Ça y est, on y est! Enfin! Elle en a mis du temps avant d'arriver! C'est normal qu'elle se fasse désirer. Elle n'est pas normale, elle. Elle est même exceptionnelle. Des comme ça, on n'en a pas tous les ans. La dernière fois, je n'étais pas encore né. Je ne sais pas si vous avez une idée, mais il a fallu attendre un millénaire avant d'en avoir une aussi gracieuse et aussi ronde : 2010! Qu'est ce qu'elle est belle! Tenez, si vous permettez, on va prendre deux minutes, et on va essayer de l'analyser ensemble. Commençons par l'apparence. Regardez bien : 2010, c'est 20 et 10. Qu'est ce que vous pouvez en dire? Rien? Ça se voit que vous n'avez pas la bosse des maths comme moi. Vous savez, on ne peut pas tout avoir. Moi, quand j'étais jeune, j'étais nul en histoire. Je confondais toujours Napoléon avec Bonaparte. Plus tard, je me suis beaucoup amélioré : j'ai commencé, par exemple, à faire une distinction très nette entre Allal El Fassi et l'autre... Vous voyez de qui je veux parler... Excusez-moi, je m'égare... En plus, ça, c'est une autre histoire. Revenons maintenant à 2010! Alors, qu'est ce qui vous frappe à première vue? Vous ne voyez rien? Bon, je vais vous aider. 20 c'est, à l'unité près, le double de 10. D'après vous, qu'est ce que ça pourrait bien cacher, ça? Je vais vous le dire. À mon avis, de deux choses l'une : si nous sommes chanceux, nous allons avoir une année deux fois plus marrante que la précédente. Sinon, pauvres malheureux, ça va être le contraire. Et là, on va bien se marrer. Cela dit, le bon sens qui me caractérise de temps en temps, et mon petit doigt qui ne me quitte jamais d'un pouce, me disent tous les deux qu'il est absolument impossible que 2010 soit plus mauvaise que 2009. Car 2009, et quoi qu'on nous dise, a été la pire de toutes celles pas terribles que nous avons vécues. Franchement, après tout ce que nous avons enduré durant cette piteuse année, qu'est-ce qui pourrait bien encore nous arriver de pis? Nous avons atteint le top. Le top des flops! Vous n'êtes pas d'accord? D'accord! Je vais vous rafraîchir la mémoire. Je vais me contenter de 2 ou 3 exemples. Tiens, en parlant de flops, ça m'a rappelé tout de suite toute cette flotte qui nous est tombée sur la tête. Et bien, pour certains, les pauvres, c'est carrément le plafond qui s'est effondré sur leur crâne. Vous allez me dire que c'est la faute du ciel. Je suis désolé, mais le ciel n'y est pour rien. Les raisons de cette catastrophe sont très terre-à-terre : les maisons qui sont tombées étaient – passez-moi ce très mauvais jeu de mots – «tombales» depuis bien longtemps. Et tout le monde le savait. C'est dé-so-lant ! Autre exemple : je devrais même dire «autres exemples» tellement ils étaient nombreux cette année : les coups de pied donnés au derrière de la liberté de presse. Des censures à gogos et des procès à la pelle. Un record ! Un mot de travers et c'est la muselière. Une phrase qui dénote et c'est les menottes. Un papier un peu flou et c'est le trou. Un dessin pas rigolo et là c'est le gros lot! Si on continue comme ça, on ne pourra même plus faire guili-guili à son bébé ni de grimace au singe du zoo. Mais où va-t-on ? Et encore, je n'ai abordé ni la java des barons ni les ratés de notre ballon ni le râteau d'Aminatou. C'est la-men-table ! Bref, pour moi et pour tant d'autres, 2009 a été l'année de toutes les crasses. J'espère, de tout cœur, que 2010 soit celle de toutes les audaces. Dites amen !