L'élargissement de l'accord agricole entre le Maroc et l'Union européenne sera effectif à partir du 1e juillet. Annonce en a en effet été faite par le chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton. À l'approche de cette date, les contestataires se mobilisent. L'entrée en vigueur du traité intervient à quelques mois de la campagne d'exportation de la tomate espagnole, le produit le plus contesté par les agriculteurs dans la liste des exportations marocaines destinées au marché européen. D'où cette campagne menée par l'organisation des jeunes producteurs ASAJA, pour dénoncer, dit-elle, les irrégularités du produit marocain. Lors de la réunion du comité mixte franco-hispano-italien de producteurs de tomates, qui s'est tenue à Paris la semaine dernière, ASAJA a partagé avec ses homologues européens ses inquiétudes face à la prochaine campagne. L'association espagnole a alerté quant à la chute de 50% du prix de la tomate durant la précédente campagne d'hiver. Selon ses dires, la tomate espagnole était commercialisée à 40 centimes le kilo durant cette saison allant de septembre à décembre 2011. ASAJA a souligné que le prix de sa commercialisation était de 82 centimes durant la campagne précédente. «C'est le prix le plus bas des quatre dernières campagnes», a estimé l'Association. Bien entendu, l'organisation attribue ce prétendu repli à la commercialisation sur le marché communautaire de tomates marocaines, entre octobre et novembre, «à un prix inférieur à 46 centimes». ASAJA et COAG, les deux principales organisations agricoles espagnoles présentes à cette rencontre ont pu obtenir que le comité accepte leurs principales revendications présentées dans un document final, établi au terme de la réunion. Dans ce texte, les producteurs européens de tomates ont revendiqué une réforme du système des prix d'entrée pour«plus d'efficacité et pour que les importations en provenance du Maroc soient mieux contrôlées». Le plaidoyer des producteurs de tomates appelle à la mise en place d'une seule formule pour contrôler et calculer le volume de tomates importées du royaume. Une copie du texte devrait être soumise aux gouvernements de leurs pays ainsi qu'à la Commission européenne. Pendant ce temps, le front des contestataires s'élargit au fil des jours. Deux régions autonomes ont exprimé, à travers leurs institutions, leur opposition au protocole agricole. Il s'agit du conseil municipal de Fuerteventura, aux Îles Canaries, et du Parlement local de la région d'Aragon. Dans le cas d'Aragon, c'est la gauche unifiée, IU, qui était derrière cette initiative. L'objectif avoué de cette démarche est de réclamer au gouvernement central une mobilisation pour l'obtention de compensations à travers des fonds européens. La même requête a été formulée par les élus canariens. Pour rappel, le ministre de l'Agriculture espagnol, Arias Cañete, avait promis une révision du système de contrôle des prix d'entrée des exportations, mais cela ne semble pas calmer les ardeurs des producteurs, lesquels misent et bataillent pour une généreuse compensation européenne.