Premier port marocain avec 33,4% du trafic national, le port de Casablanca veut faire peau neuve. L'Agence nationale des ports (ANP) vient en effet de publier un appel à manifestation d'intérêt pour «la réalisation et l'exploitation, dans le cadre d'une concession, d'un nouveau chantier de réparation et de construction navale au port de Casablanca». Situé dans la partie Est du port, dans le bassin attenant au terminal à conteneurs Est et à la digue transversale, ce futur chantier naval vise à doter le port de Casablanca d'infrastructures de réparation navale lui permettant de proposer «une offre de qualité et compétitive», faire face à la demande actuelle et potentielle en matière de réparation, et développer les activités de réparation navale, pour un meilleur positionnement régional et méditerranéen du port de Casablanca sur cette activité. À travers ce projet d'envergure, le port de Casablanca souhaite ainsi rattraper son retard devenu handicapant dans l'industrie portuaire. Fortement sollicité, voire saturé, malgré un ralentissement de l'activité dû à la crise internationale, le chantier naval actuel ne répond plus aux besoins croissants de réparation navale. Rattraper le retard Jouissant d'une position géostratégique à fort potentiel puisqu'au croisement de deux routes maritimes, le port de Casablanca doit en effet faire face à une augmentation du trafic portuaire et donc à une sollicitation croissante de son chantier naval. À l'échelle internationale et ceci malgré un recul temporaire de l'activité, et compte tenu de la conjoncture, le secteur de la construction navale connaît une croissance importante depuis plusieurs années. Les chantiers navals sont ainsi de plus en plus saturés par les demandes pour de nouveaux navires et l'apparition de délais d'attente au niveau des besoins en réparation, inhérents à une flotte plus importante, qui empêchent la poursuite du développement du secteur à l'échelle internationale. Au Maroc, l'histoire est tout autre puisqu'aucune réelle industrie portuaire n'existe dans le pays. C'est bien pour cela d'ailleurs qu'une réforme portuaire est en marche depuis 2006 et doit s'achever, rappelons-le, d'ici 2030. Celle-ci prévoit en effet la mise en valeur et le développement d'une réparation navale industrielle dans le pôle Kénitra-Mohammédia-Casablanca. «Aujourd'hui positionnée dans les bassins historiques du port de Casablanca, face au centre-ville et à la medina, la réparation navale industrielle sera relocalisée en un autre lieu», précise ainsi la réforme. À l'époque de l'élaboration de la «stratégie portuaire du Maroc à l'horizon 2030», plusieurs hypothèses avaient été soulevées : le maintien à Casablanca mais sur une autre zone du port, à savoir le terminal Est, ou encore le déplacement vers un autre port, comme Kénitra ou Jorf Lasfar. Avec cet appel à manifestation d'intérêt, on apprend donc que le choix s'est finalement porté sur un maintien de l'activité à Casablanca. Le port de Kénitra doit, quant à lui, devenir un port de plaisance.