Il est clair qu'un bout de chemin a été parcouru depuis 2010, mais les statistiques relevées par les comptes régionaux du Haut Commissariat au plan de l'année en question demeurent pleines d'enseignements. Le premier constat qui peut être tiré de ces chiffres fraîchement publiés: le Maroc a encore du travail à abattre pour réussir son Plan de régionalisation avancée. En effet, à l'heure d'aujourd'hui, sur les seize régions que compte le pays, six seulement s'accaparent près de 63,8% de la richesse nationale. Toutefois, il faut bien signaler que certaines régions commencent à se réveiller aux dépens d'autres qui voient leurs apports diminuer. Selon les comptes régionaux établis par le HCP, la région du Grand Casablanca, qui se classe en pole position, a vu sa part baisser légèrement de 0,3 pb par rapport à 2009 à 19,2%. Néanmoins, il faut bien signaler qu'il s'agit là d'une tendance observée depuis 2004, année durant laquelle la région contribuait à hauteur de 23,7%. Cette situation s'expliquerait en outre par l'émergence d'autres régions qui attirent les activités industrielles, longtemps restées «chasse gardée de la métropole économique» ou encore de celles liées au service et au BTP. Par ailleurs, en matière de contribution à la richesse nationale, Rabat-Salé-Zemmour-Zaër se classe deuxième avec 12,6%, mais avec une baisse de 0,4pb par rapport à 2009, suivie de Marrakech-Tensift-Al Haouz (8,9%). Viennent ensuite la région de Tanger-Tétouan avec 8%(-0,3pb), du Souss-Massa-Drâa avec 7,7%, soit une hausse de 0,1pb et de Chaouia-Ouardigha avec 7,5%, en hausse de 2,3 pb. Au milieu du tableau on trouve trois régions qui contribuent pour 17,4% (Doukkala-Abda avec 6,8%, Meknès-Tafilalet avec 5,5% et la région de l'Oriental avec 5,1%). En bas du classement la région de Tadla-Azilal s'enracine avec 2,8%, devancée par celle de Fès-Boulemane avec 4,4%. Ceci étant, l'écart absolu moyen entre le PIB des différentes régions et le PIB régional moyen a légèrement augmenté, passant de 22,9 MMDH en 2009 à 23 MMDH en 2010 «Par ailleurs, certains changements affectent la distribution du PIB après l'élimination du facteur démographique» souligne le HCP. Ainsi, le PIBR par habitant dépasse la moyenne nationale, qui se situe à 24.000DH en 2010, dans 5 régions que sont le Grand Casablanca (38.016 DH), Rabat-Salé-Zemmour–Zaër (37.256 DH); les régions du Sud (34.263 DH), Chaouia-Ouardigha (33.309 DH) et Doukkala-Abda (25.051DH). S'agissant des autres régions, le PIBR par habitant se situe entre 12.414 DH (Taza-Al Hoceïma-Taounate) et 23.124 DH (Tanger-Tétouan). À ce niveau, le HCP tient à préciser que «l'écart absolu moyen entre le PIB par tête des différentes régions et le PIB régional par tête moyen est en progression, passant de 6.337 DH en 2009 à 7.216 DH en 2010». Ce qui en d'autres termes veut dire que le pays souffre toujours d'une très grande dispersion des richesses régionales créées par tête. Pas de changement Par activité économique, l'on constate une fois de plus la prédominance des activités primaires (agriculture et pêche) dans les régions de Tadla-Azilal (35,4%), de Taza-Al Hoceïma-Taounate (33,3%) et du Gharb-Chrarda-Beni Hssen (31,4%). Les comptes régionaux de 2010 font également ressortir un constat déjà établi auparavant en matière de concentration des activités secondaires (industrie, mines, énergie et BTP) dans la région de Chaouia-Ouardigha (la part de ces activités dans la valeur ajoutée régionale a atteint 53% en 2010 ) et de Doukkala Abda avec 41,5%. Concernant la région du Grand Casablanca, il faut savoir qu'en dépit de la baisse du poids de ses activités, cette dernière s'est établie en 2010 à 39,5% contre 43,2% en 2004. Concernant le secteur tertiaire (Commerce - services marchands et non marchands), ce dernier dispose d'un poids très important dans les régions de Rabat-Salé-Zemmour-Zaër (77,2%), les régions du Sud (63%) et du Grand Casablanca (58,9%). Sur le registre des contributions régionales aux activités économiques, les derniers comptes régionaux n'ont pas constaté de grands changements par rapport à ceux établis en 2009. Ainsi, pour le secteur primaire, la part de sa valeur ajoutée régionale par rapport au total national reste importante dans les régions de Marrakech-Tensift-Al Haouz et du Souss-Massa-Drâa avec 10,6% chacune. Pour sa part, le secteur secondaire est plus présent dans la région de Casablanca qui concentre près de 26% de la valeur ajoutée. Cette région concentre également les activités tertiaires (20,8%), suivie de Rabat-Salé-Zemmour-Zaër (17,8%). Sur un tout autre registre, celui des dépenses de consommation finale des ménages (DCFM), le HCP signale que «leur distribution ne s'éloigne pas trop de celle du PIB». Cependant, de cette distribution entre les régions, il ressort des écarts moins importants. Ainsi, pour les six régions qui créent 63,8% de la richesse nationale, les habitants ont des dépenses de consommation finale se situant à près de 60,9% des dépenses de la consommation finale des autres ménages marocains. Quant à l'écart absolu moyen entre la DCFM des différentes régions et la DCFM régionale moyenne, il s'est situé a près de 12,8 MMDH en 2010 contre 12,4 MMDH en 2009. S'agissant de la moyenne nationale par habitant (13.719 DH en 2010), la DCFM est supérieure à cette moyenne dans six régions et c'est Rabat-Salé-Zemmour-Zaër qui se classe en tête avec 18.718 DH, suivie de Tanger-Tétouan (18.716 DH), du Grand Casablanca (17.279 DH), des régions du Sud (16.445 DH), de Fès-Boulemane (13.979 DH) et de l'Oriental (13 928 DH). Pour les autres régions, la DCFM par habitant se situe entre 9.175DH (Gharb-Chrarda-Béni Hssen) et 13.244 DH (Marrakech-Tensift-Al Haouz). En tenant compte de la répartition du PIB selon le découpage proposé par la Commission consultative de la régionalisation (12 régions), les comptes régionaux 2010 font état de l'existence de quatre régions riches et à économies diversifiées qui disposent d'un potentiel important de croissance tout en créant plus de 65,5% du PIB. Il s'agit de Casablanca-Settat qui augmente sa contribution de 1,9 pb à 28,9%, de Rabat-Salé-Kénitra qui baisse son apport de 0,7pb à 16,2%, de Marrakech-Safi en hausse de 0,1 pb à 11,4% et de Fès-Meknès, en baisse de 0,8 pb à 9,5%. Les autres régions intermédiaires au nombre de 4 : Tanger-Tétouan, Souss-Massa-Drâa, Béni Mellal-Khénifra et l'Oriental–Rif créent environ 26,6% du PIB. Quant aux quatre régions restantes (Drâa-Tafilalet et les trois régions du Sud, elles ne participent qu'à hauteur de 7,3% à la création du PIB. Pour ce qui est de l'écart absolu moyen entre le PIB des différentes régions et le PIB régional moyen, il s'est établi à 41,7 MMDH dans le découpage des 12 régions, au lieu de 23 MMDH dans le découpage en vigueur des 16 régions, consacrant ainsi une plus grande dispersion des richesses régionales créées dans le découpage proposé par la Commission consultative de la régionalisation. Régionalisation salutaire Concernant les données relatives au PIB régional par habitant, l'adaptation des comptes nationaux au découpage comprenant 12 régions fait état de l'existence de 4 régions (Casablanca-Settat, Rabat-Salé-Kénitra, Dakhla-Oued ed Dahab et Laâyoune-Saguia al Hamra) disposant d'un niveau supérieur à la moyenne nationale (23.955 DH/habitant). «Globalement, l'écart absolu moyen entre le PIB par tête des différentes régions et le PIB par tête national, montre une réduction de la dispersion par rapport au découpage en vigueur des 16 régions. Cet écart est de 7.071 DH au lieu de 7.216 DH», indique le HCP. S'agissant de la dépense de consommation finale des ménages, le découpage en 12 régions fait ressortir une concentration de distribution de la consommation dans cinq régions (71,2% de la consommation totale des ménages, au lieu de 61% dans le cas des 16 régions). Ces dépenses par région présentent par ailleurs, une dispersion plus grande. «L'écart absolu moyen des DCFMR par rapport à la moyenne est de 21.5 MMDH dans les 12 régions contre 13 MMDH dans les 16 régions», précise le HCP. Par ailleurs, le HCP précise que la structure de la dépense de consommation finale régionale par tête, comme celle du PIBR par habitant, présente une distribution moins dispersée dans le découpage des 12 régions. Cela étant, l'écart absolu moyen entre les DCFM par tête des différentes régions et les DCFM par tête régionaux moyen se situe à hauteur de 2.398 DH dans le découpage des 12 régions, contre de 2.607 DH dans le découpage actuel qui comprend 16 régions.