Après la trêve estivale, les détracteurs de l'accord agricole sortent leurs griffes. Les eurodéputés du PP ont repris, en choeur, leur discours hostile à l'accord agricole en négociation entre le Maroc et l'UE. Cette fois-ci, c'est la Commission européenne qui est dans leur ligne de mire. Trois eurodéputés ont adressé de vives critiques à la CE, la taxant d'ignorer les avertissements de l'OLAF (Office européen de lutte anti-fraude), concernant la déstabilisation des marchés européens et ressortant à la même occasion le discours rabâché du non respect des contingents tarifaires de la part du royaume. Les représentants du PP au sein du Parlement européen ont réitéré l'appel des producteurs concitoyens de résoudre les litiges techniques comme condition indispensable pouvant mener à la ratification du pacte agricole. Dans un communiqué, les membres du Parti populaire se disent «consternés» par la position de la CE et estiment «inacceptable» la ratification d'un nouvel accord favorable au Maroc. Pour se défaire de l'étiquette d'«anti intérêts marocains», les représentants espagnols au sein du PE se disent ouverts à toute convention internationale liant l'UE à des pays tiers, «spécialement celles concluse avec des voisins proches comme le Maroc». Toutefois, ajoute le communiqué, «il est nécessaire que lesdits accords soient justes et impartiaux». Le parti conservateur espagnol estime que le Maroc jouit d'une position privilégiée face aux intérêts des agriculteurs de leur pays. Sans nul doute, il s'agit d'une manoeuvre électorale, vu que les socialistes ont attisé l'ire des agriculteurs espagnols et que les déclarations de la ministre de tutelle n'ont jamais réussi à apaiser leurs craintes. Les eurodéputés ibères du PP jugent la situation actuelle que traverse la péninsule ibérique est différente de celle de 2009, quand ont eu lieu les négociations de l'accord d'association, arguant que la dramatique situation des pays européens, plus précisément celle de l'Espagne, ne tolère aucune concession. De surcroît, ils accusent la CE de n'avoir mené aucune étude préalable permettant d'évaluer l'impact du nouvel accord. D'ailleurs, dans les déclarations respectives des organisations agricoles ibères, toutes se sont mises d'accord sur l'urgence de l'élaboration d'un document d'évaluation,avant la soumission au vote de l'accord en question. Les Espagnols ont invité la Commission du commerce international à prendre en considération la position de celle de l'agriculture et du développement rural, laquelle a émis une résolution appelant au rejet du pacte agricole dans sa version actuelle. Sur un autre registre, et au moment où les professionnels marocains préfèrent mener campagne à l'échelle nationale, leurs homologues espagnols font feu de tout bois afin de fléchir la position de Bruxelles. Fepex, pour sa part, s'est réunie avec les groupes politiques du PP et du PSOE dans la capitale belge pour les sensibiliser sur les «graves conséquences sur l'économie espagnole une fois l'accord agricole entre le Maroc et l'UE entré en vigueur», a-t-elle réitéré dans un communiqué. Le lobby des agriculteurs fait appel aux chiffres sur le chômage pour donner du crédit à son discours et s'attirer le soutien des siens. Ainsi, ils avancent que dans les principales provinces productrices de fruits et légumes, le taux de chômage frôle les 30%. Les régions les plus affectées seront l'Andalousie, la Murcie ou les Îles Canaries, comme si les produits marocains étaient derrière la chaotique situation de l'Espagne. Actuellement, les producteurs espagnols parlent d'une menace touchant un emploi sur dix en cas de ratification de l'accord maroco-européen. L'association COAG a sorti une nouvelle carte de sa manche. D'après cette organisation, les haricots verts marocains ont évincé les espagnols sur le marché européen, vu que les Ibères ont exporté 21.182 tonnes durant l'actuelle campagne contre 103.916 tonnes écoulés par les producteurs marocains. Selon COAG, il est primordial de sauver le secteur des fruits et légumes, puisqu'il génère 40% des emplois du secteur agricole en Espagne. En ces temps de crise, les producteurs surfent sur la vague alarmiste et la vitalité du secteur pour plusieurs régions communautaires et non seulement espagnoles. Selon COAG, le secteur des fruits et légumes européen représente 8,5% de la production mondiale et emploie, en Europe, 550.000 postes directs.