La présidente de la HACA a exposé les principales pistes qui devraient permettre aux médias publics audiovisuels de mieux s'adapter au contexte de la crise sanitaire et de se recentrer sur leurs missions de base en fournissant des informations crédibles, «produites par des professionnels experts et respectueux de l'éthique de leur métier». L'univers médiatique «traditionnel» se trouve devant un virage important, dicté par la nécessité de ne plus se focaliser sur la mise à niveau technologique, mais sur le contenu des messages adressés au public. Lors du Forum international des régulateurs audiovisuels, organisé par visioconférence par l'International institute of communications, basé à Londres, Latifa Akharbach, présidente de la Haute autorité de la communication audiovisuelle. (HACA), a mis en relief les principales difficultés, pour les radios et télévisions classiques, à «appréhender les transformations de la demande du public, devenu internaute, et à s'adapter aux nouveaux usages des médias, nés de la digitalisation et de la globalisation de la communication. Dans la nouvelle réalité des médias, la radio, et surtout la télévision, ne constituent plus qu'une partie des ressources audiovisuelles disponibles dans le vaste univers d'Internet», selon la présidente de la HACA. «Si les médias ont toujours eu à s'adapter aux évolutions technologiques pour survivre, l'effort à fournir aujourd'hui, par la radio et la télévision, est encore plus grand car les mutations, induites par la technologie numérique, sont rapides, profondes et disruptives», a-t-elle estimé. Vers un changement du modèle communicationnel Le constat, dressé par le gendarme de l'audiovisuel, découle du changement dans le rapport des chaînes de radio et de télévision à leurs publics, «qui a été bouleversé en profondeur, en très peu d'années», selon les conclusions de la présidente. Ces publics sont devenus des consommateurs actifs, qui ont la possibilité d'intervenir dans les programmes et qui sont, eux-mêmes, parfois créateurs de contenus. Ce sont deux défis majeurs qui se dressent actuellement devant la radio et la télévision et qui les poussent à «devenir un média global, avec une offre de contenus multi-supports et cohérente avec les nouvelles attentes du consommateur des médias», indique la HACA. Il s'agit, également, de «devenir un producteur de contenus compétitifs, face à l'offre des plateformes globales et des réseaux socio-numériques». La Présidente de la HACA a estimé, à ce propos, qu'il s'agit d'un renouveau éditorial et non pas seulement d'un upgrading technologique qui est, au demeurant, nécessaire. L'audiovisuel, dit classique, a beaucoup d'atouts et de points de force à faire prévaloir, selon elle : «Si les radios et télévisions renforcent leur capacité à investir dans le contenu de proximité et dans la diversité culturelle, leurs productions pourront faire la différence face aux contenus uniformisés pour audiences globalisées qui dominent dans la production des plateformes numériques». L'enjeu crucial de la mutation attendue devra se focaliser sur l'impératif de garantir une information crédible, fiable, fact-checkée, produite par des professionnels experts et respectueux de l'éthique de leur métier», sachant qu'au Maroc, 8 personnes sur 10 ont eu recours à la télévision publique pour s'informer durant la crise sanitaire de la Covid-19, selon les données de la Haute autorité. Younes Bennajah / Les Inspirations ECO