Avec un taux de bancarisation avoisinant les 40%, le Maroc se démarque de la moyenne des 5% à 8% du reste du continent africain, mais on est encore loin derrière les 85% des pays développés. «La carte électronique et les solutions de paiement ont un rôle vital pour améliorer les relations de transfert d'argent entre différents pays africains», explique Belkacem Boutayeb, modérateur général du Forum Cartes Afrique, qui a eu lieu à Tunis les 1er et 2 avril. «La carte bancaire permet aussi de faire avancer la dynamique de la microfinance et des microcrédits pour les populations les plus défavorisées et les populations privées de comptes bancaires. Et d'améliorer le taux de bancarisation qui reste très réduit dans beaucoup de pays africains», spécifie-t-il encore. Mais dans les pays en voie de développement, la majorité de la population, non solvable, n'a pas accès aux services bancaires, alors que le lien entre bancarisation et croissance tend de plus en plus à être mis en avant. L'impact de l'élévation de ce taux sur la croissance annuelle du PNB des pays en voie de développement serait estimé à près de 1%. La banque dans la poche avec le m-banking C'est sur ces thématiques que se sont penchés les participants au Forum. Organisée par I-conférence Success Publication, en partenariat avec les centres monétiques d'Afrique du Nord, du Centre et de l'Ouest, le Centre monétique interbancaire marocain (CMI) et la Société monétique de Tunis, cette 5e édition a connu la participation de plus de 500 personnes de 32 pays africains. Selon Hassan Alaoui, président du groupe Success Publication, «cette édition a été un gros succès. Pour l'édition 2011, qui aura lieu à Marrakech, le Forum va se transformer en Salon avec un espace d'exposition et s'étendra sur 3 jours». Pourquoi cette évolution ? «Nous nous sommes rendu compte que le système économique est plus large que la banque», explique Alaoui. Les organisateurs ont ainsi décidé d'élargir cette rencontre précédemment tournée essentiellement vers la banque à tous les autres métiers de la carte, comme les télécoms, les gouvernements, le commerce, les administrations publiques, le mobile-banking, etc. Le mobile-banking en particulier pourrait changer la donne sur le continent. Pour Faissal Khdiri, responsable MasterCard pour l'Afrique du Nord, du Centre et de l'Ouest, «Le Maroc avec ses 23 millions de téléphones portables représente une opportunité immense pour les banques. C'est le ce que l'on appelle le CtoC, lorsque l'acheteur paye ses achats directement à son fournisseur par un transfert de téléphone portable à téléphone portable». La technologie au secours des populations défavorisées La technique du mobile-banking (par téléphone portable) est particulièrement porteuse de potentialités de bancarisation, en amenant la banque dans la poche du client. Elle permet en effet d'envoyer et de recevoir des fonds, de rembourser automatiquement les échéances de microcrédit, de régler des factures chez les petits commerçants, via un porte-monnaie électronique géré depuis le téléphone portable. Internet n'est pas en reste. Les pdg Eric Schmidt, de Google, et John Donahoe, de E-Bay, viennent d'annoncer vouloir créer leur propre plateforme bancaire. Les comptes d'épargne seraient gérés directement par l'épargnant sous forme d'une plateforme de prêts «peer to peer» de nouvelle génération. Les cartes de paiement réagissent elles aussi à cette nouvelle concurrence. Master Card vient de lancer pour la première fois en Afrique, la carte PayPass, une carte sans contact, qui dispose d'une puce intégrée avec une antenne qui ne nécessite pas qu'on la glisse pour la lire. Il suffit de la poser sur le terminal. Le gain de temps est de l'ordre de 40%. Elle sert uniquement pour payer des montants de moins de 25 $. C'est un marché qui en 2008 s'élevait à 963 milliards de dollars dans le monde.