A l'heure où les bilans négatifs se multiplient pour les salles obscures marocaines, les pirates des récentes productions continuent de sévir et le nombre de cinéphiles «boycottant» l'écran géant est en perpétuelle recrudescence en 2010. De quoi plonger le business dans un gouffre sans fin. Serait-ce dû à l'absence d'alternatives palpables ? Les leçons encore inassimilées En 2009, les productions nationales sont arrivées à drainer de respectables recettes. Au nombre de 15, ces longs métrages ont néanmoins bénéficié de l'avance sur recettes d'un budget de 52 millions de DH. Cette enveloppe, quoiqu' en deçà des attentes, dépasse de 5% celle de l'année d'avant, et de 80% l'allocation de 2006. Ce bilan, qualifié de «très positif» par quelques critiques, fait malheureusement face aux maigres revenus des salles de cinéma, de moins en moins pérennes. Leur bénéfice dépasse à peine les 68 millions de DH, en contraste avec son apogée connue en 2001 (117 millions de DH). L'année écoulée, lors d'une rencontre consacrée au bilan cinématographique à l'initiative du webzine «Maghrebarts», les participants avaient attribué cette baisse des recettes à la disparition des salles de cinéma en premier ordre. Le multiplexe salvateur Les données du Centre cinématographique marocain (CCM) énumèrent 54 salles et 77 écrans en activité en 2009. Chiffres insignifiants pour un pays qui comptait plus de 200 salles il y a une vingtaine d'années. A y regarder de près, on trouve que la chaîne de complexes cinématographiques Mégarama possède à elle seule 23 salles. La franchise a gagné 45% en chiffre d'affaires l'année dernière, ses branches de Casablanca et Marrakech réalisant chacune près de 900.000 entrées en moyenne annuelle. A 2,5 millions d'entrées en 2009, son salut reposerait sur le pilier principal de son offre : la multiprogrammation. «Ce mode offre une panoplie de films au spectateur, et les films sont ramenés à temps», décrypte Mohamed Mahyaoui, responsable de la communication du groupe. A l'instar de la France des années 80, l'avenir du cinéma au Maroc résiderait dans le développement de multiplexes. D'autres voies restent dignes d'intérêt. «Avatar, par exemple, a connu un franc succès grâce aux lunettes 3D. Un privilège que le piratage ne pourra jamais offrir», étaye Mahyaoui. De quoi donner des idées aux propriétaires de salles en manque d'inspiration. Investir dans les nouvelles technologies a toujours été synonyme de nouveaux débouchés économiques. A bon observateur... Fidadoc toujours écolo À vos caméras ! Le 3e Festival international du documentaire à Agadir ravive la motivation des adeptes du 52 minutes. La date de la prochaine édition déjà arrêtée pour le 9 novembre jusqu'au 13 prochains, l'heure est au tournage pour les retardataires et aux autres étapes de postproduction pour les plus avertis. En effet, la compétition internationale du festival accueille déjà les films sur son site Internet, et ce jusqu'au 15 juillet 2010, pourvu qu'ils soient tournés en 2009-2010 et au format de 52 min. La liste des films retenus par l'organisation du festival sera publique courant septembre prochain. Après la «Planète», la thématique du festival continue sur sa lancée écologique et consacre sa programmation thématique à l'«Environnement», plus précisément, la question de l'eau, les économies alternatives et la musique. Pour cette deuxième catégorie, toutes les durées sont acceptées et quelle que soit l'année de production, la finalité étant surtout constructive et alarmiste. Petite vie du Fidadoc Organisé par l'Association de culture et d'éducation par l'audiovisuel, le Fidadoc est cette bouffée d'air par l'image de la ville d'Agadir. Le Festival a célébré l'année dernière le 20e anniversaire de la Convention des droits de l'enfant. Et dans le prolongement de la thématique de l'année précédente sur la gestion de l'eau en Afrique, une journée entière a été consacrée cette année aux enjeux de la biodiversité. Cette sensibilisation aux valeurs de l'humanisme est très présente également à travers la fidélité du festival aux créateurs. En effet, membre du jury de la première édition, Jawad Rhalib y a présenté l'année dernière son dernier film «Les damnés de la mer». Rappelons également le palmarès de la deuxième édition. Le Prix du public est allé à «King of India» réalisé par Arvind Sinha (Inde). La mention spéciale du jury est revenue à «Shanti : l'Ecole de la dette» réalisé par Hubert Dubois (France). Quant au prix du jury et le Grand prix, ils ont été décernés respectivement à «La pépinière du désert» réalisé par Laurent Chevallier (France-Maroc) et «La campagne de Sao José» de Marie-Pierre Brêtas (France, Brésil).