Imaginez un univers composite noyé dans une lumière noire et surplombé par un astre sombre présent et absent à la fois ! Tandis que les confettis colorés viennent égayer le paysage, des formes géométriques diverses en révèlent toute la profondeur. Les dernières toiles de Mohamed Mourabiti ont ça de troublant, de happant. Devant cette majesté artistique, impossible d'échapper à la déroute. L'artiste a tant de choses, de confidences à livrer et le spectateur ne peut que tendre l'oreille ou plutôt l'œil pour en saisir l'essence. Expérience interactive ? La nouvelle exposition de Mourabiti, abritée par l'Atelier 21 à Casablanca jusqu'au 6 mars, l'est par excellence. Apostrophes Avis aux amateurs qui ne craignent pas de se compromettre... artistiquement. «Soleil noir», de son nom, est une exposition particulière, tant par son titre que par son fondement. Elle marque une nouvelle ère dans le travail pictural de Mohamed Mourabiti. Même s'il reste fidèle à des éléments clés, l'artiste n'en est pas moins novateur. Inviter le noir, couleur - ou plutôt non-couleur- indomptable, dans son univers, relève du courage, de l'audace dirons-nous même. Et Mourabiti semble bien assumer son «culot artistique». La création n'est-elle pas provocation, en fin de compte? En tout cas, le résultat ne déçoit nullement. Si la lumière se fait noire, les figures géométriques, chères au cœur de l'artiste, elles, s'illuminent, prennent vie et se révèlent au regard, tels des reliefs. Une sorte d'apostrophes visuelles qui rappellent les influences ayant façonné l'art de Mourabiti. La forme parabolique, sublimée par quelques teintes claires voire blanches, évoque la fascination par les marabouts et leurs sanctuaires. Marrakech et ses sept saints ; comment y échapper, quand on réside si près, à quelques kilomètres seulement, à Tahannaoute? La fascination prend naturellement forme sur la surface blanche et se métamorphose au gré des inspirations et des humeurs. Tantôt pointue, franchement triangulaire et parfois implicite, cette forme habite l'œuvre de Mourabiti, la hante telle une présence bienfaitrice et occulte à la fois. Le papier journal, noyé dans la colle et façonné par les mains habiles de l'artiste, vient constituer une sorte de ciel artificiel. Un horizon multicolore qu'une rumeur sourde anime, telle une prière, une plainte. L'univers de Mourabiti s'en trouve plus spirituel, plus profond et surtout plus troublant. N'est- ce pas là le propre de l'art ? Bio express Mohamed Mourabiti est né en 1968 à Marrakech. Artiste autodidacte, il compte de nombreuses expositions personnelles au Maroc et à l'étranger. Son attrait pour la peinture ne date pas d'aujourd'hui. Aussi loin qu'il se souvient, Mourabiti a toujours aimé peindre. Quand il a quitté le lycée pour travailler, il s'est astreint un emploi du temps strict pour apprendre la peinture sous la férule des professeurs des arts plastiques au lycée Jaber Ibnou Hayane à Casablanca. Avec le temps, le désir de peindre est devenu si impérieux que l'artiste a choisi des professions de nature à lui permettre de consacrer le plus clair de son temps à sa passion.