Le congrès des députés espagnol a opté pour le pragmatisme, mardi lors d'une séance plénière, en rejetant une proposition présentée par le groupe socialiste dans laquelle il demandait au gouvernement espagnol d'approuver des compensations au profit des agriculteurs suite à la rénovation par l'Union Européenne de l'accord agricole avec le Maroc. Les socialistes estimaient que leur démarche se justifiait par la nécessité d'appliquer de « manière correcte, équilibrée et juste » de cet accord et recommandaient la prise de « mesures complémentaires » dans le contrôle de la commercialisation des produits agricoles dans l'espace communautaire. C'est la députée socialiste d'Almeria, Consuelo Rumi, qui avait assumé la mission de présenter et de défendre cette proposition en exigeant du gouvernement espagnol de mettre en marche un fonds d'aide pour le secteur agricole espagnol qui, disait-elle, souffre des «bas prix de ses produits au marché communautaire». Elle a estimé qu'il était urgent d'élaborer de «manière immédiate et sans attendre la prochaine réforme de la Politique Agricole Commune (PAC) une proposition de réforme du règlement des prix d'entrée qui garantirait sa stricte et efficiente application» ainsi que des contrôles sur les contingents qui entrent en Europe, et leurs conditions phytosanitaires et hygiéniques. Dans ce cas, ce sont les produits agricoles marocains qui sont visés. Le porte-parole du groupe populaire, le député d'Almeria Rafael Hernando, a rappelé que c'était le gouvernement socialiste qui avait approuvé l'accord. S'agissant des compensations réclamées par les socialistes, il a indiqué que « si le traité va entrer en vigueur, le 1er juin prochain, nous devrons attendre pour évaluer les préjudices » qui pourraient éventuellement survenir pour le secteur agricole espagnol. Le groupe populaire, fort de la majorité absolue, a voté également contre la concession d'aides à l'énergie et aux carburants pour les agriculteurs. L'attitude des socialistes au parlement espagnol rappelle le pressing exercé par le lobby anti-marocain en Europe, il y a quelques semaines, peu avant l'adoption par le Parlement Européen de l'accord agricole entre l'Union Européenne et le Maroc. Cette réaction dénote d'une certaine animosité d'un secteur particulier au sein du Parti Socialiste Ouvrier Espagnol (PSOE), à l'égard des intérêts du Maroc. Pourtant, les rapports étaient exemplaires entre les autorités marocaines et l'ancien gouvernement socialiste de José Luis Rodriguez Zapatero. L'actuel accord agricole avait bénéficié du soutien de l'ex-gouvernement espagnol. Toutefois, pour des calculs électoralistes, les socialistes optent, à quelques jours des élections dans la communauté régionale d'Andalousie pour une stratégie absurde mettant en péril les fondements de la coopération multiforme existant entre les deux pays. Le lobby agricole anti-marocain, qui avait essuyé une cuisante défaite au Parlement Européen, compte ressusciter le climat de tension d'antan au moment où les deux gouvernements aspirent à relancer les relations bilatérales sur la base de l'entente et la confiance mutuelle.