Le Plan Maroc Vert, pour le développement du secteur de l'agriculture, entame sa troisième année. Si les deux premières années étaient celles des réorganisations structurelles, juridiques et organisationnelles, l'année 2010 devrait être, selon les dires du département de tutelle, celle de l'investissement et de l'exécution. Deux chantiers qui prennent du retard et dont les différents axes devraient être accélérés cette année. «L'année 2010 sera celle de l'accélération de la cadence des investissements agricoles. Notamment pour le pilier II», déclarait Aziz Akhannouch, ministre de l'Agriculture et des pêches maritimes lors des 3e assises de l'Agriculture à Meknès. Les leviers de l'investissement, qui ne sont que l'un des trois indicateurs de Maroc Vert -en plus du financement et du foncier-, devraient être ainsi réactivés durant l'année en cours, d'autant plus que parmi les 1.000 projets identifiés par le Plan, seulement 24 sont opérationnels. Pour 2010, Akhannouch veut réaliser 112 projets : 54 projets pour le Pilier I, répartis sur 13 régions (agrumes, légumes, lait, sucre...), et 58 projets dans le cadre du Pilier II, qui concernera l'ensemble des régions du Royaume (arborisation, petits projets...). Ainsi, pour l'année en cours, le département de l'Agriculture a identifié 5 chantiers à démarrer. D'abord, il y a l'élaboration d'une loi sur l'agrégation, pour réglementer la relation agrégateur et agrégé, et d'une autre loi sur les interprofessions pour un meilleur fonctionnement de ces organisations professionnelles. Ensuite, les équipes d'Akhannouch parlent du renforcement du partenariat avec les banques et les sociétés d'assurances. On parle également d'un «nouveau concept» pour le programme de «vulgarisation agricole» et de la redynamisation de l'Agence nationale pour le développement des oasis et de l'arganier. Une loi pour l'agrégation En attendant les «sous» du secteur privé, Akhannouch pourra compter sur l'aide de l'Etat et des bailleurs de fonds internationaux (Banque mondiale, les fonds de coopération...) Notamment pour la subvention des agrégations (point névralgique de Maroc Vert). Le ministre dit ainsi qu'un taux de subvention bonifié est à l'étude pour les investissements en amont des projets d'agrégation (acquisition du matériel agricole, équipement en système d'irrigation localisée...). «Il s'agit d'une incitation spéciale à l'agrégation. Une obligation de résultat est cependant exigée pour maintenir la subvention», nous confie ce membre du cabinet du ministre de l'Agriculture. Un deuxième type de subvention est programmé et bénéficiera à l'agrégation par hectare ou par tête, permettant de financer la prise de risque «Agrégateur». Selon nos sources, les deux subventions seraient à l'étude dans le cadre de la nouvelle loi sur l'agrégation. À ce niveau, de l'avis de plusieurs professionnels, un grand effort de vulgarisation et de communication devrait être entrepris par le ministère, surtout pour les petits agriculteurs afin de les sensibiliser à l'agrégation. Regrouper mille petits agriculteurs dans un seul projet n'est, en effet, pas une mince affaire. Sur ce volet, le département de tutelle dit avoir lancé une «réflexion poussée» pour la refonte du programme de la «vulgarisation agricole». L'objectif du ministère est de concevoir un dispositif pragmatique et concret permettant de réussir le transfert de technologie et des connaissances vers les agriculteurs et de garantir leur application. L'année dernière, une opération pour la conception de nouveaux spots télévisés destinés à la vulgarisation agricole a été initiée. Convaincre l'Intérieur de «libérer» du foncier «Maroc Vert» a besoin de 700.000 ha, sur dix ans, pour réaliser ses objectifs. En 2008, Akhannouch avait annoncé qu'il allait mobiliser 70.000 ha/an. Après deux ans, le ministre a revu ses ambitions à la baisse. Il parle ainsi de 30.000 ha/an. Et même ce chiffre paraît «trop ambitieux» selon les professionnels. Car pour mobiliser ces hectares, il devrait convaincre le département de l'Intérieur, qui les détient justement. Selon des sources proches du dossier, les négociations seront «rudes» entre Akhannouch et l'Intérieur. Ce dernier ne lâchera pas facilement ces terres et exigerait des conditions de cession rigoureuses pour les céder. Entendez par là, de longues rounds de négociation entre les deux ministères avant que l'on parle de la mobilisation de nouvelles terres agricoles. «Sauf au cas où une intervention royale interviendrait pour accélérer le processus», soutient cet observateur. Un autre volet sur lequel Akhannouch n'a pas donné de visibilité, c'est celui de l'export. Une bonne partie de ce chantier complète un des six axes du Plan Emergence : l'agroalimentaire. Lors des dernières assises de l'industrie, Ahmed Réda Chami, ministre du Commerce et de l'industrie a tout simplement «zappé » le bilan de ce volet, prétextant que c'était au ministre de l'Agriculture de se prononcer sur ce registre. «Mon collègue dressera certainement un bilan exhaustif de la partie de Maroc Vert, consacrée au Plan Emergence», lançait Chami au parterre de journalistes présents. Passée les assises de l'Agriculture, Akhannouch survolera cet axe... Il a parlé tout juste de la hausse de 18% des exportations de produits agricoles transformés et des chantiers des agropoles (celle de Meknès est en cours de finalisation). Le SIAM 2010 met le cap sur la matériel agricole Le cœur du Maroc bat à Meknès depuis deux jours. Après les Assises de l'Agriculture, c'est au tour du SIAM 2010 d'attirer les regards. Le Salon international a été inauguré hier par SM le Roi sous le regard des médias nationaux et internationaux venus nombreux couvrir l'événement et constater les avancées réalisées par le secteur. La dynamique lancée par le Maroc Vert attire les investisseurs et les professionnels du monde entier. Espagnols, Français, Américains, Allemands... ont réservé en masse cette année et sont venu en forcé décrocher des marchés, notamment dans le matériel agricole. Les entreprises ibériques se regroupent dans un pavillon de 800 mètres carrés, le triple de l'espace consacré à la participation espagnole lors de l'édition précédente. Les entreprises participantes interviennent dans la fourniture de machines agricoles, la production de fertilisants et l'irrigation. Certaines d'entre elles ont fait le déplacement au Salon pour la première fois pour une prospection du secteur. Quant aux Américains, ils se sont réservés 120 m2 où sont représentés l'USAID, l'Agence du Compte Millénaire (MCC), le Département américain de l'Agriculture (USDA) ainsi que le Service commercial et le Service des affaires publiques de l'ambassade des Etats-Unis. Le Salon, qui durera jusqu'au 2 mai, promet beaucoup de surprises, sur fond d'accélération de l'investissement agricole.