La visite du ministre espagnol de l'Agriculture, Arias Cañete, au Maroc n'a pas fait que des heureux. Le président du Parti populaire de la région andalouse est contrarié de ce furtif déplacement et l'a fait savoir. José Griñan n'a pas apprécié les déclarations faites par le ministre espagnol au Maroc. Le responsable partisan a estimé que si le ministre a porté son soutien à l'accord agricole devant ses hôtes marocains, il doit aussi le clamer fort en Espagne. Un défi lancé à Cañete qui devrait se retrouver dans de beaux draps. «S'il se déplace au Maroc, cela doit être pour défendre les intérêts des agriculteurs andalous et non pour défendre le Maroc», a-t-il lancé en direction du chargé du portefeuille de l'Agriculture. Le responsable régional du parti conservateur n'a pas épargné le gouvernement central lors de son attaque. Dans sa déclaration, il a appelé l'Exécutif de son pays à «être une fois pour toutes cohérent dans ses paroles et dans ses actes». Le candidat populaire à la présidence de la région andalouse a estimé que son collègue du parti doit formuler des excuses aux Andalous pour avoir insinué qu'ils exagèrent les retombées de l'accord. En somme, les fissures commencent à apparaître au sein du clan espagnol. Le gouvernement de Rajoy a commencé, discrètement, à prendre ses distances vis à vis du lobby des producteurs. Cañete l'a clairement montré lors de son passage à Rabat. Interpellé sur le montant des compensations que prévoient réclamer les autorités espagnoles à la Commission européenne, il a estimé qu'il fallait d'abord attendre l'entrée en vigueur du pacte, en valoriser les conséquences sur le marché espagnol, avant de se prononcer sur le montant des dédommagements. Une estocade à toutes les associations contestataires, lesquelles n'ont pas hésité à avancer des chiffres souvent gonflés et toujours contradictoires pour noircir le tableau. Le ministre a même adopté un profil très conciliateur devant son hôte marocain. De ce fait, il a rassuré les autorités marocaines sur la garantie de passage des exportations marocaines de fruits et légumes sur le territoire espagnol, comme le stipule la loi. Au même moment, la mobilisation contre l'accord est montée d'un cran. Offensive socialiste Le groupe socialiste au Congrès des députés a gratifié, encore une fois, les députés d'une nouvelle proposition de loi où il réclame au gouvernement une série de mesures de compensation pour les agriculteurs. Une chose est sûre, les socialistes veulent donner du fil à retordre au parti au pouvoir et prendre leur revanche sur les populaires pour les pilules amères qu'ils ont avalées quand ils étaient au pouvoir. Le projet en question appelle le gouvernement à mettre en place un fonds de compensation pour les supposées pertes que devraient engendrer l'entrée de produits marocains sur le marché européen. C'est une sorte de dumping, que les producteurs eux-mêmes n'ont cessé de décrier lors du processus d'adoption de l'accord. Le groupe parlementaire estime que ces mesures sont «indispensables» pour le bon fonctionnement du pacte, vu que le texte de l'accord n'a pas pris en considération les propositions ayant comme but d'éviter d'éventuels préjudices aux producteurs. Sur le même registre, les présidents de la communauté autonome de Valence et de la région de Murcie ont pris leur bâton de pèlerin, direction Bruxelles. Les deux hommes ont entamé ce qu'ils ont appelé une «offensive» contre l'accord. Au programme, il y a des entrevues et des discussions avec des membres de la commission européenne, ainsi que des réunions avec les exportateurs espagnols.