L'Exécutif espagnol est officiellement contre l'accord agricole Maroc-UE. Le gouvernement de Mariano Rajoy a présenté, mardi, une plainte devant la Commission européenne où il dénonce «le non-respect par le Maroc, de ses quotas d'exportation de tomates». Le vieux refrain rabâché à tue-tête par les professionnels de l'agriculture espagnole dans les meetings et aux micros des médias, est repris, désormais, par les représentants du gouvernement espagnol. À cet effet, le secrétaire d'Etat au Commerce, Jaime Garcia Legaz, a déclaré que «les autorités européennes devront demander des explications au gouvernement marocain et prendre les décisions pertinentes, à cause de la violation du protocole d'accord d'association». Une sortie qui n'augure rien de bon pour le traité agricole. Il s'agit de la première déclaration de guerre officielle de la part du gouvernement conservateur contre l'accord agricole. Le responsable espagnol a fait savoir que ces «manquements» se produisent depuis belle lurette. Un clin d'œil complaisant aux producteurs et un coup d'estocade à l'ex-ministre de l'Agriculture du gouvernement socialiste. Désormais, l'ère du gouvernement socialiste, dont les responsables ont soutenu l'accord, le qualifiant d'équilibré et juste pour les deux parties, est révolue. Contrairement à sa prédécesseur, Rosa Aguilar, laquelle est allée jusqu'à démentir les contre-vérités de ses concitoyens (dépassement de quotas, incompatibilité des normes de sécurité alimentaire, danger pour la production européenne, etc), Miguel Cañete, l'actuel ministre de l'Agriculture ainsi que ses collaborateurs plaideront contre la ratification de l'accord, avant tout par pur calcul politique. Le PP ne veut, en aucun cas, perdre les élections régionales andalouses, territoire où se concentre le gros lot de la production agricole espagnole. Un réservoir d'électeurs que la formation politique de Rajoy n'est pas près de sacrifier lors des élections de mars prochain. D'ailleurs, Rosa Aguilar avait accusé le PP de semer le doute sur l'accord pour «générer la confrontation politique et gagner quelques voix». Les sorties des responsables du parti au pouvoir relèvent davantage de la campagne pré-électorale que de la défense des intérêts du secteur. De la sorte, le président du PP de la région andalouse, Javier Arenas, a trouvé dans le protocole un thème de choix fédérateur, en mesure de lui garantir le siège de président de la région, qu'il convoite depuis longtemps. Dans un meeting à Murcie, le chef du PP andalou a qualifié l'accord de «déséquilibré» et n'offrant aucune garantie d'accomplissement de la part du Maroc. Epaulé par le président de la région de Murcie, Ramon Valcarcel, les deux figures du PP ont jeté leur dévolu sur le pacte, brandissant les supposées menaces que font planer les exportations marocaines de fruits et légumes sur la production espagnole, et criant à la concurrence déloyale, à cause des bas salaires de la main d'œuvre agricole marocaine. À en juger par la tournure que prend le dossier, sans oublier le soutien infaillible de l'altermondialiste José Bové, le rapporteur de la commission du commerce international du Parlement européen, l'on serait tenté de prédire, par avance, pour le pacte agricole, un sort similaire à celui réservé à l'accord de pêche. Pour rappel, l'accord devrait être soumis au vote en commission, le 28 janvier, et au vote en plénière, le 13 février.