La hasard qui ne fait pas toujours bien les choses, fait toutefois aujourd'hui que cette modeste chronique de votre humble serviteur coïncide, pile-poil, avec la fin calendaire des vacances. Je ne sais pas si vous, vous en avez eu, des vacances, mais comme moi, je n'en ai pas eu de vraies, je préfère vous dire, avec tout le respect que je vous dois, que je m'en balance comme de ma première toupie. Par contre je me suis beaucoup intéressé aux vacances de nos ministres et leurs leurs acolytes, lesquels, si l'on croit la rumeur publique et les fuites privées, n'auraient eu de congé que le nom. Certains aimeraient sûrement m‘interrompre pour me rétorquer qu'ils ne méritent aucun repos pour le peu qu'ils ont fait. Moi, je n'irai pas jusque-là. D'abord, je ne suis pas si méchant, et ensuite, je ne sais rien de ce qu'ils ont fait, ni de ce qu'ils n'ont pas fait. Cependant, je sais ce qu'ils auraient dû faire. Oui, je peux vous paraître un peu prétentieux, mais au vu de ce que j'entends et je lis par ailleurs, je me dis pourquoi pas moi ? Revenons à nos amis qui ne le sont pas tous, loin s'en faut. Je vous rassure tout de suite : je ne vais pas faire de bilan. C'est vrai, c'est encore tôt, mais, en plus, dès que j'entends le mot «bilan», j'entends le mot «déposer», et ça, ça ne me plaît pas beaucoup. Alors, pour être plus positif, je vais parler plutôt d'analyse. Je dis bien «analyse» et pas «psychanalyse» quoique, il fallait être un peu fou pour croire à tous leurs beaux discours. Attention : je ne dis pas qu'ils nous ont raconté des bobards ou qu'ils nous ont mené en bateau, mais ils doivent reconnaître le plus vite possible, et le plus tôt serait le mieux, que tout vertueux qu'ils sont ou qu'ils prétendent être, ils ont péché par excès excessif de bonnes intentions. Parce que les bonnes intentions, mais aussi les magnifiques résolutions et les extraordinaires dispositions, il n'y avait que ça! C'était incroyablement tentant et c'est pour cela que presque tout le monde y a cru. Je vais vous faire un aveu : même le cynique et incrédule que je suis, tout en n'y croyant pas une seconde, j'espérais, au fond du fond de moi-même, qu'un tout petit peu de tout ce qu'ils nous promettent finit par nous tomber du ciel sur nos têtes. Hélas et mille fois hélas, de tout ça, jusque-là en tout cas, on n'a vu que du feu. Justement, à propos de feu, j'ai bien peur que si ça continue comme ça, à Dieu ne plaise, que ça chauffe pour de bon, et à ce moment-là, ce n'est pas avec les bonnes paroles ni avec les larmes qu'on va pouvoir éteindre les flammes. Et j'en arrive à ce qu'ils auraient dû faire : à mon humble avis de bon donneur de leçons, ils auraient dû savoir que les Marocains - comme d'ailleurs les Vietnamiens, les Finlandais et les Swazilandais - aiment bien qu'on leur fasse de belles promesses, mais à la condition nécessaire et indispensable d'avoir les moyens, la capacité, et, surtout, le pouvoir de les tenir. Sinon, il est préférable de… se retenir. Maintenant, ce qui est fait est fait. Ils sont rentrés les yeux fermés et ils ont beaucoup de mal à les ouvrir. Pourtant, tôt ou tard, il va falloir le faire, et là, ils vont voir ce qu'ils vont voir. Les pauvres ! Mais, je ne vais pas les plaindre. Après tout, ce sont eux qui ont voulu nous rendre heureux avant l'heure. Et comme disent les Marocains - mais sûrement aussi les Vietnamiens, les Finlandais ou les Swazilandais - «l'entrée au hammam n'est pas comme sa sortie». Bon ben, maintenant, je vais vous laisser à vos propres prédictions, et vous souhaite à toutes et à tous, un très bon week-end et une bonne rentrée.