La filière ibérique a fait appel à la maison royale espagnole pour accélérer le rapatriement des saisonnières marocaines. Leur contrat de travail expiré depuis plusieurs semaines, celles-ci attendent impatiemment leur retour au Maroc. C'est l'euphorie dans les exploitations agricoles de Huelva où s'affairent 7.200 saisonnières marocaines, selon les statistiques fournies par le gouvernement régional andalou. Après l'annonce de Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères et de la coopération africaine et des Marocains résidant à l'étranger, devant la Chambre des conseillers du début de rapatriement des Marocains bloqués en Espagne, l'effervescence s'est emparée des maisonnettes où sont hébergées les travailleuses agricoles marocaines. Selon des sources diplomatiques en Espagne, les femmes enceintes et les malades seront les premières personnes à rejoindre leur pays dans le cadre de cette vaste opération de rapatriement. Jointes par téléphone sur leurs lieux de travail, une ambiance de liesse parvenait de l'autre bout du fil. Menanna, journalière agricole marocaine originaire de Chaouia est à 5 mois de grossesse. Elle l'a constaté des semaines après son arrivée sur son lieu de travail, fin février dernier. «J'ai deux enfants au Maroc et une nièce que j'ai adoptée après la mort de ma sœur. Je souhaite rentrer au plus vite», confie-t-elle aux Inspirations ECO. Au sujet de son état de santé et du suivi médical prodigué, Mennana est reconnaissante pour le traitement reçu. «J'étais et je suis toujours bien épaulée et orientée», souligne-t-elle. Au sein d'Interfresa, l'association des producteurs de fraises à Huelva, les inquiétudes commencent à se dissiper, laissant place à un brin d'espoir. «Nous avons traversé des moments difficiles durant cette campagne. Outre la gestion des aléas propres à toute campagne agricole, il fallait jongler avec les impératifs de la crise sanitaire, les protocoles au sein des exploitations agricoles, etc. Et le comble a été la fin prématurée de la saison agricole à cause de la baisse de la demande et le devenir des saisonnières marocaines», explique cette source autorisée à Interfresa. La filière avoue avoir frappé à toutes les portes afin que les travailleuses agricoles marocaines puissent rejoindre leur pays dans les plus brefs délais. «Le gouvernement central nous a profondément déçus. Nous n'avons trouvé aucune oreille attentive spécialement en ce qui concerne le sort des travailleuses marocaines qui ne savaient plus à quel saint se vouer après l'annonce de la fermeture des frontières», se rappelle notre interlocutrice. La situation s'est dégradée quand les patrons ont été acculés à mettre fin à la campagne à cause de la perturbation du marché. La filière nous révèle avoir fait appel à la maison royale espagnole afin que les saisonnières puissent être rapatriées via un couloir sanitaire, comme ce fut le cas avec les journalières originaire d'Ukraine et de Roumanie. Une bonne campagne pour les producteurs Le secteur veut croire que l'action d'interpeller le souverain espagnol aurait pu contribuer significativement au déblocage de la situation, d'autant plus que la maison royale espagnole n'a pas hésité à réagir aux doléances de cette importante filière espagnole . De fait, le secteur a expédié des envois d'une valeur de 475 millions d'euros durant le premier trimestre 2020. Du côté des saisonnières, la joie remplie les cœurs. Celles-ci, convaincues qu'elles seront sur le départ, se prennent en photos et immortalisent via des clichés cette saison particulière. Hayat est impatiente. Elle a hâte de retrouver ses deux enfants et son mari à Agadir où elle habite. Elle a à son actif douze ans de bons et loyaux services dans les exploitations agricoles espagnoles. «Je rends mon tablier. C'est ma dernière année. Je veux rester auprès de mes enfants», admet-elle. Patrons et employés s'accordent à dire que cette saison agricole était éprouvante à bien des égards. «J'ai eu à gérer une multitude de crises de panique et d'anxiété parmi les saisonnières marocaines», confie Salwa, l'une des dizaines de médiatrices sociales recrutées par la filière en tant qu'intermédiaire entre le secteur et ses employées. Elle-même a failli craquer à maintes reprises, résultat de cette forte charge émotionnelle qui a accompagné sa mission. «Nous sommes prêts et nous pouvons en quelques jours organiser des rapatriements en bus vers Tarifa, comme nous avons l'habitude de le faire depuis des années, ajoute Interfresa.