Le Maroc est devenu la 27e économie du monde la plus attractive en termes d'investissements dans le secteur des énergies renouvelables. C'est effectivement ce que révèle un rapport du cabinet international Ernst&Young. Le cabinet dresse ainsi un bilan fort détaillé sur les marchés du monde où il ferait bon d'investir dans le secteur des énergies renouvelables, en 2011. Il s'agit d'un agrégat de données relevées dans un total de 35 pays du monde entier, où le secteur est en train de progresser, les uns étant plus avancés que d'autres...ou sur le même niveau d'attractivité. Le cas du royaume est illustratif de cette dernière donne. Le Maroc est en effet classé au même rang que deux grandes économies, l'Afrique du Sud, qui se trouve sur le même continent, ainsi que la Nouvelle-Zélande, dans l'océan Indien. Dans la région maghrébine, le royaume peut au moins se prévaloir d'être la seconde économie la mieux placée en termes d'attractivité, positionnée à deux ou trois rangs derrière l'Egypte. Ce pays continue en effet d'être le leader dans la région. Avant d'aller plus avant dans les détails de ce positionnement, il ne serait sans doute pas inutile de savoir que c'est la première fois que le Maroc intègre ce classement international, dressé par un cabinet britannique. Le pays est en effet absent des précédents rapports du cabinet, portant sur le même sujet. Cela montre que le royaume a généré de fortes évlutions dans le domaine des énergies nouvelles, via des investissements privés et publics dans ce secteur en particulier. S'agissant du voisinage immédiat, ni l'Algérie, ni laTunisie ne figurent dans le top 35, dressé par Ernst&Young. Ce qui nous laisse le loisir d'aller dans les détails de ce classement, et d'en décortiquer les principaux facteurs, qui ont été propices au royaume. «Peut mieux faire» En effet, du point de vue sectoriel, le cabinet offre une visibilité suffisamment exhaustive quant aux évolutions observées dans notre pays, tout au long de l'année dernière. Pour l'éolien, par exemple, le classement sectoriel place le Maroc à la 31e place dans le monde, avec un indice de 40 points. Un très mauvais classement, largement justifié par le fait que cette filière s'est surtout limitée, jusque-là, à des investissements sur le segment «onshore», bien que ceux-ci aient largement évolué depuis le lancement de la nouvelle stratégie énergétique. Une puissance installée de 2.000MW, à l'horizon 2020, en est en effet l'objectif. La moitié de celui-ci est déjà réalisé, et l'édification de la seconde phase vient tout juste d'être mise sur le marché public. Celle-ci devrait ainsi porter sur la conception et l'exploitation d'un projet composé de cinq parcs éoliens, d'une puissance totale installée de 850 MW. L'offre devrait également comporter la fourniture et la maintenance d'équipements nécessaires à la réalisation d'un parc éolien supplémentaire de 200 MW. Au total, c'est donc quelques 1.050 MW en fermes de production d'énergie éolienne, qui devraient se concrétiser dans les toutes prochaines années. Les cinq sites de production qui abriteront cette seconde série de projets, sont ceux de Tanger 2 (150 MW), de Koudia Al Baida à Tétouan (300 MW), de Tiskrad à Laâyoune (300 MW), de Boujdour (100 MW), ainsi que de Taza (150 MW). Pour ce dernier site, le maître-d'œuvre ne semble pas perdre de temps. En effet, les offres commerciales des trois groupements d'entreprises préqualifiés à participer à l'appel d'offres, sont déjà connues, depuis plusieurs jours. Cette liste est constituée par «EDF énergies nouvelles (France)/Mitsui & Co (Japon)», «Enel Green Power (Italie)/Taqa (Emirats arabes unis)», et «International Power (UK)/Nareva Holding (Maroc)». La mise en service commerciale du projet est programmée pour 2014. C'est grâce à ces projets d'investissements en perspectives, inhérents à l'indice sectoriel d'Ernst&Young, que le royaume a pu ainsi se faire une place, tout juste après l'Egypte, sur le continent africain, et le Mexique, en Amérique latine. Ces dernières économies ont totalisé des indices similaires de 42 points. Sur un plan beaucoup plus global, les investissements dans le secteur éolien sont dominés, respectivement, par la Chine, qui est suivie par l'Allemagne et les Etats-Unis. La Grande-Bretagne et l'Inde, ferment la marche. L'opus solaire Du vent au soleil, le détour est rapide. Si pour l'éolien, le classement du royaume n'est pas à envier, le pays se rattrape largement sur la filière solaire. «Le Maroc affiche le plus grand potentiel d'investissements dans ce domaine parmi les nouveaux entrants de ce classement», souligne d'entrée les experts du cabinet britannique. Pour preuve, le pays est perché à la 9e place du classement mondial, dans ce secteur, en termes de degré d'attractivité d'investissement. Il est devancé par la France et l'Australie, respectivement 8e et 7e mondiaux. Mieux encore, il précède même des pays très avancés en la matière tels l'Allemagne, la Corée du Sud, et supplante les autres pays africains présents dans le classement comme l'Egypte et l'Afrique du Sud. Evidemment, le cabinet n'a pas manqué d'arguments pour justifier ce positionnement. L'un des plus déterminants concerne les dernières avancées de la mise en œuvre du Plan solaire marocain (PSM). Au jour d'aujourd'hui, les principaux groupements d'entreprises candidats à la réalisation et à l'exploitation de la première phase de ce projet, sont connus depuis longtemps. Le site concerné est celui de Ouarzazate, dans le sud du royaume, pour une capacité visée de près de 500MW d'ici 2015. L'Appel d'offres international y attenant était attendu, d'après les dernières nouvelles, pour la fin du mois de janvier dernier. Force est cependant de constater qu'il tarde à voir le jour, et que les jours, pendant ce temps, s'écoulent. Une crainte que Said Mouline, le directeur de l'Agence de développement des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique, écarte du revers de la main, nous assurant que «le projet sera livré dans les délais» (Les Echos Quotidien du 29/02/2012) : «Ce projet devrait être l'un des premiers à partir duquel Desertec devrait amorcer son déploiement dans la région», ajoute-t-on chez Ernst&Young. Ce cabinet souligne toutefois que «l'instabilité politique connue par la région devrait peser sur la réalisation de ce projet d'envergure dans le moyen terme». Une réserve dèjà soulevée par plusieurs experts du domaine, même si le management de Desertec Industrial Initiative, pour sa part, demeure confiant sur le respect du calendrier du projet. Il faudrait savoir, toutefois, que la crise financière qui prévaut actuellement dans l'Eurozone, ne devrait pas être pour améliorer la situation. Un mauvais signal a dèjà été lancé par la déclaration en faillite, à la fin de l'année dernière, de l'allemand Solar Millennium. Le groupe, spécialisé dans les technologies du solaire thermique, était dans la liste des structures préqualifiées à la première phase du projet solaire de Ouarzazate. Première en tout Il s'agit de la Chine. Le géant asiatique trône à la tête de l'indice mondial des pays les plus attractifs dans les secteurs des énergies renouvelables. Il est suivi de près, dans le classement général d'Ernst&Young, par les Etats-Unis. Le duo de tête est talonné, par l'Inde (3e), l'Allemagne (4e) et l'Italie. La Chine s'est illustrée sur la filière éolienne : «Ce pays a détrôné les Etats-Unis de la position de leader mondial du secteur éolien», occupée par le pays de l'Oncle Sam jusqu'à fin 2010. La traditionnelle rivalité entre ces deux leaders économiques de la planète, s'en retrouve ainsi prolongée dans ce green business. La Chine a en effet surpris le monde en donnant un sacré coup de fouet aux investissements dédiés à la filière du vent. Le pays asiatique a cumulé une capacité installée de près de 5.000 MW (Soit 5 GW), comparés aux 4.000 MW (Soit 4 GW) des américains. Une forte croissance est également attendue pour l'industrie chinoise de l'éolien offshore (éolien marin), qui devrait connaitre un véritable «boom» - dixit Enrst&Young – dans les prochaines années. Cela est dû en effet au fait que les autorités du pays continuent de promouvoir, par tous les moyens imaginables (Fonds d'investissements, fiscalité incitative, garanties de rachat...), les investissements et projets du privé dans les technologies éoliennes où les perspectives sont bonnes. C'est en effet ce que révèle une étude du Global Wind Energy Council (GWEC), qui avance que les potentiels d'investissements dans le secteur éolien en Chine, sont estimés à quelque 200 GW. Les experts d'Enrst&Young sont d'autant plus formels : «Une baisse des prix des turbines éoliennes a également soutenu la croissance du secteur dans ce pays». L'empire du milieu est toutefois moins favorisé dans le secteur du solaire. Il figure à la troisième place des meilleures économies identifiées dans le monde, et dans ce domaine est devancé par les Etats-Unis et l'Inde. Mais il faut savoir que la Chine a toutefois progressé par rapport à son classement de 2010, où elle était 5e. Cette montée en puissance sur le solaire serait justifiée, selon le cabinet britannique, par une politique des aurorités locales qui ont décidé de miser le tout sur l'option solaire, en réaction à la catastrophe nucléaire de Fukushima, au Japon, voisin. Sa capacité solaire installée devrait ainsi passer de 20 GW à 50 GW en 2020. De plus, ce cabinet souligne des «pressions sur le gouvernement chinois pour le développement de son marché intérieur afin de réduire sa dépendance à l'importation de composants». Point de vue Said Mouline, Directeur de l'Agence de développement des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique. Le plan solaire marocain de 2.000 MW est un programme structurant qui nécessite la mise en place des fondements nécessaires à sa réalisation, dans les temps. Le programme, piloté par MASEN, s'intègre dans le cadre des grands projets lancés pour la mobilisation des ressources nationales en énergies renouvelables, et la préservation de l'environnement. Pour les 500 MW prévus à Ouarzazate en 2015, nous sommes encore dans les temps. Il ne faut pas oublier que c'est un projet d'envergure, qui nécessite des innovations dans les domaines technique et financier. Je rentre de la Banque mondiale à Washington, où le Maroc a été cité comme exemple pour sa stratégie liée à l'économie verte en général, et pour son programme d'énergies renouvelables en particulier. Le programme, sera pleinement opérationnel et représentera avec les autres sources d'énergies renouvelables, près de 42% de la capacité électrique installée au Maroc, à l'horizon 2020. De plus, il faut savoir que les cours du photovoltaïque ont été divisés par trois ces dix dernières années et continuent de décroître d'une manière spectaculaire. Les coûts associés tels que le coût d'installation, des onduleurs, et des autres composants ont aussi baissé. Tous ces paramètres interagissent et fixent en amont un coût du kWh solaire qui deviendra compétitif dans les prochaines années. Point de vue Youssef Tagmouti, Président de la Fenelec. Il est évident que nous avons un rôle très important à jouer dans la promotion du développement des secteurs solaire et éolien sur la marché local. Nous avons par exemple signé devant SM le roi, deux conventions relatives au développement des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique dans notre pays. La première est justement dédiée à une intégration industrielle dans le cadre du programme solaire et éolien du royaume, elle vise l'émergence d'une industrie locale capable de fournir une partie importante des composants nécessaires à la mise en oeuvre de ses projets. Un travail est déjà initié avec Moroccan Agency For Solar Energy (MASEN) pour identifier les entreprises membres de notre fédération ayant l'envie et le potentiel prérequis pour intégrer ce chantier. La deuxième convention est relative à la mise en œuvre et la gestion des Instituts de formation dédiés aux métiers des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique (à Oujda, Ouarzazate, et Tanger) qui développeront les compétences indispensables à l'accompagnement de ce projet. La gestion de ses établissements sera confiée à la Fenelec et à la Fédération des industries métallurgiques, mécaniques et électroniques (FIMME).