Revenez nous voir après le passage du roi». C'est ainsi qu'ont répondu la majorité des exposants que nous avons sollicités pour donner leurs premières impressions sur leur participation à la cinquième édition du Salon international de l'agriculture de Meknès (SIAM) qui s'est ouvert hier. L'ensemble des exposants, toutes tailles et secteurs confondus, apportaient, hier dans la matinée, les dernières retouches à leur stand en attendant la visite du souverain. Le salon qui était en plein chantier le jour des assises, la veille, est prêt pour accueillir les premiers visiteurs après la visite du roi. L'hôte de l'évènement, Aziz Akhannouch n'était pas visible en cette matinée de l'ouverture du salon. Lui aussi était occupé par la préparation de la visite royale. Ce n'était pas le cas la veille (le jour des assises) où il était accessible à tout le monde. Autant le ministre s'était limité à son discours officiel lors de la cérémonie d'ouverture des assises, autant il s'est montré plus discret lors de son discours de clôture, prononcé en fin d'après-midi. «Nous ne sommes encore qu'au début d'un long processus de travail. La première année était dédiée aux réglages de départ, et l'année dernière était la première année d'action. Beaucoup d'efforts sont encore à fournir et beaucoup de problèmes sont encore à confronter pour réussir notre mission», reconnaît Akhannouch. Mais le ministre tient à dire que, «la dynamique est bien installée et nous commençons à en recueillir les premiers fruits». D'ailleurs, les organisateurs ont tenu tout au long des trois panels organisés durant la journée des assises de montrer les expériences qui ont réussi. Les exemples ont principalement concerné l'agriculture solidaire, thème phare du salon, et l'agrégation. Le fait d'avoir mis en avant le dossier de l'agriculture solidaire veut-il dire que le pilier II n'avance pas au rythme souhaité et qu'il doit être boosté durant cette cinquième édition du SIAM ? Akhannouch n'en convient pas dans une discussion en aparté. «Les projets avancent sereinement dans toutes les régions du pays», lance-t-il. Mais n'est-ce pas une contradiction avec sa déclaration dans le discours d'ouverture où il a clairement précisé que le challenge du Plan Vert, c'est l'exécution des projets. «Tout ce que je dis c'est que les efforts nécessaires doivent être fournis pour accélérer les procédures d'exécution». Reste à savoir où cela bloque exactement pour atteindre l'objectif de l'accélération de l'exécution. «Il faut de tout pour réaliser cet objectif. Le financement, les projets d'agrégation… et tout ce qui est programmé par le Plan», répond-il. Les prévisions de la récolte agricole résultent d'études météorologiques et topographiques ficelées qui déterminent le potentiel de production. Le challenge de l'exécution des projets n'était pas le seul sujet qui a retenu l'attention de l'audience. Il y a aussi l'annonce de la récolte céréalière de 80 millions de quintaux, contestée par bon nombre de professionnels. «Ce n'est pas un chiffre que nous annonçons à la hâte. Il résulte d'études météorologiques et topographiques ficelées qui déterminent le potentiel de production. En plus, l'annonce est minorée pour être la plus réaliste possible», note le ministre. Et d'ajouter, «l'année dernière j'ai annoncé une récolte de 101 millions de quintaux aux assises et nous avons terminé l'année avec 102 millions». Cette récolte record n'a pas empêché pour autant l'importation de 30 millions de tonnes. Ce qui pose encore l'éternel problème du stockage des céréales pour lequel Akhannouch et son ministère n'ont pas formulé, jusqu'à maintenant, une réponse claire. L'annonce des récoltes est contestée principalement en raison des inondations qu'ont connues plusieurs régions. «Je vais vous inviter en mai dans la région du Gharb et vous verrez comment les zones qui ont été ravagées par les inondations ont pu récupérer une bonne partie de leur production», lance Akhannouch. Qu'en est-il de la région de Saïss où la grêle a ravagé les récoltes dans près de 40.000 hectares, comme l'ont déclaré des agriculteurs de la région. «Il ne s'agit pas de 40.000 hectares mais d'une superficie d'environ 15.000 hectares», rectifie le ministre. Ces inondations ont posé d'une part, la problématique des assurances qui demeurent largement insuffisantes pour le secteur agricole. Akhannouch reconnaît cette insuffisance et annonce la réalisation d'une étude pour déterminer les besoins et le potentiel des assurances agricoles avant de parler d'un package global pour l'ensemble des sinistres liés au secteur. Reste à savoir si les compagnies de la place accepteront d'y adhérer. «La contribution de l'Etat est nécessaire dans ce genre de programmes», précise le ministre. La problématique du financement se pose également avec acuité en marge des assises, notamment pour les petits agriculteurs et les projets solidaires. Dans ces domaines, le financement est toujours lié au terrain présenté comme garantie. «C'est pour cela que nous travaillons dans le cadre de financements alternatifs, tels que les crédits prévus en partenariat avec Tamwil el Fellah et les financements accordés aux agrégateurs qui les acheminent ensuite vers les agrégés», détaille Akhannouch. Reste à savoir si le petit agriculteur adhérera aux projets d'agrégation. En guise de réponse, Akhannouch donne un exemple. «Je viens de rencontrer un agrégateur qui travaille dans l'oléiculture avec 3.000 petits exploitants dans la région de Khénifra. Ils ont accepté de travailler avec lui pour une durée de quinze ans», précise-t-il. Et d'ajouter, «les petits exploitants n'accepteront d'être des agrégés que s'ils y trouvent leur intérêt. Certains d'entre eux font des tests en partageant leurs terrains entre les projets d'agrégation et leur propre exploitation et constatent les bienfaits de la collaboration avec l'agrégateur». Autre sujet qui a suscité les débats durant les assises, c'est l'annonce de la mobilisation de 30.000 hectares par an pour alimenter les projets d'agrégation. «C'est un chiffre que nous espérons atteindre et j'insiste sur le mot espérons», note Akhannouch qui précise qu'une loi sur l'agrégation sera votée lors de la session parlementaire d'octobre.