Tout d'abord, et avant que je n'oublie, je voudrais rectifier une semi-fausse info que je vous ai rapportée la semaine dernière, ici-même, malgré moi et sans une aucune mauvaise foi, je vous assure. Tout d'abord, et avant que je n'oublie, je voudrais rectifier une semi-fausse info que je vous ai rapportée la semaine dernière, ici-même, malgré moi et sans une aucune mauvaise foi, je vous assure. En effet, j'ai été si content d'apprendre que la grande et inoxydable Joan Baez allait venir se produire au Maroc que je n'ai pas pris le temps de vérifier la nouvelle. Rassurez-vous, si tout va bien, elle va bien venir, mais elle va chanter non pas en mai à Mawazine à Rabat, mais en juin, à Fès, au festival des Musiques sacrées. Voilà qui est fait. Et puisque je suis à Fès, j'en profite pour vous annoncer que sera présente dans cette même ville et au même moment – et là, mon info est parfaitement vérifiée – une autre ancienne hippie, une femme minuscule à la voix grandiose, l'Islandaise Björk. Mes amis, laissez-moi vous dire que plus vous programmerez des géants de l'art, et plus ça fera éloigner les nains d'esprit. Voilà qui est dit. Maintenant, comme je ne suis pas payé pour faire une chronique artistique, je vais passer aux choses plus sérieuses. Au fait, de quoi je voulais vous parler ? Je crois que j'ai oublié… Ah ! ça me revient : je voulais vous parler d'amnésie et… d'amour. Quel rapport? Me demanderiez-vous, et je vous répondrais aussitôt que mémoire et amour, c'est un couple historique infernal. L'un ne va pas sans l'autre et réciproquement. Plus sérieusement, je ne sais pas si c'est l'approche de la Saint-Valentin qui fait cet effet, mais c'est dingue comment, chez nous, tout le monde s'est mis à aimer tout le monde. Personnellement, je ne suis pas contre, bien au contraire, mais je trouve un peu bizarre que certains qui, il y a à peine quelques semaines, n'aimaient pas certains et juraient leurs grands dieux qu'ils ne vont jamais «collaborer» avec eux, et bien, par le miracle de l'amour et de la perte de la mémoire, tout ça a été vite oublié. Du jour au lendemain, et sans préliminaire aucun, les premiers (pour ne pas dire LE premier), se sont mis à aimer leurs anciens ennemis, et mieux encore à dévoiler aux esprits estomaqués et bornés que nous sommes, que non seulement ils se voient, un peu en cachette, mais en plus, ils font des choses ensemble. Oh! Qu'est-ce que vous allez chercher ?!? Ca va pas, non ?!? Quand je dis des choses, je parle de boulot ! Du bon boulot pour nous, pour notre intérêt, pour notre avenir. Pour la bonne cause du peuple, quoi. Alors, s'il vous plaît, ne soyons pas trop rigoureux, et soyons plutôt comme eux, c'est- à-dire de bons oublieux. Moi, dans tout ça, j'ai juste une crainte : que, à Dieu ne plaise, dans l'élan de l'amour envoûtant et de ses effluves étourdissants, on oublie, justement, tout ce qu'on a promis au peuple. Non, excusez-moi, je ne fais pas de procès d'intention, mais, moi, contrairement à bien d'autres, et même si parfois j'ai la mémoire qui flanche, je n'oublie jamais quand quelqu'un me jure qu'il ne me veut que du bien. Et bien, ça tombe bien, c'est de ça qu'aujourd'hui j'ai besoin. Puisque ces chers amis sont capables de faire table rase du passé, je les supplie de bien vouloir effacer de leur esprit si indulgent tout ce que j'ai dit ou écrit de mal sur leur compte, et ne pas m'oublier… dans leur générosité. Et s'ils ne le peuvent pas, alors, je les en prie, juste, qu'ils prient pour moi. Moi aussi, je les aime. Je vous aime tous. Bon week-end, les oublieux et bonne semaine les amoureux.