La filiale marocaine de Colliers International compte développer une société de gestion de portefeuille pour la gestion des OPCI, comme nous l'explique Chakib Guessous, DG de Colliers International Maroc dans cet entretien. Finances News Hebdo : Pouvez-vous nous présenter le groupe Colliers International et ses domaines d'expertise ? Chakib Guessous : Le groupe Colliers est une entreprise internationale dont le siège est basé à Atlanta, aux Etats-Unis. Le groupe est coté au Nasdaq. Il est l'un des leaders mondiaux dans le secteur du conseil en immobilier. L'activité de Colliers est riche et diversifiée, puisque le groupe est intégré sur l'ensemble de la chaîne de valeur de l'immobilier. Cela va du conseil, de l'expertise immobilière, de la définition de la stratégie immobilière de grandes institutions, jusqu'à l'aménagement de bureaux, la réalisation d'études de faisabilité et la construction clés en main de projets, en passant par sa commercialisation. Nous avons donc une vision transversale et intégrée du secteur immobilier. Au Maroc, la société existe depuis 2008. Nos clients émanent de l'ensemble des institutions de la place, sans exception, comme les compagnies d'assurances, les caisses de retraites, les banques, les grands promoteurs immobiliers. F.N.H. : Peut-on avoir une idée sur les projets sur lesquels vous êtes intervenus récemment dans le Royaume ? Ch. G. : Nous avons travaillé sur des projets d'envergure, comme celui de la construction du nouveau siège de Maroc Telecom. Nous avons également construit pour CTM Messagerie un centre de tri ultramoderne. Nous étions aussi en project-management en charge de l'usine Bombardier à Nouacer. Nous avons par ailleurs construit deux usines pour des câbleurs automobiles (l'américain Lear corporation). Nous sommes également présents sur le projet de la plus haute tour d'Afrique à Rabat (Tour Othman Benjelloun ndlr). Nous intervenons aussi sur des opérations de promotions immobilières résidentielles et de moyen-standing. Nous faisons beaucoup de conseil à travers des études de marché pour aider les promoteurs à bien dimensionner leurs projets, mais aussi à travers le montage de leurs opérations, avec une ingénierie financière très forte. F.N.H. : Il y a aujourd'hui une grande curiosité des professionnels autour du lancement des OPCI. Pensez-vous que les conditions sont réunies pour le démarrage des OPCI ? Ch. G. : Je pense que l'ensemble des conditions sont réunies. Il y a aujourd'hui une attente très forte de la part des professionnels et des propriétaires de grands portefeuilles, pour ce produit. Preuve en est le nombre de participants à cette conférence et le fait que nous avons été malheureusement obligés de refuser certaines demandes de participation aux tables-rondes, faute de place. F.N.H. : Quelles sont justement les ambitions de Colliers International Maroc sur ce marché ? Ch. G. : Je vais vous donner l'exemple de la filiale de Colliers en France, qui a racheté ICADE Asset management, l'un des leaders de la gestion d'actifs en France avec plus de 2 milliards d'euros d'actifs sous-gestion. Ces actifs sont de l'immobilier d'entreprises, mais aussi du résidentiel. Car il faut savoir qu'en France, l'immobilier résidentiel locatif est assez développé et plus porteur qu'au Maroc. Aujourd'hui, cette activité de gestion d'actifs est très dynamique en France. Pour le Maroc, tout en nous appuyant sur le retour d'expérience de nos collègues à Paris, nous pensons avoir toute l'expertise nécessaire pour développer une société de gestion dès la publication de l'ensemble des textes d'application concernant la loi sur les OPCI. F.N.H. : A quel type de démarrage vous vous attendez ? Ch. G. : Au démarrage, les OPCI vont certainement passer par une petite phase d'attente, ou plus précisément de banalisation de ce produit auprès des personnes susceptibles d'être intéressées, qui n'en connaissent pas encore les avantages fiscaux. Il faut surtout lever toutes les zones d'ombre qui subsistent dans les textes de loi. Tant que ces questions ne sont pas clairement explicitées, il faut s'attendre au départ à une courte période de latence. L'évènement que nous organisons aujourd'hui se donne justement pour objectif de vulgariser ce produit, mais aussi d'apporter des réponses aux questions des investisseurs. ■ Propos recueillis par A. Elkadiri OPCI : un potentiel de 200 millards de DH Colliers International Maroc, société de conseil intégrée à l'ensemble de la chaîne de valeur de l'immobilier, filiale du groupe Colliers International, a organisé récemment une conférence sur le thème des OPCI (Organismes de placement collectif immobilier), qui devraient voir le jour prochainement au Maroc et devraient contribuer à la redynamisation du marché de l'immobilier. Et au vu de l'affluence à cet évènement, c'est peu de dire que la curiosité et les attentes sont réelles de la part des acteurs du marché, qu'ils soient promotteurs immobiliers, banquiers, assureurs, gestionnaires de portefeuilles, ou tout simplement entreprises détentrices d'un patrimoine immobilier à usage professionnel. La conférence a connu la participation remarquée du ministre de l'Economie et des Finances, Mohamed Boussaid. Ce dernier n'est pas venu les mains vides, puisqu'il a quelque peu répondu aux attentes des professionnels en leur donnant des précisions sur le calendrier : il a ainsi promis que l'activité des OPCI pourra démarrer au courant de l'été 2017, au plus tard à la rentrée de septembre. «Après le vote l'an dernier de la loi 70/14 donnant naissance aux OPCI et l'instauration de la neutralité fiscale pour ces produits dans la Loi de Finances 2017, il reste à émettre un décret qui est en cours d'élaboration et des circulaires d'application», a notamment déclaré le ministre. L'autre annonce du ministre concerne la taille estimée de ce marché. On apprend ainsi qu'une «étude montre que le stock d'actifs immobiliers potentiels sur le marché des OPCI est de 200 milliards de dirhams. Pour avoir un ordre de grandeur, l'actif net sous gestion des OPCVM tourne autour de 300 Mds de dirhams», selon le ministre. Cette activité nouvelle, dont le mécanisme de gestion est proche de celui des OPCVM, va presque faire doubler la taille des actifs sous gestion de l'industrie de la gestion d'actifs. D'après les professionnels, l'objectif serait d'atteindre un ratio de transformation cible de 15% de l'assiette immobilière du Maroc en actifs immobiliers. Les mêmes professionnels sont également revenus sur les nombreux avantages qu'offre cette classe d'actifs. Outre sa fiscalité avantageuse, elle doit permettre à un grand nombre de particuliers d'investir dans la pierre en acquérant des parts d'actifs immobiliers à usage professionnel sans pour autant débourser de grandes sommes d'argent pour acquérir le bien dans sa totalité. Ces parts produiront pour les investisseurs des revenus locatifs stables et intéressants, selon les professionnels. Les OPCI devraient également avoir un impact positif sur la canalisation de l'épargne et contribuer à la diversification des classes d'actifs sur le marché financier marocain (actions, obligations, OPCVM et bientôt donc OPCI). ■