Les immigrants mineurs marocains reviennent au cœur du débat dans la communauté andalouse. Selon les dernières statistiques diffusées par la Direction générale de l'enfance et de la famille, département relevant du gouvernement autonome d'Andalousie, l'arrivée des mineurs marocains non accompagnés a connu une «recrudescence alarmante» durant le premier trimestre de l'année. Le département en charge des MENA (mineurs non accompagnés) a fait état d'une montée en flèche des arrivées après deux années de recul. Dans une déclaration de la directrice de ce département à Europa Press, 73 mineurs marocains ont débarqué en Andalousie durant la période allant du 1e janvier au 31 mars. Il s'agit d'une hausse de 35% en comparaison avec les chiffres enregistrés durant l'année écoulée où seulement 54 mineurs ont été admis dans des centres d'accueil. Les autorités andalouses considèrent cette hausse comme «inquiétante» puisqu'elle rompt avec la tendance baissière qu'a connue ce phénomène. Ils étaient 736 mineurs recensés en 2010 contre 1.099 en 2009. Mais les associations espagnoles ne partagent pas ce discours alarmant des responsables du dossier. C'est de la sorte que l'Association pro-droits humains Andalousie (APHD-A) a dénoncé les déclarations sur le prétendu déferlement des mineurs, les Marocains précisément. De l'avis de l'association andalouse APHD-A, la gestionnaire du dossier, a fait un usage politique de ces statistiques, considérant qu'il s'agit d'à peine 20 admissions de plus durant ces trois premiers mois. Toutefois, la nationalité marocaine est la plus présente face au recul des mineurs provenant des autres pays africains. En dépit de ce constat, l'association estime que ce léger bond n'est pas un événement au moment où les chiffres concernant l'ensemble des nationalités ont considérablement baissé. De plus, ajoute l'association, plusieurs centres d'accueil ont été fermés par décision du gouvernement autonome à cause de l'absence de nouvelles admissions justifiant le maintien de ces centres. La lecture faite par cette ONG jette le discrédit sur le message alarmant émis par les autorités andalouses en charge du dossier. De surcroît, l'association estime que depuis 2007 les mineurs immigrés se font moins nombreux. D'où l'incohérence de parler de hausse vertigineuse lorsque l'on apprend que la baisse d'arrivée des mineurs tourne autour de 70%. Ce n'est pas la première fois que les autorités andalouses tirent la sonnette d'alarme sur des arrivées massives des mineurs d'origine marocaine. Le message est plus précisément destiné aux autorités marocaines, taxées de laxistes par ses homologues espagnoles quand il s'agit de freiner le passage de ces jeunes migrants. Mais de l'aveu même des autorités espagnoles, l'arrivée des mineurs sur le sol espagnol s'amenuise au fil des mois. Et pour cause, l'entrée en fonction du nouveau port de Tanger Med. Au moment où les mineurs réussissaient à se faufiler à l'enceinte de l'ancien port de Tanger-Ville, le nouveau port semble être une bâtisse infranchissable, pour le moment. Les statistiques ont enregistré un net recul durant la construction du nouveau port car, paraît-il, les mineurs ont eu des difficultés pour accéder à la nouvelle structure. C'est ce qui fait dire aux autorités espagnoles que 89% des entrées réalisées durant le premier trimestre ont été effectuées vers Cadix et non Algésiras. Abstraction faite des statistiques, le sujet attise les sensibilités en Espagne. L'Unicef y a consacré une étude où l'on relate l'itinéraire des mineurs non accompagnés sur le sol ibère, leurs profils et leurs attentes. Réalisé sur la période allant de 2006 à 2008, le document précise que le Maroc est de loin le premier pourvoyeur de mineurs non accompagnés en Espagne. En 2007, 3.3665 Marocains ont été hébergés dans des centres d'accueil, soit 67% des admis, talonnés par la Roumanie et le Sénégal. L'Algérie vient plus loin avec 158 mineurs. Selon l'étude, c'est dans les présides de Sebta et Mellilia que les Marocains se font nombreux. Autre fait marquant révélé par le document, la féminisation de ce mouvement migratoire. À travers des témoignages poignants, l'étude jette la lumière sur ces jeunes femmes qui ont mis leur vie en péril pour atteindre l'Espagne. Une tendance qui a commencé en 2001 et laquelle n'a cessé de s'accroître. Sauf que ces femmes, contrairement aux hommes, disparaissent dans la nature une fois le sol ibère foulé et rares sont celles qui sont hébergées dans des centres d'accueil.