S'il y a un secteur qui tient encore sur ses deux jambes dans cette conjoncture difficile, c'est bien celui des énergies renouvelables. Les investissements dans ce secteur, hors hydroélectrique large, ont grimpé de 17% en 2011, pour atteindre le niveau record de 257 MM$. C'est la manne que vient de révéler le rapport sur les «Tendances mondiales de l'investissement dans les énergies renouvelables 2012», que vient de rendre public le programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE). Cette évolution n'est toutefois pas sur le même rythme que l'année précédente, où les investissements ont progressé de 37%, mais se situent tout de même à un niveau six fois plus élevé que le cumul des fonds investis à travers le monde en 2004, dans ce même secteur, et en augmentation de 93% par rapport à 2007. Les experts du centre de collaboration pour le financement pour le Climat & les Energies Durables du PNUE, ainsi que du Bloomberg New Energy Finance, auteurs de cette recherche, soulignent bien le contexte dans lequel ces levées de fonds ont été opérées. «Cette évolution a été obtenue dans un contexte doublement difficile, de crise des dettes souveraines en Europe et de forte baisse des prix des équipements en énergies renouvelables», expliquent ces derniers. Une thèse qui trouve écho dans une autre publication de taille, publiée quasi-simultanément. Le REN21 (Renewable Energy Policy Network for the 21st Century), l'un des réseaux politiques mondiaux les plus dynamiques du moment dans la promotion des énergies renouvelables et de la croissance rapide des technologies d'énergies nouvelles dans les pays en voie de développement et industrialisés, inscrit le fond du «Renewables 2012 Global Status Report», dans le même sillage que l'organisme onusien. Secteur consacré Dans ce dernier rapport, l'autre principal enseignement à en tirer au-delà de l'aspect résilient du secteur, porte sur le gain d'importance progressif de ce dernier dans la plupart des économies en voie de développement. «Dans de plus en plus de pays, les énergies renouvelables ont dépassé leur statut de solution de niche pour représenter désormais une part significative et en forte croissance de l'offre globale d'énergie», note-t-on dans le rapport mondial 2012 sur les énergies renouvelables du REN21. D'après l'instance, les énergies renouvelables ont continué de se développer en 2011 dans tous les secteurs consommateurs d'énergie, comme le chauffage, la climatisation ainsi que le transport. Un constat généralisé, appuyé par le fait que «la part d'énergie d'origine renouvelable s'est accrue pour atteindre 16,7% de la consommation finale en énergie», selon la même source. De ce chiffre, la part des biomasses est en léger recul alors que la part des énergies renouvelables modernes (solaire et éolien, en l'occurrence), a augmenté. Tout au long de l'année dernière, les technologies relatives aux énergies renouvelables ont effectivement poursuivi leur développement sur de nouveaux marchés. En statistiques, pas moins d'une cinquantaine de pays ont installé des nouvelles capacités éoliennes et le photovoltaïque a continué sa progression rapide dans de nouveaux pays et régions du globe. Le Maroc est bien sûr un de ces nouveaux territoires de croissance, particulièrement pour ces deux derniers types d'énergies nouvelles. Et dans ce pays aussi, les ambitions sont importantes : développer, parallèlement aux installations de production, des filières industrielles proprement dites attenantes à ces projets, qui sont généralement d'envergure régionale, comme ceux du Plan solaire marocain. Sur une échelle plus globale, le REN21 indique que, dans le secteur de l'électricité, «les énergies renouvelables ont compté pour près de la moitié des 208 gigawatts (GW) de capacité électrique ajoutée cette année». À la fin 2011, la capacité totale en énergie renouvelable excédait les 1.380 GW au niveau mondial, en augmentation de 8% par rapport à 2010. Autres chiffres à retenir, les énergies renouvelables ont représenté plus de 25% de la capacité de production électrique mondiale (estimée à 5.360 GW en 2011) et ont fourni environ 20,3% de l'électricité mondiale. «Discount» Toutes ces évolutions positives ont bien sûr été impulsées par des facteurs de marché. L'un d'eux, est lié à la forte chute des prix des modules photovoltaïques, pour la filière solaire. Cette chute est estimée à une variation de près de 50%. Le rythme de baisse des prix est également le même pour les éoliennes terrestres, dont les cours ont chuté d'environ 10%. «Ces changements rendent ces deux technologies majeures plus compétitives par rapport aux combustibles fossiles, comme le charbon et le gaz. L'énergie solaire, la source d'énergie renouvelable favorite des investisseurs devant l'éolien en 2013», concluent les experts du REN21. La filière solaire a en effet attiré presque deux fois plus d'investisseurs que celle du vent. Une bonne nouvelle pour la Moroccan agency for solar energy, qui s'apprête à rendre public l'attributaire du premier marché de taille du PSM, sur le site de Ouarzazate (500 MW). Sur un plan plus global, le total des investissements dans l'énergie solaire a ainsi marqué un bond de 52% en 2011, pour atteindre les 147 MM$. Le REN21 explique cette tendance par «l'intensification de la concurrence sur le marché du solaire». Pour l'organisme, il s'agit certes d'une «aubaine pour les acheteurs, mais pas pour les producteurs». Le bonheur des premiers faisant le malheur des seconds, «un certain nombre de producteurs ont en effet fait faillite, ou ont été contraints de se restructurer». Il y a toujours un prix à payer pour évoluer... La Chine au sommet du top-ten mondial La Chine, à elle seule, a cumulé près de 52 MM$ en investissements dans le secteur des énergies renouvelables, hors hydroélectrique, en 2011, soit un peu plus de la moitié des investissements totaux réalisés dans l'espace européen. Une performance qui fait de l'Empire du milieu le leader mondial du secteur, talonné de près par les Etats-Unis avec 51 MM$. L'Allemagne s'accapare la position du troisième plus grand marché pour les investissements dans les énergies renouvelables. Le renouvelable y a compté pour 12.2% de la consommation annuelle d'énergie, et pour 20% de la consommation d'électricité (contre 17.2% en 2010 et 16.4% en 2009). Ces trois géants économiques sont suivis par les principales économies émergentes. L'Inde est l'une des plus dynamiques, où la Mission Solaire Nationale a favorisé une impressionnante augmentation des investissements dans les énergies renouvelables de 62%, à 12 MM$. Le Brésil quant à lui, s'illustre en 2011 en réalisant la plus forte progression des investissements, parmi les principaux marchés du renouvelable dans le monde. Les investissements du secteur, dans ce pays d'Amérique latine, ont connu une hausse de 8% pour se fixer à un total de 7 MM$. Au total, le REN21 indique qu'au moins 118 pays dans le monde, dont plus de la moitié sont des économies en développement, s'étaient fixés des objectifs dans les énergies renouvelables début 2012, contre 96 l'année précédente. «Toutefois, un certain fléchissement de l'appui des politiques a été constaté dans les pays développés», note-t-on dans le rapport. Cet affaiblissement reflète les pressions d'austérité, en particulier en Europe, et l'impasse législative au Congrès américain. Le soutien à la production d'énergie renouvelable reste toutefois la mesure politique la plus populaire, avec au moins 65 pays, dont le Maroc, qui disposent déjà de tarifs de rachat (feed-in-tariffs).