J'aime beaucoup la politique. Je l'adore. J'aime aussi les politiciens même si, c'est vrai, ça se voit moins. En vérité, j'aime beaucoup plus les politiciens que la politique, surtout les nôtres. Et vous savez pourquoi ? Parce qu'ils me font marrer. Ils me font mourir de rire. Je suis presque sûr qu'un jour ils finiront par me tuer pour de vrai. Qu'ils soient rassurés, je ne leur en voudrais pas. D'ailleurs, j'ai déjà demandé à mes héritiers que si jamais, à Dieu ne plaise, ça devait arriver, qu'ils n'engagent aucune poursuite car, en fait, mes possibles futurs assassins ne seraient pas responsables de leurs actes. D'ailleurs, en réalité, malgré les dénominations pompeuses et dithyrambiques des responsabilités qu'on leur confie, ce sont tous – et toutes - des irresponsables. Alors, pourquoi les poursuivrait-on, les pauvres ? À l'extrême limite, on pourrait les envoyer dans des cirques comme curiosités insolites. Non, bien sûr, on ne va pas les mettre en cage – ils sont si dociles. Par contre, on doit conseiller vivement à leurs futurs propriétaires de ne pas trop les nourrir, car je crois qu'ils sont déjà rassasiés. Oh, bien sûr, on me dira que certains ont le ventre tellement gros qu'ils ne disent jamais non Mais, franchement, je ne le crois pas. En fait, malgré les apparences, on ne leur donne que des cacahouètes. Des «peanuts» comme disent les Amerloques. Trois fois rien. Et pourtant, rien qu'avec ce trois fois rien, ils leur font tout faire. Non, s'il vous plaît, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit, mais qu'entre nous, je ne pense pas moins. Ce ne sont pas des pantins. Ou pas tout à fait. Les pantins, comme vous savez, ça se manipule avec les mains. Des fois, par le haut, et des fois par le bas, mais on ne voit jamais les manipulateurs. En général, ils sont cachés en bas de la scène, ou dans l'obscurité. C'est pour nous faire croire, ou plus exactement, faire croire aux gamins, que ça marche tout seul. Alors, justement, c'est pour cela, que nos politiques ne sauraient être comparés à des marionnettes, pour la raison simple et évidente que ceux qui les manipulent, eux, sont visibles et ne se dissimulent nullement. Mieux : ils ne cachent même pas leur jeu. Puisqu'on parle de cirque, ce sont un peu comme des ventriloques : ils ont leur poupée en main, ils la font bouger et la font parler, en public, comme ils veulent, au gré de leurs humeurs, de leurs envies et de leurs désirs. Et, justement, moi, c'est ça qui me fait rire. Beaucoup d'entre vous, je le sais, auraient bien aimé avoir les guignols chez nous. Je parle de l'émission de télévision. Mais, pourquoi voulez-vous avoir une émission avec des poupées articulées, donc, des personnages fictifs, alors que chez nous, nous avons les guignols en personne, en chair et en os, à longueur de journée ? Pas besoin de parabole ni de carte ni de décodeur. Tu allumes la télé, tu te mets sur une de nos chaînes, tu n'as que l'embarras du choix et tu as toutes les chances de tomber sur la bonne émission marrante ou le bon reportage rigolo. Tu vas te fendre la gueule comme pas possible, et en plus, à l'œil. Mais, au fond, ce qui est drôle, c'est qu'ils ne le cherchent pas, eux, forcément, à te faire marrer. Ils ne le font pas exprès, quoi ! Tenez ! Hier, par exemple, je suis tombé, accidentellement, sur une émission politique en direct. Dans la figure ! Au moment même où j'ai appuyé sur le bouton de la télé, que vois-je et qu'entends-je ? Un ex-gaucho revenu sur le droit chemin nous dire plus ou moins que le peuple a toujours su qui lui dit la vérité et qui lui raconte des bobards. La vérité si je mens ! Alors, comment veux-tu, avec ça, ne pas mourir de rire ? Bonne rigolade et bon week-end.