« C'est un moment historique. Le marché à terme et la chambre de compensation viendront compléter le marché financier marocain, permettant de diversifier les sources de financement tout en assurant la sécurité et la transparence des transactions », a déclaré la ministre de l'économie et des finances, Nadia Fettah à l'occasion de la conférence dédiée au lancement effectif du Marché à terme. Une restructuration en profondeur de la Bourse de Casablanca Cette transformation repose sur la structuration de la Bourse en un modèle de holding, fruit de plusieurs réformes initiées depuis la démutualisation de 2016. Cette décision, actée lors de la 3e réunion du Comité des marchés des capitaux présidée par Nadia Fettah, vise à repositionner la place financière casablancaise comme un pilier incontournable en Afrique. « Grâce au marché à terme et à la création d'une Caisse de compensation, nous doterons notre économie d'outils modernes pour diversifier les sources de financement », a-t-elle précisé. La structuration en holding inclut la filialisation des activités liées au marché comptant, au marché à terme, et à la Chambre de compensation (CCP), ainsi qu'une prise de participation significative dans Maroclear. Cette nouvelle architecture vise à mieux mobiliser les financements institutionnels et privés, tant locaux qu'internationaux. Un levier stratégique pour attirer des capitaux Pour Nezha Hayat, présidente de l'Autorité Marocaine du Marché des Capitaux (AMMC), « le lancement du marché à terme, porté par le ministère de l'Economie et des Finances, Bank Al-Maghrib, et l'AMMC, représente un levier stratégique pour la Bourse de Casablanca. » Ce dispositif devrait non seulement attirer de nouvelles liquidités, mais aussi améliorer la gestion des risques financiers. Hayat souligne que le Maroc devient ainsi la deuxième place financière en Afrique à disposer d'un marché à terme, offrant aux investisseurs des instruments de couverture plus sophistiqués. Des instruments financiers pour moderniser le marché Tarik Senhaji, directeur général de la Bourse de Casablanca, a détaillé les avancées prévues dans ce cadre. Il a évoqué l'introduction prochaine de produits dérivés sur indices boursiers et de futures sur les taux d'intérêt, afin d'aider les investisseurs à mieux gérer les risques. « Cette modernisation apportera des outils de couverture essentiels tout en dynamisant le marché et en créant de nouvelles opportunités d'investissement », a-t-il souligné. La mise en place d'une contrepartie centrale, essentielle pour sécuriser les transactions, sera un pilier de cette réforme. Elle soutiendra le développement du marché des capitaux tout en augmentant la transparence, renforçant ainsi la confiance des investisseurs. Premières opérations prévues en 2025 Interrogée par l'Observateur du Maroc et d'Afrique, Nezha Hayat a confirmé que les premières opérations sur le marché à terme devraient être lancées dès le premier trimestre 2025, sous réserve des autorisations délivrées par l'AMMC et Bank Al-Maghrib. « Nous recevons déjà des dossiers d'agrément. L'introduction de ces nouveaux produits financiers devrait dynamiser l'écosystème des marchés de capitaux marocains, attirant à la fois des investisseurs nationaux et internationaux, tout en offrant des solutions de financement innovantes aux entreprises », a-t-elle affirmé. Diversification des financements pour soutenir les entreprises D'après Chakib Alj, président de la Confédération Générale des Entreprises du Maroc (CGEM), cette évolution arrive à un moment critique pour l'économie nationale. « Aujourd'hui, 90 % des financements proviennent du secteur bancaire. Il est urgent de diversifier les sources de financement afin de soutenir notre croissance économique », a-t-il insisté. Alj a mis l'accent sur l'importance d'aligner le marché financier avec la réalité économique marocaine, constituée à 95 % de PME. En facilitant l'accès à la Bourse pour ces entreprises, le Maroc pourrait diversifier son marché financier tout en stimulant la croissance des entreprises locales. Les acteurs de la finance s'engagent En marge de la conférence deux protocoles d'accord et une convention de partenariat ont été signés pour transformer la Société Gestionnaire de la Bourse de Casablanca en holding. Le premier protocole d'accord, signé entre plusieurs parties dont le ministère de l'Economie et la Bourse de Casablanca, marque la création du nouveau Groupe Bourse de Casablanca. Le second concerne la restructuration du capital de la chambre de compensation (CCP) entre la holding et les établissements de crédit. Enfin, la convention de partenariat, impliquant diverses associations et la Bourse de Casablanca, vise à dynamiser le marché boursier et à renforcer le financement de l'économie, en lien avec les objectifs du Nouveau modèle de développement et de la Charte d'Investissement.