Je suis sûr que vous m'attendiez au tournant et que vous vous disiez que cette histoire de nuage de cendre sorti violemment des entrailles de la terre, c'est trop compliqué pour moi, et que je n'allais pas en parler. Comme d'habitude, ajouteraient certains. Un nuage ? Je vais me gêner ! Mais, d'abord, je voudrais clarifier ce point avec vous, une fois pour toutes. Il paraît que j'évite toujours les sujets importants, que j'élude les thèmes sérieux, et que je fuis les actualités scientifiques. Je ne dis que c'est faux, mais je dirais plutôt que ce n'est pas toujours vrai. C'est vrai que je suis pour les trucs légers, mais c'est parce que tout ce qui est lourd, surtout en politique, me pèse sur le moral. Oui, je vous entends d'ici protester qu'il ne se passe jamais rien de bien consistant ici, mais ce que j'appelle «lourd», c'est l'aspect énorme, grotesque, voire grossier des tares et des gaffes de nos politiciens. Alors, pour me venger d'eux, je les allège un peu à ma manière. Non, je ne jette pas du lest. Je suis plus subtil. Disons, pour faire court, que j'élague. Je taille les branches. Et sadique comme je suis, je choisis souvent les branches sur lesquelles, se trouvent, par hasard, nos illustres mais pas toujours terribles politiciens. Si je fais ça, je ne le cache pas, c'est pour les faire tomber. Bien sûr, je n'y arrive pas souvent, pour ne pas dire jamais, mais je sais que je leur fous la trouille, et c'est ça qui me fait marrer. Cela dit, ce que j'espère chaque jour, du fond du cœur, c'est que ça vous fait marrer, vous aussi. En tout cas, il faut que vous sachiez, si jamais vous ne le savez pas encore, que c'est pour ça que je suis payé. Mais, je n'ai pas de crainte à ce niveau, car, que ça vous fasse rigoler ou pas, personne ne le saura. Mais, je crois que j'ai eu tort d'appeler cette espèce d'espace suspicieux, «Les pieds dans le plat», parce qu'il n'y a pas de recette. Bon, maintenant, je crois qu'il est temps de conclure cette longue introduction qui ne sert à rien, et de revenir, enfin, à notre sujet du jour : le nuage ! Je dis «le sujet du jour», mais je suis sûr et qu'il sera celui de la semaine, et bien plus encore si on en croit certains spécialistes pessimistes. Justement, à propos de ces fumeux spécialistes, on ne comprend pas qu'ils l'ouvrent aussi grande aujourd'hui, alors qu'ils l'ont fermée pendant tout ce temps. En effet, puisqu'ils savent toujours tout, pourquoi n'ont-ils pas deviné plus tôt que ce volcan paumé là-haut au sud de l'Islande (à ne pas confondre avec l'Irlande qui a perdu le Nord depuis des années et où, en plus, des nuages, il y en a toute l'année) que ce volcan, disais-je, allait se réveiller un jour du mauvais pied et nous cracher ce si méchant nuage dans la gueule ! Vous allez me dire qu'après tout, tout ça est si loin de nous, puisque la Terre platement bénite qui est la nôtre, a été, comme toujours, épargnée. Justement, c'est ça que je déplore. Je vous explique. Comme vous savez, jusqu'à cette minute où je suis en train d'écrire ces délires, des milliers d'avions sont cloués dans presque tous les aéroports d'Europe, et des millions de passagers sont incapables de bouger. Eh bien, je ne vous cache pas que j'aurais tant aimé que tous nos ministres, députés, conseillers, dirigeants des partis et des syndicats, etc. soient bloqués quelque part, le temps qu'il faudra. Et plus longtemps ce serait, et plus heureux nous serions. Ce n'est pas que je leur en veuille... oui, d'accord, un peu... mais, cette fois-ci, j'ai juste envie de prouver que, qu'ils soient là ou pas, ça ne change RIEN ! Bon dieu, faites un jour qu'ils partent tous en voyage, et qu'ils rencontrent un très gros nuage. Amen !