En apprenant hier, sûrement en même temps que vous, que mon journal, notre journal, devrais-je dire, Les Echos Quotidien, fêtait son 100e numéro, mon cœur a fait un gros boum – boum, et il y avait bien de quoi. D'abord, je ne m'y attendais pas si tôt (Ah, que le temps passe vite !) ; ensuite, personne ne m'a prévenu (Qu'est ce qu'ils sont cachottiers à la rédaction !) ; et, enfin, tout compte fait (compte que je n'ai d'ailleurs pas fait, car quand on aime on ne compte pas), ça signifie que moi-même, personnellement, votre pas modeste mais si régulier serviteur, je vous ai servi, sans que vous ne me le demandiez, et surtout, sans supplément (ce qui aurait été, soit dit en passant, une bonne idée pour rentabiliser mon recrutement), 100 billets, tous aussi bons, insolents et impertinents, les uns que les autres. Vraiment, il n'y a pas à dire, je suis, effectivement, et sans contestation aucune, très fort. Vous aussi, je dois l'admettre, vous devez être très costauds, car, pour pouvoir, chaque jour, et, je suppose, depuis le premier jour, lire des délires qui sont la plupart du temps sans queue ni tête, et qui, je le sais, ne font pas toujours rire, il faut être soit dingues, comme moi, soit, ce qui serait pire, dingues de moi. Cela dit, si c'est le cas, je le comprendrais parfaitement. Je suis tellement sympa, tellement gentil, et tellement aimable, n'est-ce pas ? que seuls les coincés, les constipés, et plus généralement, ceux qui ont des choses à se reprocher – et, entre nous, il y en a tellement ! – ne risqueraient pas de tomber amoureux de moi. Bon, bon, vous l'avez certainement compris, je plaisante. À peine. Parce que, c'est vrai, je le reconnais, parfois, je ne suis pas très tendre avec certains et certaines. Mais, il faudrait le reconnaître de votre côté, ils ne sont pas non plus très tendres avec nous. Je dis nous en pensant aussi à vous. Vous ne vous en rendez pas toujours compte, mais je puis assurer que ces certains et ces certaines dont je vous parle et qui se reconnaissent chaque jour même s'ils ne le crient pas sur tous les toits, ne vous ménagent pas non plus. Je les connais bien, moi, et ils me connaissent bien aussi. Je ne les aime pas beaucoup, et ils le savent, et d'ailleurs, ils me le rendent bien : ils m'ignorent. Pas une seule plainte à ma direction, pas la moindre attaque en diffamation, et pas la plus petite demande de droit de réponse ! Rien ! C'est comme si je n'existais pas. Comme si ce que je dis n'avait aucun sens. Du n'importe quoi, quoi ! Ce n'est pas toujours faux, c'est vrai, mais ce qu'ils ignorent, c'est que tant qu'ils m'ignorent, moi, c'est simple, je continue. D'ailleurs, même si ça n'a rien à voir, je ne vous cache pas que j'ai été un peu surpris de ne voir mon nom cité dans aucun des témoignages des illustres lecteurs et prestigieuses lectrices publiés dans le numéro anniversaire d'hier. Ce n'est vraiment pas gentil. À moins que ce ne soit la rédaction qui l'ait coupé au montage, pour que mes chevilles n'enflent pas trop, ou pour que je ne demande pas d'augmentation. Sans rancune, les gars. Même si vous l'aviez fait, je ne vous en voudrais pas. Parce que, voyez-vous, c'est un peu grâce à vous, que je suis arrivé avec vous, jusqu'au 100e numéro. En plus, vous me laissez faire, chaque jour, mon numéro, en toute liberté et, il faut le dire, en toute inconscience. Merci et bravo à toute l'équipe, bon anniversaire et à bientôt pour le 1000e numéro.En attendant, je vous dis, tout simplement, à demain.Si vous le voulez bien.