Les économies dégagées de la décompensation du gaz butane et surtout, de rentrées d'impôts meilleures que prévu, sont soutenues par la forme olympique de l'IS et l'IR, essentiellement. Au total, 30,3 milliards de DH forment la cagnotte bienvenue du Trésor, répartie entre 27 milliards de recettes supplémentaires et 3,3 milliards d'économies dégagées de la décompensation du gaz butane. De quoi financer les immenses chantiers de l'«Etat social». Si les ménages étaient à la place de l'Etat, ils auraient largement de quoi financer leurs vacances l'été prochain, voire celles des deux années suivantes, tout en consolidant leur propension à épargner. En effet, la situation financière du Trésor connaît une embellie rarement vue durant ces vingt dernières années. Des rentrées d'impôts exceptionnelles et surtout, des économies sur les dépenses de compensation, devraient lui assurer une confortable cagnotte pour financer les programmes de «l'Etat social» et les aides au logement. 3,3 MMDH Le ministre délégué au Budget, Fouzi Lekjaa, avait levé le lièvre au Parlement juste avant le break de l'été. Les chiffres révélés à l'époque étaient plutôt impressionnants. Ce qui explique, au passage, les augmentations concédées aux enseignants et au personnel de la santé. Selon le ministre, l'élagage des dépenses de compensation rapportera jusqu'à 100 milliards de dirhams au Trésor d'ici 2025 en rappelant que la baisse de la subvention du gaz butane va se poursuivre. Elle a déjà rapporté à fin octobre 3,3 milliards de dirhams (MMDH). Fouzi Lekjaa n'est pas le seul à penser que subventionner le gaz de manière indifférenciée était une gabegie budgétaire. Selon les estimations du ministère des Finances, de 2015 à 2023, l'Etat a dépensé 111 MMDH (vous avez bien lu !) au titre du soutien au prix du gaz, dont seulement 14% ciblent effectivement les ménages les plus pauvres. Paris gagnants Sept mois après avoir activé la décompensation partielle du butane, les données semblent conforter le choix du gouvernement qu'aucun de ses prédécesseurs n'avait osé mettre en œuvre. Il faut quand même rappeler que c'est sous le gouvernement conduit par le PJD en 2014 que les subventions sur le carburant avaient été suspendues. Une décision courageuse, car il fallait résister à la pression de plusieurs lobbys et aux réserves du ministère de l'Intérieur. Dans le budget 2024, la baisse de la subvention au gaz butane a permis d'économiser 3,3 MMDH à fin octobre, soit deux fois ce que coûte le soutien au prix du sucre à la collectivité. En plus des économies sur le butane, l'autre cagnotte du Trésor est alimentée par la forme olympique des rentrées fiscales. Comparé à l'année dernière, les impôts ont rapporté 27 MMDH de plus dont 12,3 milliards provenant de l'impôt sur les sociétés et l'IR. Les trois premiers acomptes de l'année ont été meilleurs que prévu, 3 MMDH de plus engrangés ainsi qu'un bon rendement de la retenue à la source sur les produits de placement à revenu fixe et les rémunérations aux tiers. Les recettes de ces deux taxes ont rapporté 900 millions de dirhams (MDH) de plus que les prévisions. L'autre moteur de la santé financière affichée par le Trésor tient au bon comportement de l'IR dont les recettes augmentent de 5,9 MMDH par rapport à l'année dernière. Ce rendement exceptionnel tient à l'amélioration des recettes générées par l'IR sur les salaires (+2 MMDH), souligne le ministère des Finances. L'IR sur les profits fonciers (+500 MDH) ainsi que la retenue à la source sur les profits de cession de valeurs mobilières (+700 MDH) ont également bien performé. Réformes payantes Même si c'est à un rythme moins rapide que celui de l'IS et de l'IR, les recettes de la TVA progressent néanmoins, enregistrant une variation de plus de 8 MMH à fin octobre. Ses recettes ont progressé de 8,1 MMDH, tirées, comme souvent, par le prélèvement à l'importation (+5,2 MMDH) et un peu moins par la TVA à l'intérieur (+2,8 MMDH). Les réformes de l'IS et de la TVA, introduites respectivement en 2023 et 2024, commencent à porter leurs fruits, entre autres, avec la retenue à la source appliquée depuis le 1er juillet dernier, laquelle a permis de renforcer les mécanismes de lutte contre l'évasion et la fraude. Abashi Shamamba / Les Inspirations ECO