Parallèlement au financement, les politiques d'incitation du marché des énergies renouvelables ont aussi fortement évolué. C'est en effet l'une des principales idées à retenir d'un document de recherche complémentaire au dernier rapport du PNUE, publié par le Renewables energy policy network 21st century (REN21), dont le ministère de Benkhadra est d'ailleurs membre du board. «Les politiques d'incitation restent le moteur principal entraînant la croissance de l'énergie renouvelable», note-on auprès des experts de cet organisme. Dès le début de l'année 2011, au moins 119 pays ont adopté, sous une forme ou une autre, un objectif politique ou une stratégie publique d'appui aux énergies renouvelables, soit plus du double qu'en 2005 (55 pays). Parmi ces derniers, au moins 95 pays disposent désormais d'une forme de politique de promotion de la production d'électricité à base d'énergies renouvelables. Plus de la moitié d'entre eux sont des pays en voie de développement. Parmi toutes les mesures que les gouvernements utilisent, les tarifs de rachat (feed-in tariffs) restent les plus couramment utilisés. C'est le cas du Maroc, en l'occurrence, qui applique le même principe économique pour les différentes filières mises en chantier, notamment dans le solaire et l'éolien, pour un investissement de près de 100 millions de DH. «Il existe aussi de plus en plus de politiques locales, provinciales et régionales», note-t-on dans le document. Les pays en développement ont beaucoup contribué à ce progrès. Ils constituent actuellement plus de la moitié du total des pays s'étant dotés de politiques de soutien sectorielles. Repositionnement Par ailleurs, le REN21 parle aussi d'un repositionnement géographique du secteur des énergies renouvelables. Cette reconfiguration du marché mondial des énergies propres est fortement influencée par les pays émergents ou en développement, avec un taux de croissance record des investissements dans le monde (voir papier ci-contre). Par exemple, la commercialisation de l'électricité éolienne n'existait encore que pour une poignée bien restreinte de pays dans les années 1990. Aujourd'hui, c'est plus de 80 pays dans le monde qui ont investi ce business. Idem pour le photovoltaïque, un segment dont les capacités et potentiels d'investissement ont attiré une centaine d'économies en 2010. Cette période marque, faut-il le souligner, le début de la mise en œuvre de la nouvelle stratégie énergétique nationale. Le royaume figure ainsi parmi les 20 pays de la région Mena et d'Afrique subsaharienne qui enregistrent le taux le plus élevé d'activité dans le marché des énergies renouvelables. Au même moment, l'industrie manufacturière internationale adopte aussi une nouvelle configuration, avec de nouveaux centres d'expertises. Le REN21 constate un transfert de savoir et de compétentes -jadis détenus par l'Europe- vers les économies émergentes. «La Chine est aujourd'hui leader dans plusieurs segments comme l'installation des turbines éoliennes, les systèmes solaires thermales, ainsi que dans la technologie hydroélectrique», note-t-on dans le rapport du REN21. Par ailleurs, l'Inde se trouve aujourd'hui être le cinquième producteur mondial d'énergie éolienne, et est en train d'élargir ses intérêts à d'autres filières énergétiques propres telles que le biogaz et le photovoltaïque. Le Brésil est le troisième pays à fort attrait du secteur, même si ce pays semble plutôt vouloir se concentrer sur le biocarburant, en l'occurrence l'éthanol. Cet Etat d'Amérique latine est toutefois en train de développer de nouveaux projets d'énergie hydraulique, de biomasse et de fermes éoliennes. Lire aussi : Cap sur 2020 «Sur la période 2012-2020, le Maroc compte poursuivre son programme d'équipement avec près de 8.000 MW à construire». L'annonce faite par Amina Benkhadra lors des dernières Assises de l'Energie à Oujda en mai dernier, donne une visibilité sur les voies essentielles que devrait suivre la politique énergétique nationale. Cette politique sera basée sur le principe du mix énergétique, avec une prédominance des énergies vertes. Trois pistes sont déjà posées dans ce sens. La première regroupe le solaire et l'éolien, dont la phase de lancement est bien avancée. Pour le segment de l'éolien, le royaume est déjà producteur d'énergie électrique, pour une capacité qui devrait se retrouver à 2.000 MW en 2019. L'hydraulique s'aligne en deuxième option pour le royaume, avec la construction de deux centrales hydrauliques de 550 MW à Mdez, El Menzel et Abdelmoumen. Ces projets devraient peser quelque 4,5 MMDH. Quant au recours énergétique, il repose sur le maintien des acquis sur le segment des énergies fossiles. 2.500 MW sont en cours de développement pour la période 2010-2015, et seront renforcés par des projets complémentaires de 1.000 MW.