La crise financière internationale, qui se propager à travers le monde, pousse les pays à élaborer une réponse commune pour y faire face. L'intégration financière constitue une de ces réponses, dans le sens où la propagation de cette crise, devrait ralentir son rythme si une région est bien intégrée. Evoquer la notion d'intégration financière, c'est s'intéresser à l'élimination des risques de change et de ceux liés aux diverses politiques monétaires dans les différents pays d'une même région. En outre, une intégration parfaite d'un système financier se concrétise par l'absence de barrières à l'entrée susceptibles de décourager le processus d'investissement. On cite à ce sujet : la fiscalité, la réglementation, les conditions tarifaires, etc... L'idée consiste à converger vers des prix et des taux d'intérêts permettant de réduire au maximum les décisions d'arbitrage pour les investisseurs. C'est dans ce contexte que le bureau pour l'Afrique du Nord de la Commission économique des Nations-Unies pour l'Afrique (CEA), a débuté hier les travaux d'un groupe d'experts sur le thème, «L'intégration financière et la gouvernance régionale en Afrique du Nord». Notre région, selon les dires de Karima Bounemra Ben Soltane, directrice du bureau de la CEA pour l'Afrique du Nord, est la moins intégrée dans le continent africain, malgré le grand travail opéré sur l'intégration des structures bancaires, qui constituent une composante importante dans le processus d'intégration dans sa globalité. Par ailleurs, le deuxième volet de l'intégration financière, qui consiste en une intégration des marchés financiers maghrébins, ressort moins bien que le premier volet. Cela nous pousse à dire que cet axe pourrait pleinement profiter de la forte demande de capitaux actifs dans la région, qui émane de la croissance rapide des marchés boursiers, marocains et tunisiens. En effet, l'ouverture de ces marchés encouragera certainement une progression de l'intégration des capitaux, en reliant électroniquement les deux marchés boursiers. Sur un autre registre, les experts réunis hier ne cachent pas leur enthousiasme pour mobiliser les capitaux en Afrique du Nord, au regard des flux actuels qui ressortent en-deçà des seuils souhaités. Ils se rejoignent aussi pour mettre en place une politique de mobilisation de l'épargne commune, visant à augmenter la capitalisation boursière et à approfondir les marchés financiers. En effet, pour atteindre le rôle moteur que la région d'Afrique du Nord est amenée à jouer pour la libéralisation du continent sur le plan commercial, des réformes financières s'imposent également. Le Maroc s'est lancé dans cette stratégie de réforme du marché des capitaux, car les avantages sont multiples et permettraient d'assurer une solide croissance économique et notamment d'accueillir d'importants flux de capitaux en provenance d'Europe. Il a été estimé par ailleurs, que le manque d'intégration financière dans les cinq pays du Maghreb coûte entre 1 et 2 points de croissance. C'est un manque à gagner important, qui doit être comblé par un travail collectif, en profitant de l'emplacement géographique de ces pays et de la diversité des ressources disponibles.