Un groupe de jeunes a attaqué le bâtiment de Laâyoune TV le 23 mai dernier au soir. Des cocktails Molotov ont atteint la façade des locaux. Mohamed Laghdaf, le directeur de la télévision, s'exprime sur le sujet. Laâyoune TV a été victime d'un acte de vandalisme lundi dernier. Pouvez-vous nous raconter ce qui s'est passé ? Vers le coup de 21 heures 30, un groupe de jeunes a jeté trois cocktails Molotov sur un fourgon cellulaire de la police, situé à l'entrée de la chaîne. Ce n'est pas la première fois que des jeunes s'amusent à jeter des cocktails Molotov sur la façade de nos locaux. C'est le quatrième incident du genre. A chaque anniversaire du Polisario, les jeunes le fêtent de cette manière, en s'attaquant à des bâtiments et des administrations publiques. Tous les 20 mai, c'est la même histoire. Cette année, ils ont laissé passer l'anniversaire et ont sévi trois jours plus tard, lorsqu'ils ont remarqué que la tension sécuritaire avait diminué. Mohamed Laghdaf Y a-t-il eu des dégâts au sein de la chaîne ? Non, heureusement. Le feu déclenché par les cocktails Molotov a vite été maîtrisé avec des extincteurs situés à proximité et tout est rapidement rentré dans l'ordre. Mais la police ne peut, chaque fois que ces jeunes agissent de la sorte, les arrêter et les jeter en prison. Sinon, la moitié de la population serait en détention ! Les journaliste ont été pris de panique. Avez-vous eu des demandes de démission suite à ces attaques répétées ? Oui, c'était la grande panique. Nous étions en pleine préparation du Journal télévisé et d'un coup, c'était l'agitation totale. Tout le monde avait peur que le feu ne se propage à l'intérieur des lieux. Je n'irai pas jusqu'à dire qu'il y a eu des démissions à cause de ces faits, mais une chose est sûre : le ras-le-bol est général. Les conditions de travail sont très difficiles. Les journalistes sont constamment insultés dans la rue, ils sont menacés, on leur dit qu'ils sont des traîtres. C'est insupportable. Lorsque les équipes sortent en reportage, ils sont obligés de banaliser leur voiture, ils ne faut pas qu'il y ait une trace de logo de la télévision. Les conditions de travail sont donc difficiles. Que faudrait-il faire pour affronter ces situations ? Le métier de journaliste est en soi difficile et peut s'avérer dangereux, pas seulement à Laâyoune mais dans tous les coins de la planète. Maintenant, c'est vrai que nous sommes situés dans un quartier particulièrement chaud de la ville. Il y a constamment des actes de vandalisme et des manifestations. Les locaux de la chaîne n'ont-ils pas besoin d'être davantage sécurisés ? Oui, la sécurité doit être renforcée. Nous avons posté des vigiles à l'entrée et suite aux récents événements de Gdim Izik, nous avons demandé à l'armée de veiller à notre sécurité. C'est pourquoi ce fourgon cellulaire a été installé aux portes de la télévision. Mais ce n'est apparemment pas suffisant. Les responsables de la SNRT à Rabat sont-ils au courant de la nécessité de renforcer la sécurité de la chaîne de Laâyoune ? Nous n'avons de cesse de réclamer le renforcement du mur de la chaîne, car en ce moment, n'importe qui peut l'enjamber. Il faudrait également installer des caméras de surveillance. C'est très important. Mais jusqu'à présent, nous n'avons obtenu aucune réponse. Nous attendons.