Les professionnels espagnols ne sont pas contents du retard pris dans la ratification de l'accord agricole par le Maroc. Les représentants de l'association COAG (Coordinadora de organizaciones de agricultores y ganaderos) accusent en effet le parlement marocain de «prendre tout son temps pour entériner le traité», au grand désarroi de la Commission européenne (CE) qui espérait voir l'accord appliqué à partir du 1er juillet. Retard qui, semble-t-il, déconcerte les producteurs espagnols. Ceux-ci s'ingénient, sous couvert d'une fausse indignation, à faire des interprétations fantaisistes. Selon les déclarations d'un responsable de la COAG, Andrés Gongoa, le Maroc serait en train de traîner le pas dans le but «d'échapper au contrôle de l'UE sur ses exportations». A en croire ses propos, «le royaume continue d'écouler ses produits sur le marché communautaire en trompant la vigilance de l'UE», a-t-il estimé. Au sein de la toute puissante association de producteurs de fruits et légumes, les membres vont même plus loin puisqu'ils sont convaincus que cet atermoiement est «une manœuvre pour soutirer des aides européennes en faveur du Plan Maroc vert». Techniquement, l'entrée en vigueur du texte devrait avoir lieu le 1er jour suivant les trois mois de la date de sa publication au journal officiel de l'UE, une fois que le Parlement marocain aura donné son feu vert. Aucun risque Dans ces conditions, et si le législateur marocain accélère la cadence et ratifie le traité avant la clôture de la session du printemps, les exportations marocaines pourront faire leur entrée sur le marché européen durant la campagne d'octobre. Auprès du clan des contestataires, la révision des prix d'entrée reste la principale revendication. De plus, les producteurs doivent être dans leurs petits souliers après avoir été sévèrement taclés par le ministre de tutelle, Arias Cañete, lors de sa dernière comparution devant le congrès des députés. «Le gouvernement ne partage pas les scénarios catastrophiques qu'ont prédit certaines associations», avait-il tranché. D'ailleurs dans son exposé, le ministre a souligné que le traité suppose une grande ouverture pour les exportations européennes, comme c'est le cas pour la filière des céréales et les produits agricoles transformés, à titre d'exemple. Le ministre a estimé que les producteurs espagnols sont suffisamment protégés comme en témoignent les aides destinées au secteur, citant à cet égard l'enveloppe budgétaire annuelle de 160 millions d'euros, financée par l'UE et destinée à améliorer le fonctionnement des associations de producteurs de la filière. Le ministre a promis un suivi rigoureux des importations marocaines pour contrôler leur évolution et anticiper d'éventuelles perturbations des marchés communautaires. De même, la CE envisage, selon le ministre espagnol, «l'introduction d'une série de documents que devraient présenter les importateurs et qui viendront détailler les justificatifs du coût du processus de production, pour améliorer le calcul des droits de douane et par la même occasion éviter que les produits importés soient commercialisés à un prix inférieur à la production espagnole», a-t-il promis pour apaiser les ardeurs des récalcitrants.