Décidément, le nouveau bureau dirigeant de l'Association nationale des investisseurs touristiques (ANIT) n'a pas attendu longtemps pour s'atteler au travail. Quelques jours à peine après sa nomination, plus précisément jeudi dernier, Karim Belmaâchi et son équipe faisaient ainsi leur première sortie pour faire le bilan de la Vision 2010 et surtout, apporter leurs recommandations quant à la Vision 2020. Pour ce faire, l'ANIT est allée jusqu'à commanditer une étude auprès de Burj Finance et dont les résultats devaient faire office «d'enseignements » à tirer de la Vision 2010. «Nous tirons certes la sonnette d'alarme, mais en même temps, nous restons convaincus du potentiel du secteur. Notre part de marché dans le secteur, au niveau mondial, reste faible, malgré les atouts dont nous disposons et il faut en tirer des leçons pour remédier à la situation», lançait dans ce sens le nouveau président de l'ANIT, Karim Belmaâchi. Il faut dire que la situation du secteur touristique appelle plus que jamais à une mobilisation pour endiguer la crise. Pour ce faire, l'Association a déjà fait connaître ses recommandations qui, d'ailleurs, auraient déjà fait l'objet de discussions avec le ministère du Tourisme. D'emblée, l'ANIT appelle à «revoir le calendrier de la Vision 2020 et à ajuster certains axes de la stratégie, afin de recrédibiliser le secteur et de restaurer la confiance des investisseurs». Selon les responsables de l'ANIT, la mise oeuvre de la Vision 2020 est «très lente». C'est dans ce sens que les propositions formulées sont considérées comme urgentes. Il s'agit notamment de l'amélioration des outils de gouvernance de la stratégie touristique. La mise en place effective, dès 2012, d'une Haute autorité du Tourisme figure dans ce sens en tête des priorités de l'ANIT. Rappelons que cette entité avait été annoncée lors des Assises du tourisme en 2010, mais n'a toujours pas vu le jour. Son rôle? s'ériger en tant qu' instance publiqueprivée associant les régions avec la mission de garantir la cohérence des stratégies nationales et régionales, de coordonner, suivre, et évaluer leur mise en oeuvre. Les professionnels réouvrent par là ce dossier et appellent à la concrétisation de ce projet, au même titre que celui de la création des agences de développement touristique et ce, avant 2013. Jugeant que l' actuelle capacité en lits au Maroc est surdimensionnée, comparativement à la réalité du marché, ce qui pénalise fortement la rentabilité des unités existantes, l'ANIT considère qu'il faut «redimensionner les capacités additionnelles planifiées par la Vision 2020, par régions et par territoires touristiques ». Cette ambition devrait se réaliser, d'après les professionnels, quitte si le prix consiste à geler dans un premier temps les autres projets annoncés et non démarrés. Ce redimensionnement se ferait également par l'orientation des capacités additionnelles, vers un positionnement complémentaire aux capacités existantes. En d'autres termes, il faut mettre fin à cette ruée des opérateurs vers les mêmes destinations, notamment Marrakech, et cibler les régions touristiques où le besoin se fait réellement sentir. Cela, conjugué à la finalisation des projets lancés dans le cadre du plan Azur, «permettrait de faire remonter le taux d'occupation à 60% et de rétablir la rentabilité des capacités existantes», ajoute pour sa part Salma Benaddou Idrissi, Founder & Managing Partner chez Burj Finance. Par ailleurs, l'annonce de la création du Fonds marocains pour le développement touristique et du fonds Wessal, qui avait pourtant été bien accueilli par les opérateurs, fait également l'objet de recommandations de la part de l'ANIT. En fait, il s'agit pour celle-ci de clarifier le rôle, les moyens et le mode d'intervention de ces deux instruments, tout en orientant la priorité vers les stations du plan Azur, qui sont déjà lancées. Ceci devrait en effet permettre de crédibiliser l'investissement dans le secteur et d'attirer d'autres bailleurs de fonds. L'encouragement de la rénovation du parc existant, les efforts d'animation et le soutien financier des voyagistes, sont en outre les volets qui appellent l'Etat à mettre la main à la poche, tout autant que la mise en place d'un cadre fiscal incitatif. Sur ce dernier volet, l'ANIT remet sur le table l'une des revendications classiques des opérateurs en appelant à une refonte globale de la Charte de la fiscalité du secteur, à travers les prochaines lois de finances, afin de stimuler l'investissement touristique et d'améliorer la rentabilité du secteur. La promotion du tourisme, un investissement social La promotion figure également en tête des priorités de l'ANIT. Cette dernière considère en effet, qu'il faudrait doubler les budgets de promotion en diversifiant notamment les sources de financement. La fixation contractuelle des budgets avec l'Etat est recommandée aussi. «Nous avons conscience que le gouvernement s'est fixé le volet social comme priorité. Allouer des budgets supplémentaires à la promotion du tourisme, ne va pas à l'encontre de cette volonté, puisqu'en le faisant, on soutient la croissance du secteur qui lui, pourra employer plus de jeunes et générer des profits pour la population», insiste-t-on auprès des investisseurs touristiques. Dans ce contexte, l'ANIT prône une communication institutionnelle dans le but de rehausser l'image de la destination Maroc, un ciblage des destinations en développement, telles que celles du plan Azur et l'utilisation des nouveaux canaux de distribution, notamment la Toile.