Afin de contribuer au développement et au dynamisme de l'industrie marocaine de la gestion d'actifs, l'ASFIM partage sa vision stratégique à horizon 2030. Plusieurs mesures y sont préconisées. Détails Le marché financier a connu de profondes mutations au cours des vingt dernières années. Cependant, l'ambition du Maroc de devenir une place financière régionale a permis d'accélérer de nombreuses procédures. L'Association des sociétés de gestion et fonds d'investissement marocains (ASFIM), entre autres acteurs du marché, affiche sa volonté de soutenir l'émergence du secteur. S'inscrivant dans une dynamique d'accompagnement de l'écosystème, la contribution de l'ASFIM vise à doter le marché financier marocain des outils nécessaires pour bénéficier d'un environnement des affaires favorable, équivalant à celui des pays développés. Il faut dire que l'industrie de la gestion d'actifs commence à jouer un rôle non négligeable dans le financement de l'économie. Selon la dernière étude de l'ASFIM, l'actif net géré à fin 2019 a enregistré une progression annuelle de près de 8% pour atteindre 470 MMDH, représentant ainsi plus de 41% du PIB et plus de 150% de l'épargne nationale brute. Encourager l'épargne des particuliers Ceci étant, la composition des investisseurs sur le marché de la gestion d'actifs fait état d'une représentativité quasi inexistante des personnes morales étrangères et des particuliers non-résidents. À cela s'ajoute l'épargne des particuliers qui reste à des niveaux très faibles, compte tenu de la population active et des investissements essentiellement tournés vers des produits garantis (comptes sur carnet, dépôts à terme…). Pour rectifier le tir et contribuer à une plus forte mobilisation de l'épargne, l'ASFIM, en partenariat avec le cabinet de conseil et d'audit Price Waterhouse Cooper (PwC), ont mené une réflexion stratégique sur la place et l'avenir de l'asset management au Maroc. Une collaboration qui a donné lieu à une vision stratégique à l'horizon 2030, assortie d'une feuille de route, pour continuer à faire de la place financière marocaine une des plus dynamiques de la région. Il en ressort qu'un certain nombre de défis doivent encore être relevés afin de développer le marché de l'asset management. Afin de capter davantage l'épargne des particuliers marocains, un vivier non encore exploité et donc un important potentiel, la profession souhaiterait voir adoptées un certain nombre de mesures qui passeraient par la mise sur le marché de nouveaux produits, l'intégration de nouveaux circuits de commercialisation, la mise en place d'incitations fiscales, la modernisation des infrastructures, la sensibilisation du grand public et la professionnalisation du métier. L'offre produits pourrait ainsi être renforcée par la mise en place d'un nouveau type de dépôt bancaire qui permettrait d'amener progressivement les épargnants vers les produits d'investissement. La profession table également sur l'élargissement de la palette des instruments financiers destinés à la collecte de l'épargne. Outre les ETF qui monopolisent encore l'attention des autorités à travers les derniers réglages législatifs, d'autres instruments méritent également réflexion, à savoir les organismes de placement collectif en valeurs mobilières (OPCVM) spécialisés, à dynamique régionale et continentale ou encore en devises étrangères. L'ASFIM propose également les plans d'épargne salariale qui visent à associer les salariés aux résultats de leur entreprise à travers un système d'épargne attractif (intéressement, participation...) De plus, la finance participative pourrait être un relais de croissance pour cette industrie à travers l'introduction d'OPCVM type Sharia Compliant. Un plaidoyer pour une fiscalité adaptée Par ailleurs, la profession souhaiterait entre autres engager des discussions avec les autorités de tutelle, le Groupement professionnel des banques du Maroc (GPBM) et l'ensemble des acteurs de la place financière marocaine pour la mise en place d'un processus de décloisonnement qui permettrait, à terme, la commercialisation d'offres concurrentes aux OPCVM. Au-delà de la diversification des produits de placement et de la modernisation des infrastructures, les professionnels de l'asset management souhaitent faire de la fiscalité un des leviers pour développer leur secteur d'activité. Un changement du statut actuel des OPCVM est préconisé pour passer de «l'exonération permanente de l'impôt sur les sociétés» à un statut mettant en adéquation ces véhicules d'épargne avec le profil de produits qu'ils représentent. Il s'agit d'éviter tout risque fiscal qui pourrait décourager les investisseurs en OPCVM et de leur offrir plutôt une stabilité, à travers un dispositif fiscal plus adapté aux caractéristiques mêmes des instruments financiers. Ainsi, l'ASFIM propose qu'une défiscalisation partielle du revenu imposable soit mise en place, qu'elle soit conditionnée par l'âge et la durée de détention (comme pour l'épargne retraite), ainsi que par un plafonnement du montant investi (comme pour le compte sur carnet). Outre ces éléments à mettre en place, la profession affirme que le marché financier marocain gagnerait à avoir plus de visibilité à l'international, même s'il fait figure de bon élève en matière de gestion d'actifs sur le continent.