L'Eurosystème et les banques centrales méditerranéennes ont tenu, jeudi à Casablanca, leur septième séminaire de haut niveau. Celui-ci avait pour but de pérenniser les contacts et échanges de vues avec les banques centrales au niveau mondial. Mario Draghi, Président de la BCE et Abdellatif Jouahri, Gouverneur de Bank Al-Maghrib à la conférence de presse en marge du séminaire qui s'est tenue Jeudi à Casablanca. L'Eurosystème constitué de la Banque Centrale Européenne (BCE) et de 17 banques centrales nationales de la zone euro en plus des banques centrales méditerranéennes se sont réunis jeudi à Casablanca à l'occasion de leur septième séminaire de haut niveau. Ce séminaire avait pour but, comme à l'accoutumée, de pérenniser les contacts et échanges de vues avec les banques centrales au niveau mondial. Pour faire face aux chocs Dans son allocution d'ouverture Abdellatif Jouahri, gouverneur de Bank Al-Maghrib a mis en exergue l'importance du dialogue entre l'Eurosystème et les banques centrales méditerranéennes dans la situation actuelle, les deux régions ayant subi de profondes mutations. Mario Draghi, président de la BCE, a pour sa part, souligné la détermination de l'Europe à développer une vision par l'Union économique et monétaire ainsi qu'une action continue aux niveaux national et européen pour faire face aux défis actuels. Les discussions ont ensuite porté surs un certains nombre de points essentiels. Les participants ont d'abord examiné les récentes évolutions économiques et financières dans leurs régions respectives. Les économies de la rive Sud et orientale de la Méditerranée ont été confrontées à l‘impact des chocs internes et externes, en l'occurrence les incertitudes engendrées par les processus de changement politique dans la région et la hausse des prix énergétiques et alimentaires. A ce propos, «Bank Al-Maghrib a fait un travail de modélisation dont le résultat est que l'intégration régionale augmenterait la résilience des pays maghrébins par rapport à ces chocs de façon très sensible » a annoncé Abdellatif Jouahri. D'ailleurs, le président de la BCE a expliqué que la solution pour les pays de la rive Nord était plus d'Europe et non pas moins d'Europe. « La solution pour les pays de la rive Sud est plus de Maghreb et non pas moins de Maghreb pour essayer de résister mieux à ces chocs que nous vivons » répliquait Jouahri. Les participants au séminaire ont ensuite discuté des cadres opérationnels de politiques monétaires dans l'Eurosystème et les pays méditerranéens et ont partagé leurs points de vue sur les expériences et défis récents à cet égard. Ils ont discuté des mesures non-conventionnelles prises par l'Eurosystème au cours de la crise, soulignant le fait que, bien que les banques centrales puissent procurer un appui temporaire, elles ne peuvent se substituer aux actions des gouvernements pour remédier aux origines de la crise. « Il ne faut pas croire que les politiques monétaires ou que les banques centrales ont la réponse à tout. On vient de voir que les gouvernements ont une responsabilité énorme dans le cas de la stabilité financière globale. Les aspects budgétaires, les aspects fiscaux ont également une importance » a précisé Jouahri avant d'ajouter que la réflexion est menée aujourd'hui pour savoir si un rôle de supervision de tous ces aspects doit être confié aux banques centrales. Nécessité d'une approche macro-prudentielle Selon lui, la mission principale de la banque centrale est la stabilité des prix. Toutefois, chaque pays adopte une réponse adaptée à sa situation. Au Maroc « nous avons essayé de trouver un modus vivendi avec une commission, ou il y a tous les régulateurs mais présidée par la banque centrale, qui échange sur la vision macroéconomique» a-t-il révélé. Un des enseignements clés de la crise financière mondiale consiste en « la nécessité d'une approche macro-prudentielle au sein du secteur financier allant au-delà d'assurer la solidité des institutions financières individuelles » a souligné pour sa part Mario Draghi. Tous les participants se sont dits résolument en faveur de la nécessité d'établir des cadres macro-prudentiels solides et des politiques dotées des moyens d'action appropriés. «La crise a montré que la régulation micro-prudentielle n'est pas suffisante même dans les pays du coté sud de la méditerranée. Nous sommes en train d'y réfléchir au Maroc dans le cadre dans la nouvelle loi bancaire que nous sommes entrain de finaliser. La dimension macro-prudentielle y est inscrite » a révélé Jouahri le gouverneur de Bank Al-Maghrib. Les échanges des participants au séminaire ont enfin porté sur les défis actuels relatifs à la stabilité financière dans les deux régions, y compris ceux liés à la crise de la dette souveraine de la zone euro. Selon Jouahri, cette dimension serait dans sa phase de prospection au Maroc appuyé par l'aide de certains organismes internationaux dont le Fonds Monétaire International.. * Tweet * * *