Aujourd'hui, je vous préviens, je ne vais pas me contenter de mettre les pieds dans le plat, je crois que je vais les mettre carrément dans le vase. Pardon: la vase. J'en ai un peu marre de faire dans le politiquement correct et le socialement soft. Je voudrais, une fois pour toutes, qu'on me prenne pour ce que je suis, mais que je n'arrive pas à être: un mec balaise qu'on doit prendre au sérieux. Je peux vous paraître, comme ça, un peu rigolo, ou pis, comme un clown. Mais, détrompez-vous: je ne suis ni l'un ni l'autre. Pour rester dans le cirque, je pourrais me définir comme un mélange ou plutôt la synthèse entre le dompteur d'éléphants parce que, comme vous savez, l'éléphant, ça trompe énormément, et le funambule parce qu'il croit toujours qu'il est en équilibre parfait, alors que souvent son destin tient à un fil. Je pourrais être aussi le trapéziste sans filet, parce qu'il ne se casse la gueule qu'une seule fois, mais quand ça arrive, c'est pour la vie. Et à propos de vie – quelle superbe transition! – je dois vous dire d'abord «3la slamtkoum»! Il paraît que la terre a tremblé, mais, Dieu soit loué, il ne s'est rien passé. Je suis sûr que vous devez être encore sous le choc. Moi pas. Même pas peur. En fait, je n'ai rien senti. Je regardais la télé et je me suis endormi. En vérité, l'émission que je regardais m'a assommé. Il faut dire que certains de ses invités sont de vrais castagneurs. En plus, durant toute cette émission, on voulait absolument nous convaincre, nous, les citoyens marocains, les vrais de vrais, qui sommes plus que convaincus de tout ce qu'on veut nous convaincre, que – encore! – cette Aminatou est dans tout son tort, et que, en tant que Marocains, vrais de vrais, nous devons crier à la face du monde que patati patata... Mais, bon sang de bonsoir! Ce n'est pas à nous que vous devez raconter ces histoires! Nous, on est tous d'accord que cette espèce de peste d'Aminatou est une petite marionnette manipulée par tous ceux que vous voulez, mais ce n'est pas en le répétant à nous, ici, chaque jour, que vous allez changer la perception et l'attitude des «autres»! Tout ce «monde» qui ne nous aime pas! Comme disent les fils de pub: vous vous trompez de cible! Bref, vous racontais-je, l'émission m'a assommer et les invités castagneurs m'ont achever. Et, ça a servi au moins à ça, tremblement ou pas tremblement, je n'ai rien senti, la vérité si je mens! Et ce n'est qu'au petit matin, alors que je me rasais en rêvant d'être un jour aux côtés de Sarko et pas loin de Carla, que j'entendis à la radio que j'écoutais d'une oreille distraite que la terre a tangué. 5,7 degrés sur l'échelle de Richter! Vraiment, elle n'y est pas allée avec le dos de la cuillère. Il faut dire que, déjà, elle ne tournait pas rond, mais ça on le savait déjà, mais je crois que cette fois-ci, elle a décidé de nous faire peur pour, peut-être, nous rappeler à l'ordre. Remarquez: elle a bien choisi son jour, pour faire des siennes: le jour de l'arrivée de ces fameux 120 et quelques chefs d‘Etat à Copenhague, pour prendre les mesures qu'il faut – comme c'est marrant! – pour ménager la Terre et sauver la calotte glaciaire. Mais, au fait, pourquoi nous? Que Dieu me pardonne, mais, franchement, je trouve ça un peu injuste. On n'a rien fait, nous, à cette sacrée Terre. Nous, elle doit le savoir, elle, on nous appelle, justement, «Les damnés de la terre». Au fond, eux ou nous, on est tous prévenus. C'est drôle: c'est maintenant que j'en tremble ... Bon week-end quand même. Et, bien sûr, bonne année...