L'offshoring, l'un des métiers mondiaux du Maroc, est également celui qui affiche la plus forte croissance en 2010, soit 20%. Et dire que ce secteur était à ses balbutiements dans le début des années 2000 ! Le bassin emploi du secteur a également évolué de manière exponentielle. D'après les chiffres communiqués par l'Association marocaine de la relation client (AMRC), le nombre des salariés du secteur dépassait les 35.000 en 2010, soit 6.000 de plus qu'en 2009. L'association, qui présentait vendredi dernier le bilan de ses réalisations de 2010 et ses perspectives pour 2011, regroupe la vingtaine d'outsourcers marocains qui détiennent les gros contrats français et pèsent pour 80% dans le vivier humain employé dans le secteur au Maroc. En l'espace d'une décennie, le secteur est passé de zéro à plus de 4 milliards de DH de revenus à l'export, réalisés en 2010. Durant la même période, les salaires d'entrée dans le secteur n'ont évolué que de 200 DH, passant de 3.300 DH à 3.500 DH en dix ans. Pour les opérateurs économiques du secteur, le fait que les salaires en vigueur dans le domaine soient presque deux fois supérieurs au salaire minimum légal marocain est l'argument qu'ils agitent aux autorités. Vous avez dit SMI sectoriel ? A considérer que les officiels marocains le classent dans la «short list» des secteurs marocains qui s'attaquent au marché mondial à l'instar de l'automobile, de l'aéronautique ou encore de l'agro-alimentaire, pourquoi les incitations qui leur ont été assorties se sont uniquement faites au bénéfice des investisseurs, sans inclure les salariés ? Est-on en droit de parler de SMIG sectoriel spécifique à ces secteurs qui sont appelés à rendre le Maroc plus compétitif ? Sur le registre des conditions de travail, incluant des agendas et horaires en déphasage avec la législation marocaine du travail, des licenciements injustifiés, une précarité de la couverture sociale et tout récemment un verrouillage du phénomène de transhumance et de turn-over qui les caractérisent, de nombreux salariés du secteur ont pris part aux manifestations de ces dernières semaines. De plus, les dépressions touchant le personnel du secteur se banalisent et plusieurs cas de fraudes à la carte démontrent en quelque sorte la situation pécuniaire difficile de ces salariés. «Pourquoi des employés justement payés iraient frauder ? » ironise un formateur préférant garder l'anonymat. Cette situation fait passer les actions de l'AMRC pour de la poudre aux yeux. Seuls 2% des recrutements de 2010 sont passés via la Call Académie, lancée en avril 2010. De même, la charte de responsabilité sociale ratifiée par l'AMRC en août 2010 est une coquille vide. Censée mettre au pilori tout membre qui n'est pas socialement responsable, son comité de veille affiche zéro incident sur son compteur, depuis sa ratification il y a huit mois. Et ce, dans un climat de grogne ambiante des salariés qui appellent de tous leurs vœux à une amélioration de leurs conditions, sachant, en prime, que les perspectives à venir semblent favorables pour le secteur. D'abord parce que la situation, qui ne donne aucun signe d'amélioration dans des pays comme la Tunisie ou la Côte d'Ivoire ne peut qu'accélérer le basculement de plusieurs donneurs d'ordre français vers l'offre marocaine. Ensuite parce que la co-localisation est plus que jamais remise au goût du jour. Récemment, Ahmed Reda Chami, le ministre marocains des Nouvelles technologies a, vivement, encouragé les entreprises françaises à s'implanter au Maroc dans une approche basée sur la co-localisation. Dans un double objectif de combler les besoins croissants du secteur en RH et d'assurer une pérennisation de la croissance, l'AMRC est appelée à revoir sa copie en matière de RS