Voilà une déclaration qui exaspérera à coup sûr les agriculteurs espagnols. La Commission européenne a confirmé, s'il le fallait encore, l'absence de toute preuve mettant en évidence le non respect par le Maroc des termes de l'accord d'association agricole. Dans une déclaration reprise par les médias espagnols, la CE a souligné que, «compte tenu de l'importance de la demande en tomates sur le marché européen, la Commission suit avec intérêt l'évolution des quantités importées. Dans ce contexte, elle ne dispose d'aucune preuve d'une infraction de l'accord, de la part du Maroc», a attesté le commissaire aux Douanes Algirdas Semeta, en réponse à une question d'un eurodéputé du parti catalan de centre droit CIU. Semeta a appelé l'euro-parlementaire, ainsi que ses confrères à apporter toute information susceptible d'éclairer la haute instance européenne au sujet des éventuelles infractions. Les propos de ce haut fonctionnaire européen risque de lui attirer les foudres du lobby espagnol. En attendant le vote de l'INTA Pour mémoire, c'est ce mercredi 25 janvier qu'aura lieu le vote en première instance de la Commission de commerce international (INTA). Pendant ce temps, le bal des protestations continue. Une manifestation à l'appel de l'association COAG est prévue ce mardi à Almeria, indique un communiqué de COAG. La concentration a pour objectif d'attirer l'attention de l'opinion publique espagnole tout en faisant du tapage médiatique à la veille du vote de mercredi. L'organisation compte réitérer encore une fois son appel au rejet de l'accord et réclamera le soutien des politiques espagnols. De sa part, UPA, l'union des petits agriculteurs a procédé la semaine dernière à la distribution de 5.000 kilos de légumes comme action de protestation contre le traité agricole. Les producteurs qui ont offert des tomates, des aubergines, des poivrons, entre autres, ont souligné qu'ils ne sont pas contre des pactes avec des pays tiers mais que ces traités pèchent par la mise en place d'un système de contrôle à même de garantir le respect des quotas et des prix d'entrée. Sur un autre registre et pour couper l'herbe sous les pieds de son rival du PP qui s'est rangé du côté des agriculteurs, le président socialiste de l'autonomie andalouse José Griñán s'est réuni à son tour avec les représentants de la Fédération espagnole des associations agricoles FEPEX. Au terme de cette rencontre, le président de la région s'est engagé à protéger le secteur et ses emplois. Il a ainsi promis la création d'une unité d'action conjointe avec la FEPEX pour «exiger le respect des termes de l'accord avec le Maroc». Griñan, dans un discours survolté, a promis de mettre en œuvre tous les moyens pour barrer la route aux produits marocains, les taxant d'êtres peu respectueux des normes européennes. En somme, le lobby espagnol a réussi un coup de maître en s'assurant le soutien infaillible de l'ensemble de la classe politique, toutes couleurs confondues. Rappelons, qu'en décembre, l'Espagne a adressé une missive au Commissaire européen à l'Agriculture, réclamant des mesures d'urgence «suite à l'entrée sur le marché européen de tomates marocaines à un prix inférieur à 46,1 euros les 100 kilos comme prévu par le pacte».