Tant redoutée il y a quelques mois, la Résolution 1979 du Conseil de sécurité sur le Sahara est un succès pour le Maroc. Le texte adopté à l'unanimité des Quinze a fait l'impasse de l'élargissement du mandat de la Minurso au contrôle des questions des droits de l'Homme au Sahara, en dépit des pressions de l'Afrique du Sud et du Nigeria, bien évidement acquis aux thèses du Polisario. A l'unisson les représentants de ces deux pays à l'Onu «ont plaidé en faveur de la création d'un mécanisme de protection des droits de l'Homme au Sahara occidental. Il est surprenant et anormal que de toutes les missions de maintien de la paix déployées en Afrique, la Minurso soit la seule à ne pas avoir dans son mandat des prérogatives qui lui donneraient la possibilité de veiller au respect des droits dans le territoire sahraoui», lit-on dans le préambule de la Résolution 1979. Les observations de ces diplomates africains n'ont pas eu l'effet escompté auprès des membres du Conseil de sécurité, puisqu'ils se sont félicités «de la création d'un Conseil national des droits de l'Homme au Maroc et de son antenne envisagée pour le Sahara occidental, ainsi que de l'engagement qu'a pris le Maroc d'accorder un accès sans réserves ni restrictions à tous les titulaires de mandats relevant des procédures spéciales du Conseil des droits de l'Homme». Une reconnaissance des réformes politiques engagées au royaume, conséquence de la dynamique enclenchée par le Mouvement du 20 février et le discours royal du 9 mars. Le niet d'Alger Dans le préambule du texte de la nouvelle résolution, le Conseil de sécurité a appelé à «l'amélioration de la situation des droits de l'Homme au Sahara occidental et dans les camps de Tindouf». Auparavant, cet appel était destiné uniquement à Rabat. Le nombre de cas révélés de violations des droits de l'Homme à Tindouf ne cesse d'augmenter. Le Maroc n'est plus la seule partie à qui revient l'honneur de dénoncer ces exactions, des ONG internationales ont repris le témoin mais de manière nonchalante. Mais c'est déjà un premier pas dans la bonne direction. Fait inédit, la Résolution 1979, adoptée mercredi à l'unanimité des Quinze, demande aux «Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés de continuer à envisager d'immatriculer les réfugiés des camps de réfugiés de Tindouf». c'est la première fois que le Conseil de sécurité accède aux multiples requêtes du Maroc de recenser la population de Tindouf. Du pain béni pour la diplomatie marocaine. Elle lui apporte des éléments nouveaux pour un meilleur renforcement de son arsenal d'arguments face aux thèses des séparatistes. Le HCR depuis la fin des années 70 s'est heurté à un refus catégorique des autorités algériennes d'effectuer ce genre d'opération. Septembre 2009, le patron du HCR, Antonio Guteress, lors d'une escale dans les camps, est revenu à la charge. La réponse d'Alger n'avait pas changé d'un iota. Un succès à fructifier Manifestement, le Maroc a réussi à tirer profit de la conjoncture géopolitique. Ce qui n'est guère le cas pour le Polisario. La résolution du Parlement européen, novembre dernier, avait, en son temps, donné des raisons d'espoirs à Abdelaziz & Co que le Conseil de sécurité s'aligne sur le PE et du coup élargisse le mandat de la Minurso aux contrôles des droits de l'Homme au Sahara. Une telle issue était redoutée par la diplomatie marocaine. La Résolution 1979 est indéniablement un succès pour Rabat à condition de savoir l'exploiter par le lancement de nouvelles campagnes diplomatiques destinées à des pays qui ne sont pas traditionnellement acquis à la position marocaine sur le Sahara.