatiq, l'initiative émane d'un projet social courageux dont l'impact sera effectif au sein des institutions. Un terrain d'entente, en somme, où l'ensemble des membres de cette coalition laisseront de côté leurs intérêts politiques pour se focaliser sur un seul objectif : concrétiser le contenu de la nouvelle Constitution. « Il est essentiel, aujourd'hui, que les partis s'entraident pour donner vie à la nouvelle Constitution. Cette alliance n'est pas idéologique », affirme le secrétaire général de l'UC, Mohamed Abied. Cela ne veut pas dire que les alliances politiques seront dissoutes. « Les coalitions politiques au Maroc sont instables, elles vacillent entre force et faiblesse de chacune à ses propres tendances. La coalition des 5 partis de gauche n'est pas en contradiction avec ce projet », soutient le secrétaire général du parti socialiste, Abdelmajid Bouzoubaâ. « A l'heure actuelle, il est prématuré de parler de listes communes électorales ou d'un groupe parlementaire. Nous n'en sommes pas encore là. Nous voudrions simplement trouver le moyen d'inscrire le Maroc dans le club des pays démocratiques », indique le secrétaire général du Parti de la gauche verte, Mohamed Fares rappelant que son parti, dont la date de naissance remonte à un peu plus d'un an, ne peut prétendre couvrir que 20 ou 30% des circonscriptions. Le secrétaire général du PAM, Mohamed Cheikh Biadillah, lui, a tenu à prévenir d'ores et déjà que la naissance de la coalition n'est pas « un complot » contre qui que ce soit. « C'est une démarche qui consacre les valeurs et les principes d'abord. Elle n'a pas de prétention électorale. Nous voulons proposer un véritable projet aux citoyens. Grâce aux mesures qui seront bientôt prises, ce projet s'assurera productivité et longévité », assure-t-il. En clair, c'est un mouvement de société, propulsé par des politiques, qui creuse son chemin. Et parce qu'il n'y a pas de prétentions électorales, chaque parti dans la coalition devra conserver son indépendance et la souveraineté de ses organes de décisions. Les membres devront, selon le projet de base, s'efforcer de participer pleinement à la conception et à la mise en œuvre d'un ensemble de mécanismes flexibles rassemblant les différents points de vue et unifiant les différentes questions. La coalition compte, dans les jours qui viennent, structurer ses idées en une stratégie hors compétition électorale. Les défis sont énormes.