De nombreux électeurs ont perdu leur carte d'électeur, ainsi qu'un grand nombre de documents officiels pouvant attester de leur identité, après le séisme de janvier 2010. Dix mois après le séisme de janvier 2010, qui a fait plus de 250.000 morts, Haïti est à présent frappée par une épidémie de choléra. La maladie a fait 1.415 morts et entraîné plus de 25.000 hospitalisations, selon le dernier bilan publié mardi par le ministère de la Santé. Selon Nigel Fisher, coordinateur de l'ONU pour Haïti, l'épidémie «se développe de plus en plus vite». Il pourrait y avoir jusqu'à 200.000 nouveaux cas de choléra au cours des trois prochains mois en Haïti, soit plus qu'un triplement, a estimé mardi un haut responsable sanitaire de l'Organisation panaméricaine de la santé (OPS). L'épidémie a également suscité des manifestations violentes la semaine dernière dans tout le pays, notamment à l'encontre des casques bleus népalais de l'ONU, accusés d'avoir importé la bactérie mortelle. Dans cette situation délicate, les électeurs haïtiens sont appelés aux urnes ce dimanche pour élire un successeur à René Préval, le président sortant, ainsi que les 99 députés de la Chambre et 11 des 30 membres du Sénat. Un scrutin qui s'annonce difficile, puisque dix mois après le séisme, de nombreux Haïtiens vivent encore dans des camps de fortune, dans des conditions sanitaires déplorables, avec un manque criant d'infrastructures. Pour de nombreux observateurs, la question qui se dessine en filigrane derrière le déroulement de cette élection présidentielle sur fond de choléra est bien la suivante : pourquoi 10 mois après le séisme ne voit-on pointer de véritable reconstruction dans les rues de Port-au-Prince et dans le reste du pays ? Certains évoquent la corruption, d'autres la nécessité de planifier la reconstruction sur le long terme… Quoi qu'il en soit, depuis 10 mois, les conditions de vie des Haïtiens restent quasiment inchangées, malgré les promesses d'aide internationale. Les opinions divergent sur la tenue de l'élection présidentielle, prévue ce dimanche. Plusieurs voix, dont des groupes de défense des droits de l'homme américains et haïtiens, font pression pour que les élections soient reportées Quatre des 19 candidats à la présidence ont également demandé un report du scrutin à cause du choléra. Mais, pour Lut Fabert, émissaire de l'Union européenne en Haïti, le scrutin doit se tenir, malgré l'épidémie de choléra qui frappe l'île. Elle estime qu'un report menacerait la stabilité déjà fragile du pays. Toutefois, les obstacles pour l'élection sont nombreux. D'un point de vue pratique, de nombreux électeurs ont perdu leur carte d'électeur, ainsi qu'un grand nombre de documents officiels pouvant attester de leur identité, après le séisme de janvier 2010. Dans ce cadre, la campagne électorale se poursuit bon an mal an, émaillée par plusieurs incidents. Les radios haïtiennes rapportaient lundi matin des manifestations à Miragoâne, une ville côtière du sud du pays, où la population a protesté contre la désignation, frauduleuse selon elle, des superviseurs électoraux. Plusieurs partis politiques ont également dénoncé des actes d'intimidation de l'électorat lors de rassemblements dans les provinces ainsi que la menace des armes qui pourrait perturber la journée de vote.