Lors d'une rencontre avec la presse en fin de semaine dernière, l'Association nationale des investisseurs touristiques qui a récemment rejoint la FNT, a exprimé son inquiétude par rapport à la rentabilité et l'attrait du secteur. Plusieurs recommandations ont été proposées. Détails. «Dans la course à la capacité, les réalisations différent sensiblement des objectifs, que ce soit en termes de nombres de lits hôteliers créés, de destinations privilégiées et de délais de réalisation», souligne Karim Belmaachi, président de l'ANIT et DG d'Alliances. Le 24 Mai dernier, l'Association nationale des investisseurs touristiques (ANIT) a exprimé un véritable coup de gueule par rapport à la mauvaise gouvernance qui sévit dans le secteur du tourisme. . La conférence de Casablanca avait pour objectif de dresser l'état d'avancement de son action, présenter le nouveau président de l'association, à savoir Karim Belmaâchi également DG d'Alliances, mais aussi proposer des recommandations pour tirer ce secteur vers le haut. Tout d'abord, l'ANIT regrette la faible rentabilité du secteur. Alors qu'il avoisinait les 52 % en 2000, le taux d'occupation au niveau des établissements classés n'a plus dépassé les 50 % depuis cette date. L'année dernière, il a enregistré un taux de 40 % et une baisse sera enregistrée en 2012. « Le taux d'occupation a enregistré une baisse considérable de 12 points par rapport à 2000. C'est un niveau très en dessous du seuil minimum de rentabilité qui est de 60 % », s'alarme l'ANIT. En effet, il y a eu une course sans relâche à la capacité litière insuffisamment pilotée et coordonnée, selon l'ANIT. En parallèle de cette progression forte de capacités, les nuitées étaient en dessous des objectifs ciblés avec une durée moyenne de séjour de 3,4 en 2010 contre un objectif de 6,5 dans la vision 2010. « Dans la course à la capacité, les réalisations différent sensiblement des objectifs, que ce soit en termes de nombre de lits hôteliers créés, de destinations privilégiées et de délais de réalisation », souligne Belmaâchi qui ajoute, à titre d'exemple, qu'un retard très important a été marqué au niveau du plan Azur, que Marrakech a accueilli 2 fois plus de capacités que prévu initialement et que d'autres destinations culturelles et d'affaires ont été oubliées. Un secteur qui manque de gouvernance Selon l'ANIT, la mauvaise gouvernance est la principale faiblesse du secteur. En effet, quand deux conditions nécessaires à la réussite du pilotage d'une stratégie, à savoir le pilote et les tableaux de bord sont défaillants, cela donne des résultats médiocres. C'est ainsi que la Haute autorité du tourisme n'a pas été créée et que l'Observatoire du tourisme chargé de publier les statistiques du secteur n'a été créé qu'en 2005. De plus, les statistiques produites par cet Observatoire ne couvrent pas les éléments de coûts et de standards de performance tels que préconisé par la Vision 2010 et ces indicateurs suivis ne constituent pas des tableaux de bord suffisants pour piloter la stratégie selon l'ANIT. Compte tenu du contexte actuel, des enseignements tirés de la Vision 2010 et des défaillances du secteur et des nouvelles tendances mondiales du secteur, l'ANIT propose une revue du planning et un ajustement de certains axes de la Vision 2020 afin de re-crédibiliser le secteur et restaurer la confiance des investisseurs. Les recommandations de l'ANIT L'ANIT a par la suite formulé une dizaine de recommandations. Selon l'association, il faudra accélérer la mise en place de la bonne gouvernance à travers la création de la Haute autorité du tourisme et la création des 4 premières Agences de développement touristique avant fin 2012 ainsi que la création des autres Agences de développement touristiques en 2013. Pour remonter le taux d'occupation à 60% et rétablir la rentabilité des capacités existantes, il faudra redimensionner les capacités additionnelles planifiées par la Vision 2020, par région et territoire touristique. Pour ce qui est de la promotion, il conviendra de mettre en place des budgets de promotion en phase avec les ambitions du secteur en doublant les budgets de promotion et en diversifiant notamment les sources de financement. Ensuite, il s'agira de clarifier le rôle, les moyens et le mode d'intervention du Fonds marocain de développement touristique (FMDT) et du Fonds Wessal Capital. Il faudra aussi rénover le parc existant, à travers l'augmentation de l'enveloppe du crédit Rénovotel face à un besoin de l'investissement global estimé à 3,5 milliards de dirhams pour la rénovation de 35 000 chambres. En plus de cela, il faudra mettre en place un cadre fiscal incitatif pour les rénovations. L'ANIT insiste également sur la nécessité de mettre en place des aides financières ciblées, au profit des tour-opérateurs et des compagnies aériennes à travers des fonds régionaux, et clarifier les conditions d'accès au crédit, en mettant en œuvre des conventions de financement signées par les banques pour le financement du secteur. Pour une refonte de la fiscalité « Alors que le secteur contribue à hauteur de 9,1 % au PIB national, il ne bénéficie que de 1,4 % des niches fiscales offertes par l'Etat », s'indigne l'ANIT. Cette dernière invite ainsi l'Etat à procéder à une refonte générale de la fiscalité du secteur au travers des prochaines lois de Finances et de la Charte de l'Investissement à travers, la mise en place d'un régime conventionnel cohérent avec les besoins du secteur, la mise en place d'un cadre fiscal incitatif en faveur de l'investissement touristique et notamment celui de la RIPT et de l'ILVT et l'harmonisation de la fiscalité de toute la chaîne de valeur. * Tweet * * *