Rares sont les métiers où les entreprises marocaines peuvent prétendre être des références mondiales. Mais heureusement, il y en a, et dans des domaines à la pointe de la technologie et de l'innovation. C'est le cas de la monétique, où les champions nationaux en la matière se sont développés à l'échelle planétaire, pour aujourd'hui équiper en solutions monétiques des mastodontes internationaux de la trempe de Visa, Mastercard, American Express ou encore même China UnionPay, l'éditeur de cartes chinois. Une longueur d'avance qui n'a pas manqué d'être soulignée par les intervenants lors de Cartes Afrique 2011, conférence qui a ouvert ses portes hier jeudi autour des technologies et métiers de la carte et de la monétique en Afrique. Un rendez-vous qui sera clôturé samedi 23 avril, par le décernement des prix de «Cartes Afrique Awards». Ceci dit, dans un marché en plein essor, tel que celui de la monétique, qui enregistre depuis plusieurs années une croissance à deux chiffres, les innovations sont dépassées plus vite qu'elles ne sont conçues, redistribuant aussi rapidement les cartes du marché, au bon gré des effets de mode et des exigences sécuritaires.C'est ainsi que la monétique élargit grandement son champ d'intervention au-delà de la carte (bancaire et de paiement), qui a d'ailleurs elle-même connu une évolution importante en migrant de la bande magnétique vers la carte à puce. Encore plus récent comme tendance, le «mobile banking» et le «mobile payment» prennent petit à petit leur essor. Un canal qui s'impose de fait, grâce à la démocratisation, désormais quasi totale, des télécommunications avec à leur tête le téléphone mobile. Cette démocratisation est infiniment plus remarquable sur le continent africain, qui a connu une pénétration fulgurante, pour atteindre aujourd'hui près de deux Africains sur trois disposant d'un terminal mobile, principalement en mode prépayé. «L'Afrique constitue un gisement considérable de croissance pour les fournisseurs de solutions monétiques, notamment par le canal du mobile, dont la pénétration a très rapidement augmenté», estime Abdessalam Alaoui Smaïli, administrateur à HPS, leader marocain des solutions monétiques, réalisant par ailleurs près de 90% de son chiffre d'affaires à l'étranger. Opportunités Un mode de paiement qui se révèle tout désigné pour répondre aux caractéristiques socioéconomiques africaines : croissance relativement élevée (5% prévue par la Banque mondiale en 2011), très faible taux de bancarisation et prépondérance de l'informel. Qui dit croissance économique dit multiplication des transactions de paiement. Qui dit faible taux de pénétration bancaire dit opportunités pour le développement des systèmes de paiement «alternatifs», sans compte bancaire, prépayé et à support mobile. Et qui dit prépondérance de l'informel, dit intérêt des pouvoirs publics à promouvoir les mesures, d'incitation et de contrainte, pour faire basculer un maximum d'opérateurs dans le circuit formel. «L'Afrique reste largement dominée par le cash, ce qui constitue une opportunité importante pour les opérateurs, dont les services sont également des accélérateurs des connexions économiques», indique Faissal Khdiri, vice-président de Mastercard Afrique du Nord, du Centre et de l'Ouest. Le continent africain se révèle donc un marché incontournable pour les opérateurs. C'est d'ailleurs une solution monétique marocaine qui équipe la banque centrale des pays de l'Afrique de l'Ouest, régulateur de «la zone franc CFA». Dans une autre optique, les technologies et services monétiques ne se limitent plus aux commerces, banques et autres institutions financières, elles s'inspirent de et s'appliquent à d'autres domaines d'activité pour répondre à des besoins plus ou moins similaires. Dans ce sens, le domaine qui permet le plus de vases communicants avec la monétique n'est autre que les transports, principalement publics. Dans ce cas-là, les solutions monétiques sont utilisées autant dans la gestion de flotte que dans la mise en place de systèmes de payement des trajets et des abonnements, communément appelés «billettique». À noter à ce titre que l'entreprise marocaine M2M s'est positionnée ces dernières années sur ce segment de marché, en équipant le délégataire de la gestion du transport public de Rabat en solution monétique. Cartes sans contact La carte à puce a remplacé la carte magnétique, le mobile se fait peu à peu sa place comme canal de paiement. En parallèle, une nouvelle technologie, certes présente depuis quelques années, commence aussi à se frayer son chemin dans la vie quotidienne des consommateurs et usagers. Il s'agit en l'occurrence des cartes sans contact (NFC ou Contactless), dont plusieurs expériences pilotes sont actuellement menées dans plusieurs pays africains. Une filiale marocaine a même déjà été l'une des première à adopter cette technologie : Attijari Tunisie, qui l'a mis en œuvre dans le pays en partenariat avec Mastercard. Ce ne serait qu'une question de mois avant que cette solution ne commence à équiper les terminaux des banques marocaines.