Une intégration financière serait favorable à la croissance économique des pays de la région sous certaines conditions. Des évènements majeurs se sont produits tant au niveau mondial qu'à celui de la région, avec des impacts pluriels sur les fondamentaux des économies des pays d'Afrique. Entretien avec Karima Bounemra Ben Soltane, Directrice CEA-AN. • Finances news hebdo : Dans quel cadre s'inscrit l'organisation de ce séminaire sur l'intégration financière en Afrique du Nord ? • Karima Bounemra Ben Soltane : L'un des principaux piliers de la commission économique des Nations unies pour l'Afrique du Nord CEA-AN, est d'œuvrer à l'intégration régionale de ses Etats membres. Cette intégration régionale se construit petit à petit, bloc par bloc, domaine par domaine. Il y a quatre ans, nous avions organisé une rencontre sur la mobilité des capitaux en Afrique du Nord. A l'occasion de cette rencontre, il y a eu beaucoup de recommandations de fait et de constats qui ont montré qu'il y avait du potentiel. Comme pour un certain nombre de domaines, la mobilité des capitaux était vraiment en deçà des attentes. Il y a eu également un certain nombre de recommandations concernant la manière avec laquelle le secteur bancaire pourrait s'organiser de façon conjointe pour faciliter cette intégration régionale. Donc, cette réunion ad hoc se veut une continuation de cette première réflexion avec un focus spécial sur les aspects financiers et l'intégration financière. Comment notre secteur pourrait-il harmoniser ses procédures ? Comment pourrait-il devenir réellement un véhicule et un facilitateur de la croissance plus soutenue et plus durable au niveau de la région ? • F. N. H. : La crise financière a mis à rude épreuve certains pays de la sous-région, précisément à cause de leur non-intégration. Aujourd'hui, ces pays ont-ils un tant soit peu la capacité de faire front commun à une crise donnée ? • K. B. B. S. : Toutes les études que nous avons effectuées dans le cadre de ce que nous appelons communément le coût du non-Maghreb, par exemple, montrent que plus d'intégration ne peut se faire que sous certaines conditions pour pouvoir en bénéficier à tous les niveaux : création d'emplois, perspectives pour la jeunesse, échanges commerciaux, donc des points de croissance où on peut gagner en matière d'exportations, d'investissements... Et, de ce fait, je crois que le moment est opportun pour que nous nous posions les bonnes questions afin de pouvoir tirer les bonnes leçons de ce qui se passe dans le monde. Cela va nous permettre de savoir à quelle vitesse et selon quelles étapes on peut aller vers cette intégration régionale. Il y a un processus standard qui est déterminé avec tous ses éléments (monnaie unique, zone de libre-échange...). Et donc quelles sont les différentes étapes, comment y arriver ?... Nous allons poser les questions à nos experts pour que justement sur la base de ce qui se passe ailleurs dans le continent et dans les autres sous-régions ( parce qu'elles sont beaucoup plus intégrées que la partie Nord-africaine) nous expliquer quels sont les enseignements à tirer. Aussi par rapport à la crise européenne, nous allons voir quelles sont les questions les plus appropriées que nous devons poser à nos chercheurs africains et maghrébins.. • F. N. H. : Quels types d'enseignements peuvent tirer les pays de la sous-région de la crise financière sans précédent que vit aujourd'hui l'Europe. Cette crise ne risque-t-elle pas de refroidir les ardeurs de l'intégration maghrébine ? • K. B. B. S. : Ce sont les questions que nous souhaitons poser durant ces deux journées de réflexion à nos experts. Nous attendons les réponses pour savoir comment arriver à mieux approcher ce processus d'intégration. Les pays de la région ne sont pas très enthousiastes, mais il ne faut pas qu'ils soient encore plus découragés par ce qui se passe en Europe. Au contraire, il faut tirer les bonnes leçons pour faire les choix qui leur permettront d'avancer de manière plus sûre. Propos recueillis par S. Es-Siari