Mobbing, harcèlement moral, voire agression physique ou verbale. Tel est le quotidien des milliers de personnes vivant avec le VIH/SIDA. La peur d'être « diabolisées ». C'est cette situation qui a incité l'Association de lutte contre le sida (ALCS) à choisir, pour ses Assises nationales ce week-end à Marrakech, le thème de « Stigmatisation et discrimination : l'autre pandémie ». Ce choix atteint sa quintessence quand on sait qu'au Maroc, le SIDA est tabou. Il n'est pas juste une maladie. Il nous fait fuir l'autre parce qu'on a peur de lui. Pourquoi avoir peur, d'abord? Et pourquoi ne peut-on aller se faire dépister sans craindre le regard de l'autre ? ... Parce que le sidatique est assimilé à la mort et que dans l'inconscient collectif, loin du poids religieux, il porte la malédiction. Mais, surtout, parce que « les autres » sont confinés dans une ignorance totale de la maladie, de sa transmission, des moyens de la traiter, de la possibilité de vivre « socialement » tout en portant le virus du sida. Cette situation, somme toute assimilée à du racisme envers des malades, s'amplifie aux dires des ONG qui luttent contre ce virus. Les malades du sida se retrouvent aujourd'hui acculés, forcés de vivre dans un grand « isoloir social »: ils ne peuvent pas trouver un emploi, ni vivre en groupe, ni même sortir dans la rue,... sans avoir au préalable réduit au silence ce qu'ils « portent en eux ». Ce sont ces gestes discriminatoires qu'il faut aujourd'hui combattre en expliquant que les malades du sida, ces « séropositifs », sont des malades comme les autres,...des humains comme les autres. Parce qu'un traitement médical a un prix et qu'une dignité n'en a aucun.