La Commission économique pour l'Afrique des Nations unies (CEA) organise les 3 et 4 juillet à Casablanca une rencontre sur «L'intégration financière et gouvernance régionale en Afrique du Nord». L'occasion de dessiner des pistes pour la mise en place de cette intégration financière. A condition que des niveaux minimum d'harmonisation des législations soient atteints. La réunion d'experts des pays de la région sur « l'intégration financière et gouvernance régionale en Afrique du Nord » prend fin aujourd'hui. Sur le papier, l'intégration financière des pays nord-africains promet monts et merveilles. Sur le terrain, il n'en est rien. « Souvent on traite l'UMA de coquille vide avec en toile de fond un certain désenchantement… il est temps donc de relever les défis. Nous établissions des relations étroites avec nombre d'institutions financières à l'exemple du FMI, la Banque mondiale, la BAD, la BEI… en vue de rapprocher les marchés des pays de la région et de promouvoir l'intégration financière », a affirmé Habib Ben Yahia, secrétaire général de l'Union du Maghreb arabe (UMA), hier à Casablanca. Intervenant lors d'une rencontre organisée par la Commission économique pour l'Afrique des Nations unies (CEA), et portant sur «L'intégration financière et gouvernance régionale en Afrique du Nord», le secrétaire général espère que toutes les initiatives prises ne se réduisent pas en fin de compte en un effort de ramasser juste de l'argent. Déjà le processus d'harmonisation financière a été entamé par la mise en place d'intégration régionale de banques et d'institutions financières à l'instar de l'Union des banques maghrébines qui regroupe les gouverneurs des banques centrales. La dynamique financière se poursuit. Selon Ben Yahia, la Banque maghrébine d'investissement et du commerce extérieur (BMICE) verra le jour d'ici à fin de l'année en cours. Sans citer de noms, il précise que trois pays ont libéré leur quote-part du capital. Certes l'intégration est d'un intérêt crucial pour le devenir de la région à l'épreuve de la vague de la globalisation et de la libéralisation accrue des marchés. Néanmoins, elle bute sur bien de facteurs conjoncturels que structurels. Impact de la crise mondiale et du Printemps arabe Aux yeux de Ben Yahia l'intégration maghrébine est menacée par les effets de la crise mondiale, sans oublier la déferlante du Printemps arabe. D'ailleurs l'impact est bien là : dégringolade des marchés boursiers et des engagements financiers, chute des IDE et montée en flèche sans précédent du taux de chômage… D'où l'intérêt d'une telle réunion d'experts. Le rapport établi à cette occasion laisse croire que la concrétisation sur le terrain de l'intégration financière des pays de la région est fort possible à condition de recueillir d'abord le feu vert des politiques. Car c'est là que le bât blesse. L'intégration pure et dure n'est que l'aboutissement de tout un processus d'unions portant sur divers niveaux (libre circulation des personnes et des capitaux, intégration sectorielle, unification monétaire…). Au jour d'aujourd'hui, pour ne prendre que l'exemple des flux de capitaux ayant fait d'ailleurs l'objet d'une réunion en janvier 2008 sur « la mobilité des capitaux en Afrique du Nord », le constat ne rassure plus. D'après Karima Bounemra Ben Soltane, directrice de la CEA, les flux de capitaux étaient bien en deçà du niveau souhaitable. De là, on pourrait déduire que l'intégration régionale a beaucoup de chemin devant elle. Surtout que son aboutissement dépend dans une large mesure d'une mobilité accrue des capitaux. Et « que des niveaux minimum de commerce intra régional et d'harmonisation des législations soient atteints ». Déjà le manque d'intégration coûte à la région entre 1 et 2 points de croissance, soit un manque à gagner de l'ordre de 3 à 5 milliards de dollars par an. La pratique a montré aussi qu'il est inconcevable d'imaginer une intégration financière sans intégration monétaire. Des défis restent ainsi à relever: uniformisation des taux d'intérêt, des taux de change…Sur ce dernier chapitre, plusieurs recommandations concernant le régime de change adéquat pour les pays du Maghreb conseillent l'adoption d'un flottement pur. À elle seule, cette question informe sur le gap énorme entre le théorique et la pratique. Mesures recommandées Financement du commerce extérieur et des investissements au Maghreb Harmonisation des systèmes de paiement et plate-formes techniques Harmonisation des autorités de supervision et de réglementation dans le domaine bancaire et financier Renforcement de la coopération et de la coordination entre les instituons et opérateurs des secteurs bancaires et financiers Ouverture d'un guichet sur les réglementations et informations intéressant le secteur financier * Tweet * * *