Mario Draghi, président de la Banque centrale européenne, était en déplacement hier à Casablanca dans le cadre du séminaire de l'Eurosystème, avec les banques centrales des pays méditerranéens. Cette initiative qui en est à sa septième édition, s'inscrit dans le cadre des initiatives de l'Eurosystème, formé par la BCE et les banques centrales nationales des pays de la zone euro, pour la pérennisation des contacts et échanges de visions avec les autres banques centrales, au niveau mondial en général et au niveau de la rive sud de la méditerranée en particulier. Ces séminaires réunissent les gouverneurs et les représentants de haut niveau de l'Eurosystème et ceux des banques centrales des pays de la région méditerranéenne et accueillent également les représentants de la Commission européenne et de la banque européenne de développement. Il n'échappe à personne, comme le souligne le gouverneur de Bank Al Maghrib que cette septième édition, qu'accueille pour la première fois le Maroc, a lieu dans un contexte particulier, marqué par la crise économique en Europe d'une part et par des changements politiques majeurs dans les pays du sud de la méditerranée d'autre part. Aussi, une réunion préparatoire, organisée à Francfort, a précédé l'événement et a permis de dégager les trois thèmes qui constituent l'ordre du jour du séminaire de Casablanca. Ainsi, la première cession aura permis d'aborder les évolutions économiques et financières dans les pays méditerranéens et dans la zone euro et surtout d'échanger sur la manière idoine de faire face aux chocs internes et externes. Echange d'expériences La deuxième cession concerne la mise en œuvre de la politique monétaire, avec en ligne de mire un échange sur les expériences récentes dans la zone euro et dans les pays méditerranéens. Le constat qui ressort de ces deux premières cessions est exprimé par Mario Draghi, par «un besoin d'une vision à plus long terme». Et du président de la BCE de surenchérir, «nous bénéficions d'une décennie de dialogue». Ce qui va permettre de relever les challenges qui se profilent dans cette nouvelle ère. Pour la troisième et dernière cession, le sujet discuté est d'une importance particulière et concerne les politiques macroprudentielles et la stabilité financière. «Face aux difficultés conjoncturelles, nous nous sommes rendus compte que les mesures microéconomiques ne suffisent plus», admet volontiers le wali de BAM, qui valide ainsi la nécessité d'une approche macroprudentielle du secteur financier, allant au delà de la mission de veiller à la solidité des institutions financières individuelles. Et même si Abdellatif Jouahri explique que ce sont des éléments pris en compte dans les statuts de Bank Al Maghrib, il affirme que «la dimension régulation macroprudentielle est inscrite dans l'élaboration de la nouvelle loi bancaire». Le travail est en fait, encore à sa phase de prospection avec notamment l'aide d'institutions internationales comme le FMI. In fine, ce séminaire aura surtout permis de souligner encore une fois l'importance du dialogue entre l'Eurosystème et les banques centrales méditerranéennes. Car la très forte corrélation entre les performances de l'Europe et celles des pays de la rive sud de la méditerranée, les inscrit dans une communauté de destin. Et si Mario Draghi argue que «la solution aux difficultés actuelles de l'Europe ont pour solution plus d'Europe», Abdellatif Jouahri plaide que plus de Maghreb aiderait à mieux résister aux chocs externes...