Situation amère pour les agrumes marocains. À l'horizon 2013, la production devrait atteindre 2,1 millions de tonnes, alors qu'en 2011-2012 et 2008-2009, la quantité produite avait atteint respectivement 1,8 million et 1,5 million de tonnes. Sur les mêmes périodes, une tendance baissière s'affichait en termes d'export pour se situer à 540.000 tonnes en 2008-2009 et à 465 000 tonnes en 2011-2012 d'agrumes. Au cours des années 70 et au début des années 90, l'exportation s'élevait encore à 700.000 tonnes. Quant à la part exportée, elle représente 60 à 70 % de la quantité totale produite. Une grande proportion de cette quantité (150.000 à 200.000 tonnes) s'exporte sous forme de jus de fruit. Aujourd'hui, le constat est clair, à peine 30% de la production est exportée à l'étranger, puisque la majorité des producteurs nationaux s'orientent de plus en plus vers le marché local. C'est ainsi qu'un tiers des exportations a été perdu en 20 ans, à l'exception des années où le Maroc a connu des sécheresses importantes. L'ASPAM, l'association des producteurs d'agrumes au Maroc, tient pour autant à souligner que les producteurs ont agi en conformité avec les objectifs fixés dans le contrat d'engagement, rédigé par le gouvernement en avril 2008. Dans ce sens, plus de 35% des objectifs prescrits pour l'année 2015 ont été réalisés. Le problème, cependant, demeure la logistique, le commerce et surtout les concurrences égyptienne, turque et espagnole, qui ont fini par prendre le dessus. Une grande quantité d'agrumes et de jus est importée de ces trois pays, puisqu'ils bénéficient de subventions et d'aides de l'Etat. En 1991-1992, la Turquie a exporté 185.000 tonnes d'agrumes au Maroc. La saison dernière, elle a exporté 1,4 million de tonnes. La dernière campagne d'exportation égyptienne s'élève à 923,800 tonnes en 2010-2011 contre 202.000 tonnes, il ya dix ans. S'agissant de l'Espagne, elle a augmenté ses exportations d'agrumes au Maroc d'environ 1 million de tonnes durant les 10 dernières ans. Pour sa part, la quantité exportée par le Maroc a connu une régression vers les marchés traditionnels, notamment l'Union européenne. La part de la clémentine n'a représenté que 44% cette saison, soit 143.000 tonnes. Le nouvel accord agricole entre le Maroc et l'Union européenne a en effet projeté l'augmentation de cette part à 175.000 tonnes. Pour la proportion des oranges, elle était de 306,800 tonnes, soit 16 à 25% au cours des dix dernières années. Dans le nouvel accord, aucune part n'a été allouée à cette catégorie, sachant bien que le prix d'importation a été fixé à 26,40 € / 100 kg sans définition de quantité limite. Au Maroc, la plupart des nouvelles plantations sont destinés aux petits fruits, au détriment de l'orange. Dans ce sens, les professionnels sont appelés à améliorer leurs exportations vers l'Union européenne. Il y a lieu de noter que la moitié des exportations d'agrumes est destinée à la Russie. Cela constitue un risque de dépendance en cas d'incident politique ou économique sur les exportations marocaines. Par ailleurs, le marché local se trouve dans une situation désorganisée, d'où la nécessité de le structurer, puisque le prix final ne profite pas aux agriculteurs et au consommateur final. Le contrat-programme avec le gouvernement prévoit l'augmentation de la production d'agrumes à 2,9 millions de tonnes en 2020. Le volume des exportations devrait atteindre quant à lui 1,3 million de tonnes en 2018, contre moins de 500.000 en 2010. Au vu la conjoncture actuelle, ce sera difficile à réaliser. Le contrat mentionne également que la hausse de la production est tributaire de 0,74 milliard d'euros pour les dépenses d'investissement. Les deux tiers de ce montant incombera aux professionnels.