L'ambition du Maroc d'intégrer le groupement économique des BRICS repose sur la poursuite du positionnement stratégique du Royaume, résolument engagé dans l'ouverture de son économie sur de nouvelles zones économiques. Une adhésion qui, une fois aboutie, serait synonyme d'un nouveau palier en matière de relations économiques, politiques et diplomatiques. En soumettant sa demande pour rejoindre le groupement économique des BRICS composé par le Brésil, la Russie, l'Inde, la Chine et l'Afrique du Sud, le Maroc entend amorcer un nouveau virage de sa politique économique et diplomatique en capitalisant, d'une part, sur la poursuite de son positionnement stratégique tourné vers l'ouverture de son économie sur de nouvelles zones économiques – et par ricochet la réduction de sa dépendance vis-à-vis de ses principaux partenaires de l'UE – et, d'autre part, sur la consolidation de ses alliances géopolitiques, dans la continuité du Mouvement des Non-alignés. En chiffres, le bloc des BRICS regroupe près de 3,2 milliards d'habitants, soit 40 % de la population mondiale. En termes de poids économique, ce club représente, depuis sa constitution officielle en 2009, le quart de la richesse planétaire et les deux tiers de la croissance mondiale. La décision consensuelle d'accepter plusieurs marchés En près de quinze ans, le poids économique des BRICS dans le PIB mondial est passé de 16 à 27%, alors qu'il serait à l'origine de 50% de la croissance économique mondiale au cours des dix dernières années. Pas étonnant donc de voir affluer les candidatures à l'élargissement du groupement. Ce sera d'ailleurs l'un des enjeux du prochain sommet prévu du 22 au 24 août en Afrique du Sud qui exerce la présidence tournante. 69 pays, dont des pays africains, ont été invités à prendre part au rendez-vous de Johannesbourg. Mais une attention particulière sera portée aux 23 candidats qui frappent à la porte de l'organisation. Une liste de prétendants dans laquelle on trouve de nombreux représentants de la région MENA. En plus du Maroc, l'Algérie, l'Egypte, l'Iran, l'Arabie Saoudite, les Emirats Arabes Unis, le Koweït, la Palestine ou encore Bahreïn sont également candidats. Parmi les autres aspirants, on compte l'Argentine, le Bangladesh, la Biélorussie, la Bolivie, Cuba, l'Ethiopie, le Honduras, l'Indonésie, le Kazakhstan, le Nigéria, le Sénégal, la Thaïlande, le Venezuela ou encore le Vietnam. La question loin d'être réglée Pour autant, le sujet de l'élargissement des BRICS n'est pas encore tranché. En effet, les avis divergeraient encore au sein des pays membres, certains y voyant une opportunité d'expansion économique quand d'autres restent encore réticents pour l'instant. En tout cas, il est utile de souligner que les appels à une expansion du groupe ont germé en 2013, recevant un nouvel élan avec l'entrée en vigueur de la présidence chinoise en 2017. Plus encore que l'intérêt d'un pays ou d'un autre, dans cette expansion, pour renforcer sa force de frappe commerciale, les observateurs y voient un champs favorable pour prendre à bras-le-corps des enjeux cruciaux comme la sécurité alimentaire mondiale, le renforcement du commerce transfrontalier de l'électricité, l'impulsion du commerce d'hydrogène, ou encore la fédération des efforts pour une coopération plus accrue dans les énergies renouvelables et la lutte contre le changement climatique. Toujours est-il, pour le Maroc – même si le sujet de la demande d'adhésion n'a pas encore été officiellement commentée -, les observateurs analysent déjà la portée d'une potentielle entrée dans le club des BRICS. Les voyants des commerciaux du Royaume avec la plupart de ces pays sont au vert, mais ce qui est certain, c'est qu' une telle adhésion « permettrait de poser les jalons de ces nouvelles synergies économiques », explique un expert en relations internationales. Genèse Avant l'ajout de l'Afrique du Sud en 2011, le groupe était appelé BRIC (Brésil, Russie, Inde , et Chine), terme initial acté en 2001. Selon une étude de la banque d'investissement Goldman Sachs, l'économie des pays du groupement BRIC allait rapidement se développer. Leur PIB total devrait égaler en 2040 celui du G6 (Etats-Unis, Allemagne, Japon, France, Royaume-Uni et Italie). Regroupés, les BRICS pourraient faire contrepoids au G8, estiment les experts. Yassine Saber / Les Inspirations ECO