Le marché à terme voit enfin le jour. Après plus d'une décennie de préparation, cette initiative ambitieuse introduit les produits dérivés au sein des infrastructures financières. Elle représente une étape clé vers la modernisation et le renforcement du marché des capitaux, tout en positionnant le Maroc comme un acteur clé dans la région et en offrant aux investisseurs de nouveaux outils pour une meilleure gestion des risques. Le tant attendu chantier relatif au marché à terme a enfin abouti. Le lancement s'est déroulé mardi 12 novembre, une date qu'il faudra désormais marquer d'une pierre blanche. Il a été rehaussé par la présence du gotha des marchés financiers du Maroc, avec Nadia Fettah ministre de l'Economie et des Finances, Nezha Hayat, présidente de l'Autorité marocaine du marché des capitaux (AMMC), Abderrahim Bouazza, directeur général de Bank Al-Maghrib (BAM), Benjelloun Touimi, président du conseil d'administration de la Bourse de Casablanca, El Hadi Chaibainou, directeur général du Groupement professionnel des banques du Maroc (GPBM), Mounir Rizki, directeur général de Maroclear, Hassan Boulaknadal, PDG de la CIMR, Chakib Alj, président de la CGEM, Hassan Bensalah, président de la Fédération marocaine de l'Assurance (FMA), ainsi que les présidents des banques de la place. D'emblée, Nadia Fettah a assuré que «notre pays est prêt à lancer le marché à terme ainsi qu'une chambre de compensation, qui viendront compléter le marché des capitaux marocain et le faire entrer dans le cercle fermé des places financières disposant d'une infrastructure de marché intégrée, jouant pleinement son rôle dans le financement de notre économie». Après plus de 10 ans de préparation, le Maroc peut enfin se targuer de s'être doté d'un marché de produit dérivés, ouvrant ainsi le chemin à une transformation et une modernisation des infrastructures de marché qui constituent «une courroie de transmission essentielle au bon fonctionnement des marchés de capitaux», affirme Nezha Hayat. Justement, ce nouveau projet contribuera à revitaliser ce marché, à un moment où celui-ci est appelé à jouer un rôle croissant dans le financement de l'économie nationale. D'ailleurs, la présidente de l'AMMC a annoncé que «les premières demandes d'agrément pour les membres négociateurs et compensateurs ont déjà été reçues, marquant une étape importante vers l'opérationnalisation de ce marché novateur», tout en confirmant que les infrastructures techniques et les dispositifs opérationnels de ce marché sont déjà prêts. Pour sa part, Abderrahim Bouazza a soutenu que cette réforme, qui introduit dans un premier temps le produit «Futures sur indice», marque un tournant dans la diversification des instruments financiers, visant à accroître la profondeur et la compétitivité du marché national des capitaux. Des avantages considérables Le marché à terme offrira aux acteurs du marché de nouveaux instruments innovants de couverture contre les risques de marché tout en améliorant la liquidité des instruments financiers au comptant, attirant ainsi davantage d'investisseurs. Il permettra également de contribuer au rayonnement international de la place financière marocaine et de renforcer son positionnement régional et continental. En outre, l'instauration d'un marché des produits dérivés au Maroc repose, selon la ministre de l'Economie et des Finances, sur des bases solides, soutenue par un cadre macro-économique stable et un secteur financier robuste. Elle constitue l'aboutissement d'un long processus de réformes structuré autour de plusieurs axes stratégiques. D'abord, un ensemble de réformes législatives et réglementaires a été adopté pour renforcer la transparence et la stabilité financières, offrant aux autorités de supervision des moyens d'intervention et de coordination accrus. Ensuite, le marché des capitaux a été élargi pour offrir une gamme diversifiée d'instruments de financement – tels que les fonds de gestion collective (OPCVM, OPCI, OPCC), la titrisation, les obligations sécurisées, les project bonds, les sukuks, et le crowdfunding. Par ailleurs, des efforts substantiels ont été déployés pour renforcer la résilience des infrastructures de marché, notamment avec la mise en place d'un marché à terme. Le positionnement régional du marché des capitaux s'appuie également sur le hub de «Casablanca Finance City». Ce développement ne peut cependant être durable qu'en intégrant de façon continue l'évolution de l'environnement des risques, qui impose de nouvelles normes, et en s'inscrivant dans une logique de finance responsable, inclusive et durable. La bourse se transforme en holding Le marché des capitaux est donc entré dans le cercle fermé des places financières disposant d'une infrastructure de marché intégrée, et jouant pleinement son rôle dans le financement de l'économie. Cela n'aurait pas été possible sans la structuration de la Bourse de Casablanca en holding. C'est ainsi qu'avant l'annonce du lancement du marché à terme, le Comité du marché des capitaux (CMC) a tenu sa troisième réunion sous la présidence de Nadia Fettah. Cette réunion a abouti à la validation du schéma de transformation de la Société gestionnaire de la Bourse de Casablanca en Holding qui s'inscrit dans la continuité du processus de démutualisation de la bourse, conclu en 2016. Dans le détail, la transformation institutionnelle et organisationnelle de la Bourse de Casablanca se déroulera en quatre phases distinctes : d'abord, la conversion de l'actuelle Société gestionnaire de la Bourse en une holding et la filialisation de l'activité du marché au comptant ; ensuite, la création de la Société gestionnaire du marché à terme, qui sera détenue intégralement par cette holding ; puis, l'activation de la Chambre de compensation, accompagnée d'une réorganisation de son actionnariat selon un modèle de capital mixte (Holding 51%/Banques 49%) ; enfin, l'acquisition par la holding d'une participation significative dans le capital de Maroclear. Dans le prolongement de la réunion du CMC, et de l'évènement de lancement du marché à terme, s'est tenue une cérémonie de signature de la documentation associée à la transformation de la Société gestionnaire de la bourse en Holding, comprenant un protocole d'accord-cadre sur la transformation de la bourse en Holding, un protocole d'accord sur la Chambre de compensation ainsi qu'une convention de partenariat pour le développement du marché boursier. Sanae Raqui / Les Inspirations ECO